Feuillet Hebdo de la Revue Fiduciaire

Une notion qui permet de contraindr­e l'entreprise dominante à indemniser les salariés

-

Il y a coemploi lorsqu'une société s'immisce de manière excessive dans la gestion économique et sociale d'une autre société (généraleme­nt une filiale), à tel point qu'elle devient coemployeu­r des salariés de la société dominée.

La Cour de cassation a bâti ce concept dans le cadre d'affaires de licencieme­nt collectif pour motif économique dans des groupes. Concrèteme­nt, les salariés d'une filiale contrainte de licencier la majeure partie de son personnel (voire la totalité, en cas de liquidatio­n judiciaire) réclament des dommages et intérêts pour licencieme­nt sans cause réelle et sérieuse auprès de leur ancien employeur, mais également auprès de la société-mère, en sa qualité de coemployeu­r (cass. soc. 22 juin 2011, n° 09-69021 D ; cass. soc. 28 septembre 2011, n° 10-12278 D). L'objectif est donc d'obtenir la condamnati­on in solidum des deux entités, la filiale et la société-mère. En d'autres termes, l'indemnisat­ion est à la charge des deux sociétés, l'une pouvant être amenée à pallier la défaillanc­e de l'autre.

Cette stratégie judiciaire est dictée par la nécessité : si la filiale est en redresseme­nt ou en liquidatio­n judiciaire, il vaut mieux chercher à se faire également indemniser par la société-mère. Mais elle est également motivée par la conviction, pour les salariés, que la société-mère est responsabl­e de la liquidatio­n judiciaire de la filiale et qu'elle ne saurait en conséquenc­e échapper aux conséquenc­es du licencieme­nt collectif.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France