2013 FERRARI F12
L’élection de 2013 laissera un souvenir impérissable à Henry Catchpole, en grande partie parce qu’il a réussi à domestiquer la sauvage mais néanmoins attirante Ferrari F12.
Je me souviens de chacun des meilleurs moments de ma vie de conducteur passionné. Peut-être pas de tous les détails, mais dans ce cas précis, je me souviens de cette jolie machine peinte en Rosso Corsa, ainsi que les bruits qu'elle produisait lorsque vous cliquiez sur une palette, ou que vous escaladiez le compte-tours jusqu'en zone rouge. En fait, je pourrais vous retranscrire exactement les réactions merveilleuses de cette F12 lorsque je la pilotais sur l'une des plus belles routes de la Côte d'azur il y a cinq ans. Quel régal, d'ailleurs, cette édition 2013. Impossible cette fois-là de donner avec certitude le top 3 d'avance: avec des prétendantes aussi prometteuses que la SLS Black Series, la Ferrari F12, le Cayman S, l'audi R8 V10 Plus, la Mini GP, l'aston Martin Vantage S ou l'alfa Romeo 4C, la menace était réelle pour la nouvelle 991 GT3 dépourvue de sa boîte manuelle si savoureuse. Certes, un rapide tour avec la 4C suffisait à écarter l'italienne du podium final, mais quand même.
Dans la plus pure tradition de l'élection evo, notre convoyage nous menait sur la Route Napoléon. En tant qu'anglais, je pardonne la mégalomanie de votre Empereur rien que pour sa contribution à la construction de cette route.
La Route Napoléon constitue également un terrain fort pratique pour tester chaque voiture sur le chemin vers (et depuis) l'hôtel que nous empruntions deux fois par jour. Ces moments où il n'y a pas de photo à faire ni de vidéo permettent de se focaliser entièrement sur la conduite. Et à l'idée de rejoindre l'hôtel pour le dîner, c'est fou comme le rythme peut augmenter chez certains. Pour autant, nous ne figurons pas tout le temps parmi les plus rapides de cette route. Je me souviens d'un retour le soir sous la pluie vers Digne au volant de la F12, décroché par l'autre partie du convoi. Dans mon rétroviseur central, je remarquai avec beaucoup d'étonnement un monospace équipé d'une galerie de toit, littéralement collé à mon pare-chocs. J'avais beau tenter de le semer dans les lignes droites, il revenait systématiquement dans mon rétroviseur à chaque hésitation ou excès de prudence. J'essayais de me convaincre qu'il s'agissait de Sébastien Loeb, ou d'une nouvelle version de l'espace F1, mais je me rendais bien compte du degré d'assurance de certains locaux. Une fois arrivé à l'hôtel, Richard Meaden me rassura en avouant qu'il avait connu le même genre de pression avec un septuagénaire en Peugeot. Ou en monospace Seat, je ne sais plus.
Mes souvenirs inoubliables à bord de la F12 datent du jour suivant, sur une portion de route le long d'une gorge que je venais de parcourir à bord de l'aston, du Cayman, de la Mini puis de la SLS. Elles furent donc toutes essayées dans les mêmes conditions. Direction sublime, boîte bien sentie, un peu de folie et de radicalité, tout y était à chaque fois. Mais la Ferrari arrivée en dernier se révéla encore plus sensationnelle.
Les montées en régime jusqu'à plus de 8 000 tr/mn avec le V12 de 740 ch vous hypnotisaient tant par la poussée que par la sonorité. Essayez de tourner le volant à diodes de la même façon qu'avec les autres voitures essayées précédemment, et vous finirez dans un ravin tant la direction se montre plus rapide. Mais si vous recalibrez vos mouvements, vous comprenez vite que vous pouvez faire danser la grosse GT comme une voiture de sport bien plus compacte et légère. Vous devez jouer avec la souplesse d'amortissement, et faire preuve d'une plus grande patience qu'avec la SLS, plus ferme, dans les virages mais j'ai toujours adoré composer avec les transferts de masse d'une voiture.
La motricité restait un paramètre dynamique facile à gérer en permanence. Il y avait bien quelques pertes de couple (en fumée) par instants, mais cette faculté de pouvoir la faire pivoter à l'accélérateur avec une incroyable précision me donnait des frissons. Cette sensation des pneus arrière qui glissent juste ce qu'il faut pour vous envoyer dans la bonne direction… Quel régal ! Dès lors, la rapidité de la direction faisait sens car elle permettait de garder le contrôle des glisses. Une fois le V12 éteint au camp de base, j'arborais un large sourire en repensant à cette chevauchée.
Bien évidemment, elle n'a pas gagné. Depuis le tout début de l'élection de la Sportive de l'année, j'ai toujours eu un faible pour les autos evo qui ne gagnent pas. Simple lecteur en 1998, ma préférence allait déjà à une Caterham qui termina seulement cinquième du classement final. J'ai même réussi à préférer une 911 l'une des seules années où elle n'a pas gagné (2006). Terminer deuxième un petit point devant la SLS Black Series, mais sept points derrière la GT3, demeure un excellent résultat pour la F12, même si Ferrari ne l'entendait sans doute pas de cette oreille. La Porsche avait de toute façon grimpé tout en haut du classement personnel de Jethro Bovingdon (et remonté dans le mien) après une dernière virée mémorable à son bord. Alors que Jethro la conduisait (j'étais passager), je me souviens d'une épingle approchant très très vite et de mon pied droit écrasant très fort une pédale de frein fantôme, côté passager. Cette vengeance de Jethro faisait suite à un précédent que je lui avais fait subir en Mclaren MP4-12C quelques mois plus tôt. Sacré souvenir.
Bien sûr, je me suis efforcé de me montrer le moins partial possible au moment de coucher sur papier tous ces souvenirs, mais à chaque fois que je repensais à la F12, un sourire s'inscrivait sur mon visage. Tout comme maintenant. Rétrospectivement, est-ce que je choisirais toujours la clé de la Ferrari s'il fallait en prendre une seule de cette élection? Assurément.
Page opposée : après s’être enfin débarrassée des monospaces des “pilotes” locaux, la Ferrari F12 a dessiné un gros sourire sur le visage d’henry Catchpole pendant l’élection de 2013 qui s’est tenue dans le sud de la France.
VOUS POUVEZ FAIRE DANSER CETTE GROSSE GT COMME UNE PETITE VOITURE DE SPORT