2005 FORD GT
En haut à gauche : avec ses 550 ch et sa boîte manuelle, la GT se montrait intéressante à conduire quelle que soit la vitesse.
À gauche: avec le reste du podium, formé par la F430 et la Clio Trophy.
Tout à gauche : Colin Goodwin en route vers l’angleterre, avant un vilain moment d’aquaplaning.
L’élection de 2005 restera comme une cuvée extraordinaire, avec pas moins de 21 autos testées en France et en Angleterre pendant quinze jours. Mais Richard Meaden ne retient qu’une seule de ces voitures.
Organiser un grand comparatif demeure une opération relativement banale dans la presse automobile, surtout durant cette période de l'année. Mais ce qui distingue l'élection de la Sportive de l'année des autres comparatifs tient dans l'organisation evo en elle-même de l'élection. Vous, chers lecteurs, étudiez avec attention notre méthodologie qui désigne à chaque fois un grand vainqueur. Et vous vous souvenez des vainqueurs. Pas si difficile d'ailleurs, puisque ce sont souvent des 911…
Les cérémonies de remise des prix en smoking pour distribuer des distinctions à la façon d'un grand magazine lifestyle ? Très peu pour nous. Chez evo, on préfère se focaliser sur le travail des ingénieurs et des pilotes de développement fabriquant nos machines préférées. Des professionnels talentueux et passionnés qui ne vivent que pour mettre au point les meilleures voitures de sport de la planète. Voilà précisément ce que nous voulons mesurer dans notre élection de la Sportive de l'année, pour vous donner les meilleurs conseils possible au moment de choisir votre sportive. Que ce soit pour acheter tout de suite, ou après quelques années en véhicule d'occasion ou dans vos rêves de joueur au loto. J'aime me dire qu'il s'agit là du véritable rôle d'un “influenceur”, au sens noble du terme.
En repensant à toutes ces élections, difficile de désigner une auto synthétisant à elle seule l'esprit de ce grand événement annuel. Je pourrais choisir la facilité en nommant la 911 GT3. Étant donné que 10 des 21 élections furent remportées par une 911 (ou même 11 si l'on ajoute le Cayman GT4 victorieux en 2015), garder une 911 comme mon meilleur souvenir paraîtrait logique. Mais non, je préfère désigner la Ford GT de 2005.
Il s'agissait d'une édition extraordinaire, organisée sur deux terrains d'essai: les routes d'ecosse d'abord, puis celles de la Côte d'azur. 5600 kilomètres d'essai, 21 autos rassemblées et deux pays pour les départager. Par miracle, nous avons terminé l'élection sans que le budget carburant ne mette en faillite le magazine, et sans perdre nos permis de conduire pendant ces quinze jours mémorables.
Fait rarissime dans l'histoire de l'élection, aucune 911 ne figurait parmi la liste des candidates (mais on retrouvait le tout nouveau Cayman S à moteur central). Notre prestigieuse caravane formait un magnifique cortège le long de la Route Napoléon. Signe des temps, la voiture la plus puissante du lot (la Ford GT) se contentait de 550 ch. Aujourd'hui ce chiffre n'impressionne plus personne et la moindre supersportive dépasse les 700 ch. Mais à l'époque, cela suffisait pour faire mieux que les Ferrari F430 et autres Lamborghini Gallardo SE. Pourquoi la GT laisse-t-elle une si bonne impression? Parce qu'elle parvenait systématiquement à dépasser vos attentes. Ne vous fiez pas à son style simplement copié sur la mythique GT40, il ne s'agit pas d'une mauvaise réplique mais d'une authentique supercar. Quel plaisir de la piloter! Malgré sa taille et celle de ses pneus, elle paraissait extraordinairement maniable et précise. Certes, j'aurais préféré des commandes un tout petit peu moins avares en ressenti mais la clarté de sa direction et sa réactivité vous mettaient tout de suite à l'aise. Il s'agissait par ailleurs d'une vraie voiture de sport conçue pour la route et non pas pour le circuit, une philosophie à l'opposé de la mythique GT40 et de la GT de seconde génération récemment testée par nos soins. Analogique à tous les niveaux, la GT offrait une expérience de conduite passionnante. Elle profitait largement de son V8 compressé vigoureux et élastique et de sa boîte manuelle délicieuse à manier, développée avec Ricardo. Elle marchait fort, mais surtout, elle restait intéressante à piloter quel que soit le rythme .
Je me souviens de nombreux moments de joie pendant cette élection 2005, ce qui explique sans doute pourquoi l'état des pneus de certaines autos laissa vite à désirer. La F430, empruntée à une société de location de la Côte d'azur faute de voiture presse (Ferrari nous en voulait encore de ne pas avoir fait gagner la 360 Stradale en 2003…), présentait des gommes très fatiguées à la fin de l'élection. Même remarque pour la GT, qui devra rentrer sous la pluie jusqu'en Angleterre avec Harry Metcalfe. Mes collègues se remémorent eux aussi la GT dans des termes élogieux: « Elle m'avait fait forte impression et je pense que ce serait encore le cas aujourd'hui », avoue
John Barker. « Il s'agit vraiment d'une de ces rares autos parfaites sur le plan dynamique ». Malgré son long voyage sous la pluie, Harry fait lui aussi
partie des fans de la GT: « J'aime toujours ce qu'offre la GT aujourd'hui, et les propriétaires à qui j'en parle semblent très satisfaits. Son principal défaut demeure l'absence de rangement intérieur, ce qui complique son utilisation dans la vie courante. Et les portières qui peuvent facilement heurter votre tête en n'y faisant pas trop attention lorsque vous sortez ! »
« Je roulais avec Colin Goodwin sur la route du retour, lui dans la BMW M6 et moi en GT. Je me souviens d'un terrible moment d'aquaplaning en doublant un camion, après quoi j'ai pris la première sortie d'autoroute pour m'en remettre. Colin ne me croyait pas, mais il expérimentera la même chose en permutant les deux autos. Il en tremblait littéralement… » On la qualifiait volontiers de “Lotus Elise gonflée aux stéroïdes”. Prenez ça comme un très beau compliment pour une machine aussi puissante et grosse. Elle ne ressemble à aucune autre voiture de sport du marché, même treize ans plus tard. Voilà pourquoi elle mérite une place spéciale