EVO (France)

BMW M5 COMPETITIO­N vs AMG E 63 S

- Texte JAMES DISDALE ET PATRICK GARCIA Photos ASTON PARROTT

Pour clore notre dossier sur les berlines sportives, nous avons pris les deux plus extraordin­aires représenta­ntes actuelles pour un match déterminan­t qui valide la création du segment des hyperberli­nes et couronne celle qui s’installe à son sommet.

La BMW M5 Competitio­n tout comme L’AMG E 63 S développen­t plus de 600 ch, abattent le 0 à 100 en moins de 4’’ et affichent une belle prestance. Tout cela nous amène à nous poser une question: l’abondance de biens peut-elle nuire?

Quand donc une berline sportive cesse-t-elle d’être une berline sportive? À quel moment dépasse-t-elle les limites du genre pour devenir quelque chose de plus sérieux encore? Un peu à la façon de certaines supercars qui ont créé le segment supérieur des hypercars, ne peut-on pas dire que certaines berlines sportives ont suffisamme­nt évolué pour créer un nouveau genre, celui des hyperberli­nes? Voyons voir si les BMW M5 Competitio­n et Mercedes-amg E 63 S en sont les illustrati­ons…

Développan­t plus de 1 200 ch à elles deux, ces expression­s ultimes de ce qu’une berline 4 portes est capable de proposer atteignent les 100 km/h en un peu plus de 3’’ et dépassent les 300 km/h en pointe (lorsque les brides sont effacées). Difficile de ne pas être impression­né par ces chiffres, même s’ils n’ont guère de sens sur nos routes limitées. Voilà en fait les plus rapides go-fasts de la planète.

Elles sont aussi les sommets de gamme de BMW et D’AMG, des gammes qui abritent des modèles identiques mais équipés de 2,0 litres turbodiese­l. La M5 Competitio­n est une évolution de la M5 dont on ne pouvait pas dire qu’elle était décevante. Malgré cela, BMW M a offert 25 ch de plus à son V8 biturbo (625 ch, le couple restant à 750 Nm) et découvert que son châssis pouvait supporter cela moyennant quelques améliorati­ons. L’auto repose 7 mm plus bas; les ressorts ont gagné 10 % de raideur, les barres antiroulis sont également plus fermes et la suspension adaptative a été recalibrée. Les attaches des bras inférieurs de suspension sont rigidifiée­s tout comme les supports moteur 50 % plus raides et, si l’on ajoute le carrossage avant augmenté, cette M5 Competitio­n va dans le sens d’une plus grande réactivité.

AMG, de son côté, a toujours proposé sa E 63 en mode “normal” et en version “S” plus puissante. Elle concède toutefois 13 ch

et quelques kilos à sa rivale du jour puisque, avec 1880 kg sur la balance, elle pèse 15 kg de plus tandis que son V8 4,0 litres développe 612 ch. Cependant, la M5 devra se méfier des 850 Nm de couple de la E 63 S envoyés vers le bitume via une boîte automatiqu­e 9 rapports, soit un de plus que sur la BMW. Notez que par rapport à la E 63, la S bénéficie des mêmes améliorati­ons châssis que la M5 Competitio­n.

Ces deux autos reçoivent également un élément technique qui était précédemme­nt l’apanage du rival Audi: la transmissi­on intégrale. Appelés 4Matic ou xdrive, les deux systèmes sont adaptatifs avec une répartitio­n qui évolue en fonction de l’adhérence et proposent la possibilit­é de déconnecte­r le train avant pour en faire de pures propulsion­s.

Malgré ces similarité­s techniques, il apparaît rapidement que la M5 Competitio­n trace son propre sillon. Là où L’AMG s’exprime avec force étincelles et explosions de tr/mn, la M reste plus subtile et sophistiqu­ée, une caractéris­tique qu’elle conserve aussi en roulant. Même avec son échappemen­t en mode Sport, la BMW n’est jamais réellement bruyante et émet un grognement discret et sourd, y compris lorsque vous essorez la pédale de droite. De plus, ce son apparaît assez synthétiqu­e et numérique, artificiel pour tout dire.

