BMW 330i M SPORT
La nouvelle Série 3 regorge de nouvelles technologies mais est-elle redevenue intéressante à conduire ?
Quand vous avez créé et dominé un segment aussi longtemps que BMW l’a fait dans la catégorie des berlines moyennes à vocation sportive, il va sans dire que beaucoup de concurrents cherchent à récupérer une part du gâteau. Au début, cette concurrence a permis à la Série 3 de devenir meilleure mais, ces dernières années, on a la sensation que la reine a perdu de sa superbe et sa couronne en même temps. Tout a commencé avec la E90, toujours formidable à conduire mais dotée d’un style plus fade et d’un habitacle tristounet. Cette tendance s’est poursuivie (amplifiée?) avec la F30 qui affichait un look en manque d’inspiration et reposait sur un châssis qui voulait faire oublier son architecture de propulsion.
Après ce constat, on comprend pourquoi nous voyons de plus en plus d’audi A4 et de Mercedes Classe C sur la route.
BMW s’en inquiète et sa nouvelle Série 3 (G20) doit redonner du frisson à son conducteur pour redevenir désirable tout en séduisant toujours celui qui se focalise sur la valeur résiduelle et les mensualités.
Elle va devoir sacrément convaincre.
Pourtant ça ne démarre pas brillamment. La 330i M Sport que BMW présentait lors du lancement n’attirait l’oeil que lorsqu’elle arborait sa teinte “bleu pétant”. Pour le reste, le style apparaît assez transparent. À bord, elle semble plus haut de gamme et surtout, plus centrée vers le conducteur qu’auparavant. L’inévitable assise haute des voitures modernes (due en partie aux normes de sécurité concernant les impacts latéraux) interdit la position de conduite légèrement allongée que nous affectionnons. La technologie est partout, avec plusieurs écrans TFT et un nouveau design de l’instrumentation quasiment illisible. Changer pour changer n’a jamais été une bonne stratégie. On trouve aussi un nouveau système de reconnaissance vocale appelée “Hey BMW” qui vous permet de faire toutes sortes d’opérations très intelligentes que vous n’avez sans doute jamais imaginées comme essentielles à bord d’une auto. Un exemple? La possibilité de réserver une table au restaurant… Au lancement en mars, en attendant que toutes les versions prévues passent par l’homologation WLTP, nous aurons droit à un moteur Diesel (320d de 190 ch) et une version essence, la 330i M Sport exclusivement en boîte automatique 8 rapports. Cette dernière conserve le quatre cylindres qui gagne
6 ch pour atteindre 258 ch (et 400 Nm dès 1550 tr/mn). Ce n’est pas le bloc le plus charismatique qui soit, ni celui qui vous enchantera lorsque vous hausserez le rythme. Il délivre ses performances avec une facilité qui rend la conduite sans saveur. Le cravacher devient un non-événement, d’autant plus que la boîte automatique ZF se montre difficile à prendre en défaut. Rapide mais sans intérêt, pourrait-on résumer.
Cette nouvelle Série 3 inaugure une inédite suspension (passive) conçue pour réduire roulis et tangage excessifs. Volant en mains, difficile d’en sentir les bénéfices, en revanche la conséquence fâcheuse est un confort de roulage dégradé. Même sur les routes pourtant bien revêtues du Portugal, l’auto s’est révélée étonnamment nerveuse et ferme. À tel point que même lorsque le tracé promet de belles sensations, vous vous surprenez malgré tout à lever le pied. On est loin du “plaisir de conduire” prôné par la marque.
La 330i reste toutefois bien équilibrée, on sent plus que précédemment qu’il s’agit d’une propulsion, sa direction reste précise et de bonne consistance mais manque d’authenticité (il s’agit d’un système électrique).
Une brève prise en main de la 340i xdrive à venir rappelle que le 6 cylindres essence reste toujours aussi désirable et que sa transmission intégrale qui donne la priorité au train arrière se montre meilleure que jamais. Voilà la version qu’il faut attendre.