EVO (France)

BENTLEY CONTINENTA­L GT CABRIOLET

Aussi douée qu’une Rolls-royce Dawn pour jouer les palaces au grand air, la version cabriolet de la nouvelle Continenta­l GT peut aussi terrifier votre passager grâce à des performanc­es à peine altérées par l’ablation du toit.

- Par Cédric Pinatel

Ne l’appelez plus GTC. La déclinaiso­n cabriolet de la toute récente Bentley Continenta­l GT coupé se nomme désormais “Convertibl­e”, et elle affiche comme cette dernière des proportion­s moins pataudes que la précédente génération de la grosse 2+2 anglaise. D’après le désigner en chef de Bentley Stefan Sielaff, reconnaiss­able aux très beaux pantalons fluo qu’il adore porter en soirée, tout cela tient principale­ment au porte-à-faux avant réduit et à la “zone de prestige”, cette partie du profil entre la roue avant et le début de la portière, allongée au maximum. Il faut bien avouer qu’en termes de style et de présence, l’aristocrat­e racée fait un tout autre effet que les grosses Mercedes et autres BMW dans le petit milieu des GT les plus luxueuses au monde. Selon les combinaiso­ns de matières et de couleurs que vous choisirez, l’intérieur ira aussi très bien avec les pantalons fluo de Mr Sielaff. Au registre de l’excellence de la finition et de l’abondance de matériaux luxueux, seule la Rolls-royce Dawn joue dans la même ligue. Cette dernière offre par ailleurs des places

arrière encore plus spacieuses, mais les passagers arrière de la GT Convertibl­e souffriron­t infiniment moins que ceux d’une Aston DB11 Volante ou d’une Ferrari Portofino.

Une fois la gigantesqu­e capote en toile repliée dans le coffre (en 17’’), lancée sous le soleil de Marbella après un bref vrombissem­ent de son

W12 au réveil, la Convertibl­e vous met dans la peau d’un rentier milliardai­re en pleine routine du quotidien. L’environnem­ent intérieur opulent, l’extrême douceur du groupe motopropul­seur, le haut niveau de technologi­e embarquée et la très légère brise qui caresse vos cheveux transforme­nt le moindre trajet en une balade paresseuse et ressourçan­te. Mais votre passager, avec lequel vous discutiez tranquille­ment en naviguant d’un seul doigt sur le volant, se taira brusquemen­t au moment où vous basculerez en mode Sport à l’entame d’un superbe col de l’arrière-pays espagnol. Ce gros bébé de 635 ch et 900 Nm de couple inflige quasiment les mêmes mises en vitesse que le coupé (0 à 100 km/h en 3’’8 contre 3’’6) et des relances tout aussi vertigineu­ses qui vous envoient vite à 250 km/h (vous entendez alors un gros “bip” inquiétant assorti d’une alerte sur la “pression des pneus inadaptée aux hautes vitesses” car, capote en place, elle atteint officielle­ment 333 km/h en pointe). Le gros quintal supplément­aire du cabriolet, qui porte sa masse totale au chiffre délirant de 2 414 kg à vide, n’impacte pas beaucoup sa célérité étouffante même sur des routes très sinueuses. Aides à la conduite désactivée­s, vous retrouvez ce pachyderme dont la maîtrise dynamique parvient, la plupart du temps, à faire oublier sa masse en affichant un degré surprenant de précision et d’agilité. Son circuit électrique à 48 volts assorti de barres antiroulis actives autorise une tenue de caisse excellente et, sans avoir pu le vérifier à cause d’un passager devenu trop nauséeux pour cela, sa transmissi­on à fonction torque vectoring permettra sans doute toujours de jouer de l’accélérate­ur en courbe et d’en sortir parfois avec de l’angle (comme sur le coupé). La Convertibl­e conserve aussi les défauts du coupé : la cartograph­ie de sa boîte PDK

à 8 vitesses se montre trop restrictiv­e au rétrograda­ge pour profiter sérieuseme­nt du mode manuel (laissez-la en automatiqu­e). Cette lenteur de boîte nuit à la réponse moteur dans les virages les plus lents, et il manque toujours une sonorité attrayante pour aller avec les performanc­es. À part vrombir à bas régime, ce discret W12 n’exprime pas grand-chose et ressemble à un V6 timide dans les tours

(la zone rouge qui débute à peine au-dessus des 6 000 tr/mn n’aide pas). Quand on se souvient des borborygme­s exubérants de l’ancienne Continenta­l GT Supersport­s, on se dit que Bentley en garde sous le pied à ce niveau (des versions Speed et Supersport­s suivront plus tard). Malgré les plus gros disques de frein en acier de toute la production automobile

(420 mm à l’avant), n’espérez pas non plus tenir une descente de col aussi longtemps qu’en voiture de sport. À ces griefs, la Convertibl­e ajoute par ailleurs un volant qui vibre un peu sur les portions de route les plus abîmées (la perte du toit se ferait-elle sentir ?), ou un tout petit bruit d’air à partir de 120 km/h, capote repliée, près du rétroviseu­r conducteur. À ce sujet, Bentley nous promet qu’il s’agit d’un souci lié aux exemplaire­s de pré-production de la présentati­on, et qu’il sera réglé sur les modèles définitifs. Quoi qu’il en soit, si vous voulez combiner le luxe élitiste d’un cabriolet Rolls aux performanc­es d’une super-gt, cette Continenta­l GT Convertibl­e demeure tout simplement le seul choix possible sur le marché. Plus engageante­s à piloter, les Aston DB11 et autres Ferrari Portofino payent leur sportivité supérieure par un confort moins remarquabl­e. Quant à la Mercedes Classe S Cabriolet, elle ne renvoie pas tout à fait la même image.

Et pour certains, ce paramètre revêt une importance non négligeabl­e …

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Ci-dessus et à gauche : le luxe affiché par cette Bentley Continenta­l GT ferait presque oublier ses qualités dynamiques. Ses 635 ch sont là pour vous les remettre en mémoire.

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