SPORTIVE evo 2018 NOS MEILLEURS SOUVENIRS
Toutes les meilleures voitures de sport de ces deux dernières décennies sont passées par l’élection de la Sportive de l’année. Nos vétérans de la rédaction se souviennent des machines les plus mémorables.
est né en Angleterre il y a tout juste evo 20 ans, c’était l’occasion de demander à quelques anciens (ou encore actuels) journalistes de nous raconter leur souvenir le plus mémorable lié à une auto essayée durant l’élection. Quelques secrets couverts par la prescription pourraient bien être révélés.
2007 FERRARI 430 SCUDERIA
Harry Metcalfe pense toujours que la Ferrari 430 Scuderia aurait dû l’emporter en 2007. Et pas seulement à cause des pressions exercées par la firme de Maranello après l’élection…
Même après onze ans, je m'émeus encore de cet improbable scénario de l'élection de la Sportive de l'année 2007. À la surprise générale, notre candidate favorite, la fabuleuse Ferrari 430 Scuderia, terminait deuxième derrière une pièce d'orfèvrerie allemande connue sous le nom de Porsche 997 GT3 RS. Malgré plusieurs comptages des voix ordonnés par mes soins, il apparaissait que la GT3 RS l'emportait au nombre de points à chaque fois. Je me retrouvais ainsi fort dépourvu, moi le fervent défenseur de l'italienne qui n'imaginais pas une seule seconde voir la Scuderia perdre. Et cette année-là, il fallait aussi compter sur les grognements des partisans de l'audi R8 terminant sur la plus petite marche du podium. David Vivian et John Barker, deux des piliers de l'élection, la désignaient en vainqueur absolu. Dieu que les délibérations furent compliquées !
Je prenais le volant de la 430 Scuderia pour la première fois à l'occasion de cette élection, avec pour seule connaissance préalable de la machine, les avis dithyrambiques des précédents essayeurs d'evo. Rien qu'en la regardant, vous compreniez l'excellence du travail réalisé par Ferrari dans la confection de cette version spéciale de la F430 déjà remarquable au naturel. La vitre arrière en plexy ultralégère vibrait quand vous ouvriez la portière. Des écrous de roues jusqu'à l'absence de tapis de sol à bord, tout respire la chasse aux kilos. Garni d'alcantara, de fibre de carbone ou d'aluminium nu, l'intérieur donnait lui aussi le ton.
Ce programme complet d'allégement permettait de gagner 85 kg par rapport à la F430 normale. Dans le même temps, le V8 produisait 510 ch (soit 20 ch de mieux) ce qui permettait de raccourcir le 0 à 100 km/h de 4 dixièmes, avec un temps de 3''6. Une Ferrari Enzo de l'époque faisait à peine mieux. Les mises en vitesse redoutables de la Scud' s'expliquaient en partie par la rapidité de sa boîte, clairement la meilleure transmission manuelle automatisée qu'il m'ait été donné de tester. Et qu'elle chantait bien, bon sang. Aux limites de la légalité sonore, son moteur grimpait jusqu'à 8500 tr/mn au moment où la dernière diode lumineuse s'éclairait sur le volant en fibre de carbone. À chaque kilomètre supplémentaire passé au volant de la Scuderia, je me disais que je vivais une expérience encore meilleure qu'en conduisant une Enzo. Dès le début de nos essais, elle paraissait en tout point bâtie pour dominer cette élection 2007. Même plus besoin de pousser plus loin. Merci, au revoir. Nous aurions pu tout arrêter là, rentrer à la maison et économiser un lourd budget de carburant. Mais non, en fait. Mes collègues du jury louaient eux aussi la rapidité de sa transmission, le caractère de son V8 vigoureux adepte des montées en régime vertigineuses ou sa délicieuse sonorité aux frontières de la légalité. Mais ceux qui l'ont poussée au maximum sur circuit regrettaient de ne pas disposer d'un train avant plus mordant. Son comportement délicat à l'extrême limite posait également problème. Dans le même temps, la Porsche séduisait tout le monde avec son efficacité sidérante malgré son positionnement moteur toujours aussi particulier. Le prix inférieur de plus de 100 000 euros à celui de la Ferrari aidait aussi.
Mais les 208 000 euros de cette 430 Scuderia se justifiaient pleinement face à la Lamborghini Gallardo Superleggera proposée à 189 000 euros. L'autre Italienne souffrait des pires freins carbone-céramique jamais testés par mes soins (avec une pédale manquant terriblement de progressivité), en plus d'un comportement dynamique grossier. Riche en grip mais très décevante dans ses réactions, elle sombrait littéralement au moment où la Ferrari se révélait. La Lamborghini terminait modeste septième de l'élection, entre une Honda Civic Type R