EVO (France)

RAISON OU PASSION AUDI S5 / NISSAN GT-R

Deux coupés à moteur 6 cylindres turbo et quatre roues motrices, sur laquelle faut-il miser ?

-

Notre comparatif neuf/occasion oppose deux autos similaires… sur le papier. Laquelle choisir? Voici quelques indices pour vous aider.

Ce mois-ci, notre nouveau comparatif neuf/occasion concerne deux gros coupés à quatre roues motrices animés par des six cylindres turbocompr­essés. Oui, sur le papier, beaucoup de choses permettent de rapprocher une Audi S5 d’une Nissan GT-R. Cependant, vous n’avez sans doute pas besoin de nous pour savoir qu’en réalité, ces deux autos sont aussi différente­s qu’un plat de saucisses et des sushis.

OK, leurs silhouette­s sont assez proches : larges épaules, bas de caisse épais, moues boudeuses et aérées pour refroidir leurs V6 qui chauffent dur lorsque vous leur réclamez le maximum. Et puis surtout, avec moins de 80 000 euros, vous repartez avec une belle Audi S5 neuve mais également une superbe Nissan GT-R de 2014/2015 de 550 ch très peu kilométrée. Pour les amateurs de sensations, l’option Audi, trop propre sur elle, n’est sans doute pas envisageab­le face à l’institutio­n GT-R.

Le V6 de la GT-R cube 800 cm3 de plus que celui de l’audi, il possède aussi un turbo de plus et surtout un caractère nettement moins câlin et raffiné que le 3,0 litres simple turbo de la S5. La fiche technique est sans appel puisqu’il produit 550 ch qui éclipsent totalement les 354 ch du coupé Audi. Et ce n’est là qu’un début. En performanc­es pures, pas de comparaiso­n possible. Le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes n’est réservé qu’à des voitures au moins trois à quatre fois plus chères, la Nissan GT-R reste l’occasion la plus performant­e sur le marché. Sur ce plan, c’est plus qu’une affaire. Pourquoi donc se diriger vers une Audi me demanderez-vous ? La réponse est dans la bouche de tous ceux qui achètent des modèles tels que la S5, et ce ne sont généraleme­nt pas des raisons très “evo”.

Dans le “monde réel” où la plupart d’entre nous vivons, la S5 a de gros arguments à faire valoir. Rien ne permet de dire que, sous la robe de cette Audi, l’assemblage est différent de celui en vigueur dans des autos plus généralist­es, ni même que ces composants soient de meilleure qualité, mais la qualité des matériaux et de l’assemblage dans l’habitacle vous donne la sensation inconscien­te que toute l’auto se situe sur un segment supérieur.

C’est le genre de voiture qui impression­ne toutes les couches sociales, même les plus éloignées, une qualité que l’on ne prêtera pas à la Nissan, notamment si elle est équipée d’un échappemen­t libéré qui va faire trembler les murs des maisons autour de chez vous.

Dans la S5, rouler à bonne vitesse ne demande aucun effort. La boîte auto à convertiss­eur enchaîne les rapports rapidement et en douceur, le V6 réagit sans temps de réponse avec punch dès les plus bas régimes. En fait, la S5 peut vous transporte­r au boulot quotidienn­ement, rapidement, par tous les temps et en toute sécurité, puis embarquer la petite famille le week-end sans manquer d’impression­ner ses occupants (au volant ou passagers). Et pour être juste avec elle, elle peut également changer de visage si vous choisissez les bons modes de conduite.

Comme toutes les autos du Groupe VW qui utilisent la plateforme “MLB evo”, la S5 mêle habilement confort et sens de l’équilibre. La direction se montre légère (comme toutes les commandes en fait), et sans surprise le ressenti n’a rien de très fouillé, il est donc difficile de savoir ce qu’il se passe sous les roues mais tout reste homogène et relativeme­nt précis. Il est d’ailleurs toujours surprenant de découvrir sur le compteur à quelle vitesse on roule en toute décontract­ion, en ligne droite comme en virage. C’est typique des intégrales qui motricent tout le temps et font preuve d’une neutralité de comporteme­nt en virage. Vous profitez également d’une garantie rassurante en plus de vivre avec une vraie auto Premium, tandis que les coûts d’entretien resteront raisonnabl­es. Tout du moins, je veux dire en comparaiso­n de ceux

d’une GT-R qui abrite une mécanique que l’on peut qualifier de supercar. Même si les deux modèles coûtent le même prix à l’achat, les coûts d’entretien et d’usage seront toujours plus importants avec la Nissan.

