L’ÂGE DE GLACE
VALSER SUR DES LACS GELÉS DE LAPONIE, CELA N’A PLUS RIEN DE SURPRENANT. EN REVANCHE, RÉALISER CETTE DANSE À BORD D’ICÔNES DU PASSÉ, CELA AIGUISE LA CURIOSITÉ. NOUS AVONS EU LE PRIVILÈGE DE TESTER CETTE ÉCOLE DE LA GLISSE AUTHENTIQUE.
L’ENNEMI, C’EST LE SOUSVIRAGE ! IL FAUT SIMPLIFIER SES GESTES AU MAXIMUM
Il y a cinq ans, il s’est attaqué au grand froid et à la glisse en illimitée, en investissant le lac suédois d’ullak près d’arjeplog. Avec des sportives modernes ? Trop commun. Il en inclut dans ses stages (Cayman S, GT86, A1), mais il a corsé l’affaire en ajoutant des gloires du passé et des voitures de rallye: R8 Gordini, 911 3,2 litres, Impreza, Lancer Evo… Un cauchemar pour les mécaniques fragiles ! D’où l’importance de la préparation, imaginée par Jeanchristophe. Avant toute chose, l’ensemble des liquides doit résister à des températures polaires. Ensuite, il faut se focaliser sur la visibilité, entre les longue-portée pour les roulages de nuit (dès 15h) et l’installation d’un chauffage d’appoint à bord des mamies pour limiter la formation de givre. Puis il est indispensable de renforcer les boucliers pour limiter la casse en cas d’optimisme. Afin de ne pas les alourdir d’une lourde lame (disgracieuse), le créateur de 4Move opte pour une structure métallique soudée au châssis et l’injection d’une mousse haute densité. Enfin et surtout, le niveau d’adhérence devient une obsession (la glace est retravaillée midi et soir) et afin d’accroître la motricité, tout le plateau est chaussé de clous (150 à 400 par pneu selon le modèle) et dispose de réglages de suspension souples… Quitte à parfois supprimer les barres antiroulis ! La flotte hétéroclite permet de goûter à tous les types d’architecture moteur, de transmission, et ces stages s’adressent à la fois aux débutants et aux experts.
ÉCHAUFFEMENT MODERNE
« L’ennemi, c’est le sous-virage! »
rappelle Jean-christophe. « Il faut simplifier au maximum les gestes et les manoeuvres freins/accélérateur pour ne pas influencer les transferts de charge. » Plutôt que de longs discours au coin du feu, le coaching s’effectue en live et s’adapte donc
aux besoins de chacun. Pour bien démarrer la journée et découvrir les pistes, nous optons pour des sportives modernes. Les petits et grands cercles d’évolution permettent d’assimiler des transferts de charge et d’entretenir la glisse à 60 et à 100 km/h. Une fois à l’aise, les stagiaires filent sur les pistes “drift” pour s’adonner aux joies du slalom et de l’appel contre-appel. Le créateur de 4Move rappelle qu’il faut « planter le bâton » en braquant dans le sens opposé au virage, puis créer un mouvement de balancier et contre-braquer. « C’est comme un coup de raquette maîtrisé et décidé ! Mais un pneu c’est comme un ski, il fonctionne bien quand
il est droit » précise-t-il. D’où la nécessité de débraquer rapidement pour accroître le grip. Réaliser cette chorégraphie lapone est un régal à bord du Cayman S PDK (type 987 phase 2), une propulsion école qui pardonne beaucoup et épate par sa motricité. Dans le genre, la Toyota GT86 excelle : pneus étroits, poids contenu, répartition des masses optimale… Elle respecte les fondamentaux de la glisse et met en confiance par ses réactions ultra-progressives. Après cet entraînement, les stagiaires qui surfent en toute quiétude sur le tracé de 1,2 km sont invités à arpenter le circuit rallye: 4 km de long, étroit et très technique. Une pépite qui démontre que sur glace, le plaisir n’est pas proportionnel à la vitesse.
