L’AVIS DES JURÉS: JETHRO BOVINGDON

La vitesse d’une 911 de 700 ch et les difficultés à établir un classement final.

Pour moi, l’élection a débuté lorsque je suis sorti de l’autoroute pour prendre la nationale menant à notre point de ralliement. La GT2 RS se montrait bruyante sur la voie rapide mais plutôt confortable. Cela n’était pas non plus un cocon douillet, on parle quand même d’une 911 avec un arceau en titane, hein. La circulation était clairsemée mais le trafic n’est pas un souci pour la GT2. Elle double en un clin d’oeil et en toute sécurité tout ce qui se présente devant elle.

Les trente minutes qui ont suivi furent surréalistes. Tous les traits de caractère et les faiblesses des vieilles 911 étaient présents mais à un niveau bien supérieur. Les performances sont étourdissantes mais, très vite, vous réalisez qu’il n’est pas possible d’utiliser les 700 ch plus de quelques secondes en ligne droite. Donc, vous devez vous concentrer pour garder le cap. L’adhérence, la vivacité du train avant et la motricité sont incroyables. Bien qu’un peu frustré de ne pouvoir en exploiter le moteur, je me demande à mon arrivée si une autre auto est capable d’approcher la Porsche. Pour moi, la GT2 RS est une 911 “réimaginée”. Pas à la façon Singer, non, plutôt à la façon Stan Lee, avec d’immenses superpouvoirs.

Je pense que je n’oublierai jamais ce

ON S’EN VEUT TOUJOURS UN PEU SI LES AUTOS LES PLUS CHÈRES FINISSENT DEVANT

trajet en GT2 RS mais les jours suivants, d’autres expériences vont se hisser à son niveau. Notamment en Alpine, Mclaren et en M2 Competition. Souvent (mais ne le dites surtout pas aux photographes car il est de bon ton pour nous de se plaindre de ces shootings), les meilleurs moments se produisent quand il s’agit de faire des allers et retours sur la même route pour les besoins d’une session photos. Certes, la photo du virage pris en glisse est toujours un moment sympathique mais c’est la conduite avant et au-delà du virage qui va révéler le potentiel de sa monture. Au fur et à mesure des passages, vous assimilez la topographie, vous poussez à chaque fois un peu plus fort et découvrez ainsi des facettes insoupçonnées de l’auto.

Sur le mouillé, la M2 est délicieusement facile à exploiter. Oui, elle drifte comme une malade si vous le souhaitez mais le vrai bonheur c’est de trouver la subtile limite de grip qui rappelle la magie des anciennes M. L’alpine se montre également fantastique dans ces conditions humides, son seul (petit) souci, c’est de ne pas offrir un ressenti de direction très fouillé lorsque la route devient glissante. Mais on l’oublie vite tant elle est jouissive à conduire. Comme la M2, elle fait montre d’un équilibre savoureux au fur et à mesure que vous approchez de la limite mais, comme elle est nettement plus légère et compacte, elle paraît plus naturelle à piloter. Un point toujours important de l’élection, c’est votre hiérarchie. Les autres vous demandent en permanence « Alors, c’est

quoi ton classement ? » pour essayer de donner du sens à leur propre classification. Nous essayons tous de cacher notre tableau, cette année plus encore que les autres. Mon vainqueur a émergé assez tôt mais, à chaque fois que je prenais le volant d’une prétendante, la suite de ma répartition était modifiée. Si les voitures les plus chères se retrouvent en tête, vous vous en voulez et parfois, vous cherchez trop à savoir ce que les autres ont ressenti, de peur de passer à côté de la magie d’un modèle. En fait, vouloir être juste provoque des migraines!

Désigner un vainqueur revient toujours à suivre son instinct. C’est souvent l’auto qui vous donne le plus de sourires, celle pour qui vous trouvez insupportable d’en rendre les clés. Pour moi, les Mclaren, Alpine, Porsche et BMW étaient incroyablement proches. J’adorerais posséder chacune d’entre elles et, sur le chemin du retour, j’ai réfléchi à la façon d’y parvenir. Mais pas sur la nationale, non, car j’étais encore au volant de la GT2 RS et je n’avais pas le temps de penser…