SUR LA ROUTE
Même si ces machines se destinent à une utilisation régulière sur circuit, elles restent bonnes pour la route. Nous ne résistons donc pas à la tentation de les amener sur nos départementales préférées, celles du fameux triangle que nous arpentons depuis 20 ans au Pays de Galles. evo Je commence par la Ford. Sur la route, voilà une machine particulièrement intimidante. Elle prend toute la largeur de la voie et dépasse même assez souvent, comme en témoigne le bruit des pneus qui passent sur les bandes de démarcation au sol de temps en temps. Lamborghini Aventador exceptée, je n’ai jamais conduit une sportive aussi surdimensionnée sur ces routes. Sur les portions les plus larges, vous pouvez laisser la GT prendre du rythme. Vous entendez alors le moindre gravillon taper contre les passages de roues et remarquez des bruits de roulement très peu discrets. Ajoutez à cela un V6 à la bande sonore bourrue, et vous arrivez à une expérience de conduite sans le moindre filtre. Le couple démonstratif vous téléporte entre les courbes, dans lesquelles la Ford ne demande que quelques légères impulsions au volant pour les disséquer. Aussi intense et sans efforts soitelle, cette expérience me paraît un peu trop prosaïque pour provoquer l’émoi total. Une fois passée l’excitation initiale de se trouver aux commandes d’une machine aussi élitiste, vous aimeriez trouver d’autres éléments de plaisir et davantage de nuance dynamique.
Passer à la Lotus revient à encaisser un véritable choc des cultures, cette petite Cup 430 donnant l’impression d’enfiler un T-shirt qui a rétréci au lavage. Communicative et volontiers engageante, elle peut jouer sur les routes les plus étroites grâce à sa taille. Elle reste ferme d’après les standards de Lotus, et sa direction très lourde devient moins brillante en conséquence. Mais vous conservez l’agréable sensation de lire la surface de la route comme du Braille. Je mentirais si je disais que je ne regrette pas la formidable vigueur mécanique de la Ford, mais la contrepartie vaut le coup car vous cravachez la Lotus davantage et en permanence. La commande de boîte noueuse sur circuit pose ici moins de problèmes, même s’il demeure délicat de réaliser un bon talon-pointe à cause de l’ergonomie des pédales. Globalement, la Lotus brille sur la route.
D’une certaine manière, L’AMG paraît encore plus performante en dehors du circuit. Vous savourez encore davantage le couple gargantuesque et les phases d’accélération intermédiaires jusqu’à plein gaz. Radicale et très réactive, elle profite d’une maîtrise très “911 GT3” dans l’esprit: la poupe semble systématiquement pouvoir suivre la réactivité du train avant. La motricité abonde si vous vous montrez un tant soit peu délicat avec la pédale de droite, alors que les aides électroniques ne brident en rien l’expérience et vous protègent des pires ruades. Quelle réussite de la part D’AMG, et quelle amélioration par rapport aux AMG GT du reste de la gamme ! Voilà la marque à l’étoile au niveau des meilleures Porsche.
À ce sujet, la magie de la GT2 RS consiste à combiner un peu des qualités des trois autres voitures, tout en y ajoutant des ingrédients de sa propre sorcellerie. Suffisamment compacte pour rester utilisable, communicative sans aller jusqu’à l’excès, réactive sans paraître pointue, ferme mais suffisamment souple pour rouler sur route. La performance est éclatante, et l’expérience particulièrement absorbante.
Le flat-six biturbo n’atteint pas les régimes altiers et addictifs du moteur atmosphérique de la GT3, mais il possède son propre caractère et déploie une vélocité bluffante. Sa bande sonore évoque les multiples victoires aux 24 Heures du Mans et les passages des 956 et autres 962. Vous pouvez explorer ces performances jusqu’au moment où vous devenez rassasié. Vous décidez seul d’arrêter ou de pousser plus loin encore. La réussite de cette auto explose autant sur circuit, à la chasse au chrono, que sur la route en balade musclée où elle demeure extraordinairement précise et exploitable.