DANS LES VIEUX POTS…
Varier les plaisirs avec des transmissions intégrales revient chez 4Move à remonter le temps. Avec joie quand il s’agit de prendre le volant d’icônes du rallye comme l’impreza ou la Lancer Evo ! Le voyage dans le passé débute à bord d’une WRX aux couleurs WRC boostée à 250 ch, assouplie et couplée à une boîte courte de Groupe N. Attention, le mode d’emploi diffère et nécessite quelques gestes contrenature comme remettre le volant droit dans les intermédiaires plutôt que contre-braquer pour réaliser
de belles dérives ! « Avec une intégrale, il faut avant tout freiner plus tôt car on arrive plus fort. Comme cette WRX a plus de mal à s’inscrire, l’appel contre-appel est obligatoire pour pivoter. Ensuite, il faut minimiser l’angle au volant pour obtenir une glisse efficace » explique Jean-christophe David. Pas facile, mais avec l’entraînement, la formule finit par fonctionner. Cette Sub’ marche fort, mais les sensations sont aseptisées par rapport à celles de l’impreza GT portée à 240 ch. Le flat-4 sonne juste. L’insonorisation est moindre. Le turbo n’est pas tendre. Elle se place et enroule les virages avec plus de tonus et d’aisance. Le sentiment de faire corps avec la machine est exacerbé. Quel pied de reprendre le volant de cette star des 90’s ! Mais à cette époque, une féroce concurrente lui faisait de l’ombre, en piste comme sur route : la Mitsubishi Lancer Evo. Non seulement le 6e opus fait partie des heureux élus en Laponie, mais il se décline en Groupe A dépouillé de 400 ch. Entre les longue-portée et la déco d’époque, il y a de quoi se prendre pour Mäkinen en plein Rallye de Suède. Le rêve. Pour qu’il ne se transforme pas en cauchemar, il vaut mieux opter pour la cartographie 300 ch, sous peine de subir le rythme effréné d’une bête sauvage. Hallucinant. La précision, le mordant et le grip sont tels qu’on n’a plus envie de la quitter… à moins que de fringantes mamies fassent de l’oeil. Comme cette 911 3,2 litres des années 80 (un brin boostée électroniquement) ou le monument R8 Gordini des années 60 ! L’idée est de s’éloigner de la quête du chrono pour celle du Graal de la glisse pure.
À bord de la Porsche, il suffit de lécher les freins pour partir dans d’interminables dérives. Par rapport aux intégrales, on a l’impression d’évoluer au ralenti. Mais Dieu que c’est bon! En raison du sac à dos, inutile de mettre trop d’angle au volant pour profiter du paysage féerique par les portières. Les bonnes vibrations du flat-6 refroidi par air rendent dingue. Bref, on vénère cette tortue géniale, qui résiste plutôt bien au givre. On ne peut pas en dire autant de la Renault, qu’il est conseillé de manier avec des gants. Non pas en raison de son âge ou de ses réactions piégeuses sur asphalte, mais parce qu’elle se transforme en glaçon. Un comble pour cette reine des neiges, qui se hisse en tête de liste des modèles à tester. Inutile de se leurrer, elle est profondément modifiée sur le plan mécanique pour résister aux conditions extrêmes: moteur plus robuste de R5 Alpine, électricité, suspension, éclairage, ergonomie… La position de conduite fait toujours sourire, mais 4Move a modifié le volant, les sièges, et a rajouté des harnais (pas de ceinture à l’époque!). Très vite, la Gord’ laisse sans voix par sa légèreté, son agilité et son grip. Une fois chaussée de pneus de rallye (Burzet), elle devient une arme blanche qui fait exploser le taux d’adrénaline. Elle en redemande et donne envie d’attaquer jusqu’à plus soif. Incroyable, à l’image de cette expérience lapone. Jeanchristophe David prouve que, sur glace, le plaisir n’est pas proportionnel à la puissance ni à la somme déboursée. Une simple GT86 de 200 ch fait parfaitement l’affaire. Et que dire des anciennes, qui mettent une claque aux descendantes modernes en matière de plaisir… Mais pas d’efficacité ni de résistance. Goûter à cette glisse authentique a un prix, certes élevé en incluant le logement et le transport. Mais il reste raisonnable par rapport à la concurrence, alors que les prestations sont uniques : qualité du plateau, du coaching, des infrastructures… À ajouter d’office sur la liste des expériences à accomplir une fois dans sa vie.
L’APPEL CONTREAPPEL, C’EST COMME UN COUP DE RAQUETTE DÉCIDÉ ET MAÎTRISÉ