EVO (France)

MCLAREN 600LT SPIDER

Après la victoire de la 600LT Coupé lors de la Sportive de evo l’année, le Spider peut-il briller aussi fort ?

- Par Adam Towler et Cédric Pinatel

Tout ne tient qu’à un seul bouton. Vous pensez que je parle de celui situé entre les deux sièges baquet, de la gâchette qui commande le toit à ouverture électrique? Eh bien non, pas celui-là. En tout cas, pas pour moi. Je lui préfère un autre bouton.

Pour sûr, l’idée d’enlever le toit de la 600LT Spider fera envie à beaucoup de conducteur­s. Pourquoi les versions découverte­s garnissent-elles les catalogues de tous les fabricants de voitures de sport? Parce qu’elles allient des performanc­es stupéfiant­es au plaisir du grand air, celui qui ébouriffe vos cheveux alors que vous atteignez des vitesses hautement répréhensi­bles. N’oublions pas non plus cet “effet supercar”, cet exhausteur d’ego, qui profite largement du fait que l’on puisse vous voir encore mieux depuis l’extérieur une fois le toit ouvert. Ce genre d’autos n’a jamais été conçu pour les grands timides et les amateurs de discrétion.

Et comme on parle d’une Mclaren, l’ablation du toit de notre vainqueur de l’élection de la Sportive de l’année représente forcément un arrangemen­t gagnant-gagnant. Pourquoi? Parce que comme toutes les autres autos de la marque de Woking, la 600LT repose sur une structure en carbone “Monocell”, dont la partie supérieure

ne conditionn­e pas la rigidité de l’ensemble. Il faut simplement composer avec les 50 kg supplément­aires apportés par le mécanisme électrique du toit escamotabl­e, et avec le fait qu’ils sont situés relativeme­nt haut dans un châssis de Mclaren LT épuré à l’extrême. Le simple fait de s’installer de nouveau à bord d’une 600LT, qu’elle soit Spider ou pas, représente un moment de grâce et vous rappelle à quel point on parle d’une voiture spéciale. Ce sentiment étrange dépasse largement la lecture de sa fiche technique si prometteus­e, il tient aussi à ce que vos yeux observent au-dessous du pare-brise. L’habitacle dépouillé, les larges surfaces d’alcantara à la légèreté idéale dans ce contexte, la hargne sonore impression­nante du V8 M838 au réveil, le ressenti de chaque commande. Il y a bien d’autres cabriolets sortis par Mclaren, mais aucun d’entre eux ne dégage l’âme de cette Lt-là. Bien avant que j’appuie sur la palette de droite pour appeler la première vitesse, la 600LT Spider distille déjà tout ce que Mclaren sait faire de mieux.

Je dois confesser qu’en mode “Normal” sur la route, je n’arrive tout simplement pas à sentir une quelconque différence entre la 600LT

Coupé et la 600LT Spider (surtout que les

succession­s de grandes lignes droites de l’arizona ne facilitent pas vos investigat­ions). Mon essai du coupé remonte déjà à deux mois, peut-être qu’un éloignemen­t moins important aurait permis de mieux déceler une éventuelle différence de comporteme­nt entre les deux versions, qui sait? Le Spider affiche bien les mêmes données techniques de base que le Coupé. Il utilise une version légèrement retravaill­ée du V8 biturbo de 3,8 litres, profitant d’une cartograph­ie différente et d’un échappemen­t raccourci, capable de sortir 600 ch et 620 Nm. Il conserve aussi les mêmes triangles de suspension forgés, les amortisseu­rs et la géométrie retouchés, les supports moteur raffermis, les roues et freins allégés ou la direction moins démultipli­ée. Les mesures d’allégement ne changent pas non plus, avec des vitres plus fines, la suppressio­n des vide-poches ainsi que des tapis de sol. Tout ça pour un gain de 100 kg comparé à une 570S Spider. Il faut cocher l’option du Pack Clubsport pour maximiser le gain et enlever 5,8 kg de plus via la pose des baquets de la Senna, des écrous de roues en titane et de plusieurs éléments en fibre de carbone. Les différence­s de performanc­es relèvent de la nuance: le 0 à 100 km/h demande toujours 2’’9, mais vous perdez 2 dixièmes sur le 0 à 200 par rapport au coupé (8’’4 tout de même). À fond, toit en place, elle atteindra 324 km/h.

Tout ce que nous avons déjà dit sur la 600LT

Coupé se vérifie donc avec la Spider. Plus que ses performanc­es hors du commun, elle brille surtout par sa façon unique au monde de vous connecter à tout ce qui se passe entre le volant, le moteur et les roues. À basse vitesse comme sur circuit, elle fusionne avec vous et reste bizarremen­t gentille quelles que soient les circonstan­ces, vous encouragea­nt simplement à devenir plus précis, à vous surpasser, à rendre justice à son potentiel. Une voiture de votre côté, une voiture “amie”.

Le toit au mécanisme très discret ne demande que 15 secondes pour être enlevé ou remis, ces opérations sont possibles jusqu’à 40 km/h. Suffisant pour protéger le cher Alcantara de la pluie dès l’apparition des premières gouttes.

Mais alors, de quel mystérieux bouton vous parlais-je? Ce bouton qui fait pour moi toute la différence se situe en fait juste à côté de la gâchette de commande du toit. D’une pression, il permet de baisser la petite vitre arrière entre le conducteur et le passager, en supprimant le seul rempart entre vos oreilles et les cordes vocales de la LT. Même si vous gardez le toit en place, vous êtes malgré tout caressé par un air frais et vivifiant et profitez d’une intensité sonore augmentée. Les V8 Mclaren n’ont jamais brillé par leur sophistica­tion acoustique et ne deviendron­t probableme­nt jamais des modèles en la matière, mais il y a quand même quelque chose de fascinant dans le son qu’ils émettent à la sortie de ces tubulures dressées vers le ciel. Quelque chose de brut, de très énervé qui, lors des fortes sollicitat­ions, s’accompagne de flammes bleues et orange comme nous avions pu le constater avec la LT Coupé en Écosse. Même sans les flammes, la simple vue arrière vers le capot moteur surplombé de la brume de chaleur suffit à donner envie de s’amuser.

Est-ce que j’achèterais la 600LT Spider ? Non, car je refuse l’idée d’une Long Tail à l’efficacité très légèrement dégradée sur circuit. J’en veux une pour rouler à Spa jusqu’à ce que les pneus, le carburant et moi-même nous évanouissi­ons. Ou pour conduire comme un délinquant tard dans la nuit sur mes routes préférées. Mais comme je fais partie des intégriste­s capables de commander ma Mclaren sans la clim’ pour gagner quelques grammes de plus, je vous laisse décider tout seul. Cela dit, j’aimerais bien que la LT Coupé de mes rêves bénéficie d’un bouton pour descendre la vitre arrière. Allô, MSO ?

LE MIAULEMENT ÉMIS PAR CES TUBULURES POINTÉES VERS LE CIEL ARRIVE à ÉMOUVOIR

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