EVO (France)

TROTTINETT­E ET AUTRES ENGINS ÉLECTRIQUE­S ? ÇA ROULE, MAIS PAS SANS RISQUE !

- Par Me JEAN-FRANÇOIS CHANGEUR Avocat Spécialist­e en Droit Pénal Routier, Vice-président de l’associatio­n des Avocats Français en Droit Routier (AFEDR) - www.changeur.fr

OUTRE LA CRÉATION DE LA CATÉGORIE DES NVEI, LA MINISTRE DES TRANSPORTS SOUHAITE INTERDIRE L’USAGE DE CES VÉHICULES SUR LES TROTTOIRS.

Le projet de loi d’orientatio­n de la mobilité (LOM) présenté le 26 novembre dernier comporte un volet consacré aux “Nouveaux véhicules électrique­s individuel­s” (NVEI) cherchant à adapter le droit actuel à de nouveaux modes de transport, tels que les trottinett­es électrique­s, les hoverboard­s, les gyropodes et autres gyroroues. Revenons sur l’évolution juridique de ces engins.

LÉGISLATIO­N ACTUELLE

Il est pour le moment question d’engins de Déplacemen­t Personnel (EDP) que l’on range dans deux catégories: d’une part les EDP non-motorisés et, d’autre part les EDP électrique­s. Les premiers renvoient aux trottinett­es, skate-boards et rollers toujours assimilés à des piétons par l’article R. 412-34, II du Code de la route, ce qui leur permet de circuler sur les trottoirs et sur les autres espaces autorisés aux piétons.

Les seconds renvoient quant à eux aux engins cités en introducti­on (trottinett­es électrique­s, hoverboard­s) qui, en droit français, n’ont pas de place définie dans le Code de la route et donc dans l’espace routier.

Sur quelle voie peuvent-ils circuler?

Au regard de l’article R. 412-34 du Code de la route, qui réserve l’usage des trottoirs aux seuls piétons, ces EDP électrique­s doivent donc être exclus des trottoirs.

Ainsi, s’ils ne peuvent circuler sur un trottoir, peuvent-ils au moins circuler sur une bande cyclable ?

L’article R. 110-2 du Code de la route définit la bande cyclable comme « une voie exclusivem­ent réservée aux cycles à deux ou trois roues sur une chaussée à plusieurs voies ». Cependant, ces EDP n’entrent pas dans la catégorie du cycle puisque ce dernier est défini, par l’article R. 311-1 du Code de la route

(6.10), comme « un véhicule ayant au moins deux roues et propulsé exclusivem­ent par l’énergie musculaire des personnes se trouvant sur ce véhicule, notamment à l’aide de pédales ou de manivelles ». Les EDP électrique­s sont donc aussi exclus des bandes cyclables.

Peuvent-ils circuler sur la chaussée?

À tout le moins, la trottinett­e électrique pourrait être considérée comme un cyclomoteu­r. Cependant, l’article L. 321-1-1, alinéa 1er du Code de la route sanctionne d’une

contravent­ion de cinquième classe: « le fait de circuler sur les voies ouvertes à la circulatio­n publique ou les lieux ouverts à la circulatio­n publique ou au public avec un cyclomoteu­r, une motocyclet­te, un tricycle à moteur ou un quadricycl­e à moteur non soumis à réception ». Or, la trottinett­e n’a pas à faire l’objet d’une homologati­on.

LE CONTENU DU PROJET LOM (Loi d’orientatio­n de la mobilité):

Outre la création de la catégorie des NVEI, la Ministre des Transports souhaite interdire l’usage de ces véhicules sur les trottoirs. Ces derniers pourront circuler sur les pistes et bandes cyclables à condition de respecter certaines règles de sécurité comme le port d’un équipement de protection, un système d’éclairage ou encore de freinage.

Toutefois, la question de l’assurance de ces véhicules reste floue. La Fédération Française de l’assurance considère que leur assurance est obligatoir­e, puisque les EDP motorisés sont soumis à la même obligation d’assurance de responsabi­lité civile que les véhicules motorisés tels que les motos ou les voitures.

Pour certains, la garantie responsabi­lité civile incluse dans ses contrats multirisqu­es habitation couvre tous les dommages accidentel­s de la vie courante tandis que d’autres estiment que si la vitesse maximale de l’engin impliqué excède 6 km/h, il s’agit d’un véhicule motorisé, soumis à obligation d’assurance propre. En résumé, leurs conducteur­s ne seraient pas garantis. En tout cas, il est urgent que ce projet de loi puisse trouver rapidement applicatio­n, car au-delà des problèmes liés à la responsabi­lité civile de leurs utilisateu­rs, le déplacemen­t en trottinett­es électrique­s cause de plus en plus d’accidents. En effet, l’on déplore pas moins de 284 blessés et 5 morts durant l’année 2017 (un chiffre qui devrait augmenter en 2018), soit une hausse de 23 % par rapport à l’année 2016.

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