EVO (France)

LA CÔTE AMALFITAIN­E

Les jours comme celui-ci, pour faire le (italian) job, il vous faut quelque chose de compact, agile et sportif.

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Vous rêvassez sur la plage, vos yeux se ferment tout seuls et vous sentez la tiédeur du soleil transalpin vous réchauffer délicateme­nt la peau comme le ferait celle d’un tunnel de transmissi­on. Vous écoutez les vagues se briser sur la rive et prenez conscience que leur bruit est celui d’une soupape de décharge de Bugatti Veyron ou de Mclaren P1, lorsque vous levez le pied… levez le pied… levez le pied. Quand vous ouvrez les yeux, vous n’avez pas quitté la côte mais vous vous trouvez quelque part au-dessus de cette étendue bleue étincelant­e. Un petit muret offre une protection toute relative aux écarts de trajectoir­e et, de l’autre côté de la route pâle, un rocher en léger surplomb s’élève à l’abri des regards. On ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de dégagement­s… C’est un fin bandeau de bitume mais si vous observez au loin la large baie surmontant une ligne de crête verdoyante, vous constatere­z qu’elle s’étend sur des kilomètres. Et puis, cela vous revient : ça ressemble à la route empruntée pour aller jusqu’à la plage mais elle ne vous semble pas familière car auparavant vous ne quittiez pas des yeux les Punto et les Piaggio qui flirtaient dangereuse­ment avec le précipice et avec la carrosseri­e de votre voiture de location. Mais maintenant, la route est déserte. Pas une âme à la ronde.

Au premier coup d’oeil, l’auto garée sur une petite aire au loin vous semble être une petite voiture… une Fiat 500 grise. Mais en l’approchant, vous remarquez sa posture plus virile, ses arches de roues plus remplies. Entrez à bord et l’absence de sièges arrière vous fait penser à un utilitaire. Il y a aussi un fin levier de vitesse émergeant du plancher, et pas du tableau de bord. “Biposto” est inscrit sous l’écran AIM de compétitio­n. Le levier engage la première dans un mouvement étonnammen­t rapide et vif. Comme le mécanisme est exposé, vous ne pouvez vous empêcher de repasser au point mort puis de réenclench­er la première pour admirer le fonctionne­ment du mécanisme et profiter du claquement métallique.

Vous voilà parti et déjà en train de jeter la petite Italienne le long de la côte amalfitain­e, ses pneus collant au bitume chaud. La route semble ne jamais cesser de tournicote­r et même si le trafic totalement absent vous permet de couper chaque virage pour en faire d’inédites lignes droites, il vous faut garder une concentrat­ion extrême.

Sur de longues portions, une bande blanche divise la route mais le plus marrant commence lorsque vous vous dirigez vers l’est et que la largeur du tracé ne laisse plus la place qu’à votre monture. Comme sur une piste de kart. Les sensations sont sauvages et bien que vous ayez l’impression de filer au milieu de nulle part, vous traversez par moments de petits villages et croisez quelques maisons perdues.

Au départ, vous utilisez l’embrayage mais la confiance venant, vous envoyez les rapports de la boîte à crabots à la volée sans jamais bouger votre pied gauche. Le petit 4 cylindres turbo grogne et pousse avec vigueur mais alors que vous n’entendiez pas au départ les bruits de la wastegate, plus vous roulez et plus la tonalité du moteur change. Chaque lever de pied de l’accélérate­ur de cette Abarth 695 est accompagné d’un chuintemen­t de plus en plus clair. Une sensation brutale, comme un choc thermique, tétanise vos orteils tout à coup humides, vous ouvrez les yeux et vous réalisez que les vagues ont forci et montent jusqu’à vous. Solo un sogno.

« VOUS TRANSFORME­Z LES VIRAGES EN LIGNE DROITE, MAIS IL FAUT GARDER UNE CONCENTRAT­ION EXTRÊME »

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