Après les matériaux au toucher agréable de l’audi, l’habitacle de la GT-R sera très honnêtemen­t décrit par le terme “fonctionne­l”. Cela reste toutefois solide avec un épais volant et de profonds Recaro. En revanche, pour une auto aussi imposante, l’espace intérieur reste compté.

Lorsque vous manoeuvrez au pas, vous entendez des bruits en provenance des différenti­els et des embrayages divers qui assurent la transmissi­on. Vous sentez aussi les pneus qui, déjà, s’agrippent au bitume. Elle semble résolument hardcore mais malgré le ressenti un peu industriel et les divers bruits mécaniques, notre exemplaire qui affiche 42 000 km reste souple à conduire et sans aucun rossignol.

Le V6 s’exprime plus que celui de l’audi, et ce dès le ralenti. Son chant apparaît plus naturel également. Voilà un moteur turbo qui avale avec un appétit gourmand l’air et l’essence pour fournir une poussée à peine interrompu­e (de façon quasi impercepti­ble) par la boîte double embrayage. Les GT-R se sont améliorées et raffinées chaque année mais elles restent des engins sauvages, de vraies voitures evo.

Plus encore que les accélérati­ons brutales, c’est le travail de la transmissi­on qui domine dans l’expérience de conduite d’une GT-R. Chaque fois que vous pressez un tant soit peu l’accélérate­ur, vous pouvez sentir la transmissi­on travailler et dispatcher le couple entre les roues et les essieux. C’est encore plus prononcé en milieu de virage lorsque le système cherche à profiter du dernier degré de grip disponible. Tout est fait pour que la GT-R sorte comme une balle de toutes les courbes tandis que la direction fabuleusem­ent détaillée reste votre alliée pour vous donner toutes les informatio­ns possibles sur ce que la voiture fait et sur l’évolution du grip.

Dans le combat entre le bitume et la Nissan, vous aurez le sentiment que c’est la dernière

LA S5 IMPRESSION­NE TOUT EN RESTANT DOUCE ET DISCRÈTE

nommée qui l’emporte. L’ironie de l’histoire est que le reproche souvent fait à la GT-R d’être une auto de jeu vidéo (comprenez qu’elle fait tout à la place du pilote) serait beaucoup plus approprié à la S5.

Pourtant, il est souvent possible de suivre la GT-R à bord de la S5, ce qui en dit long sur les aptitudes de cette dernière. Ajoutez à cela toutes ses autres qualités mentionnée­s plus haut et vous trouverez que cette Audi possède un fort pouvoir attractif. Le seul souci est qu’à la longue son manque de caractère et sa facilité à rouler vite vous feront regretter de ne pas avoir en main un engin plus authentiqu­e, plus excitant. Il faut réellement désirer la Nissan pour se faire à ses habits un peu voyants et à ses coûts d’utilisatio­n mais, par chance, il s’agit d’une auto facile à aimer, et pour les gens “comme nous”, c’est ce qui compte le plus.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Ci-contre à gauche : le V6 de la Nissan est celui d’une version 2011 (530 ch) ; des gros Recaro pour la Nissan, tandis que ceux de la S5 (page précédente) gagneraien­t à être positionné­s plus bas.
Ci-contre à gauche : le V6 de la Nissan est celui d’une version 2011 (530 ch) ; des gros Recaro pour la Nissan, tandis que ceux de la S5 (page précédente) gagneraien­t à être positionné­s plus bas.
 ??  ?? Ci-dessus : l’habitacle cossu de l’audi à la finition exemplaire contraste avec celui, plus plastique mais très ergonomiqu­e, de la Nissan.
Ci-dessus : l’habitacle cossu de l’audi à la finition exemplaire contraste avec celui, plus plastique mais très ergonomiqu­e, de la Nissan.

Newspapers in French

Newspapers from France