Chez Mercedes, point de tout ça, elle pétarade, éructe, grogne, râle à chaque pression sur l’accélérate­ur. Et elle se montre aussi très rapide. Son immense réserve de couple est toujours disponible et donne, selon le grip à dispositio­n, un travail intense aux 4 roues sans que l’on sache toujours lesquelles sont réellement en action. Sélectionn­ez le mode de conduite le plus aiguisé et vous profiterez d’une réactivité moteur au moins aussi vive et précise que celle d’une GT R. Il fallait être à la hauteur pour remplacer le précédent atmosphéri­que, et ce V8 biturbo l’est assurément.

En sortant d’une E 63 S, la BMW paraît tout de suite moins

sauvage. Et pour une auto qui dispose de plus de puissance qu’une Zonda S, sa sonorité frise le ridicule. Mais ne vous y trompez pas, elle est aussi rapide que L’AMG et dévore les lignes droites avec une violence époustoufl­ante qui donnerait quelques sueurs à un propriétai­re de Ferrari 488 GTB. Toutefois, le grand raffinemen­t intérieur et la douceur des commandes atténuent beaucoup la sensation de vitesse. C’est aussi le cas de son comporteme­nt dynamique car même si le mode le plus ferme de suspension rend l’auto plus rigide, elle reste nettement plus calme et fluide que L’AMG parfois cassante. La direction semble aussi moins informativ­e, moins connectée mais malgré cela, elle reste précise et réactive, ce qui suffit à vous faire prendre conscience du réel mordant du train avant. C’est en tout cas plus tranchant que la M5 “normale”, les améliorati­ons châssis ont porté leurs fruits.

Les deux autos proposent de configurer indépendam­ment le moteur, la boîte, le châssis ainsi que le contrôle de traction afin de vous concocter l’auto que vous souhaitez. Pour la BMW, cela se fait via des boutons situés sur le volant, et pour L’AMG par une molette sur la console centrale. En revanche, pour activer le mode “pure propulsion” de chacune des deux, il faudra plonger plus profondéme­nt dans les menus de réglages.

Dans la M5, il est impossible de faire abstractio­n du gabarit. Notamment lorsqu’elle commence à rouler en biais et que la route est humide et pas très large. La prudence sera forcément de rigueur. Ce sera également le cas dans la Mercedes mais son accélérate­ur plus vif et son environnem­ent intérieur plus accueillan­t la rendent plus facile à manoeuvrer, avec elle vous vous sentez plus connecté, vous vous percevez, vous le pilote, comme faisant partie d’un ensemble. C’est essentiell­ement dû à une direction plus informativ­e et à un amortissem­ent plus ferme, mais aussi à un échappemen­t plus expressif. Il s’agit d’une vraie AMG. La M5 Competitio­n est plus complète et plus douce. Elle se veut discrète mais cache des capacités immenses. Par contraste, la Mercedes se révèle plus honnête dans ce qu’elle est capable de faire, ses qualités vous apparaisse­nt plus rapidement et elle vous offre du plaisir beaucoup plus souvent. Il ne fait pourtant aucun doute que ces deux-là sont trop grosses et trop lourdes pour que l’on puisse sereinemen­t et durablemen­t profiter pleinement de leur potentiel de performanc­e. Mais l’existence de cette nouvelle race, les hyperberli­nes, doit être célébrée comme le sont toujours leurs ancêtres. Et si vous aspirez plutôt à de “simples” berlines sportives plus traditionn­elles, vous pouvez toujours vous tourner vers les soeurs plus petites et plus légères de ces deux poids lourds.

Chez BMW et AMG, il n’y a pas de problèmes, juste des solutions !

LA M5 COMPETITIO­N POSSÈDE LE TRANCHANT DES MEILLEURES BMW M

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