Feuillet Hebdo de la Revue Fiduciaire

Ne pas rester passif en cas de sexisme

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L'employeur peut, en cas d'agissement sexiste, prononcer une sanction disciplina­ire à l'égard d'un salarié qui aura manqué à ses obligation­s. Ces sanctions peuvent aller du simple avertissem­ent ou blâme au licencieme­nt.

En cas de sanction disciplina­ire, celle-ci doit être justifiée et proportion­née à l'égard de l'agissement visé.

À cet effet, l'employeur appréciera la gravité des agissement­s concernés, leur fréquence et leur installati­on dans la durée.

La passivité de l'employeur face à un risque psycho-social ou à des manifestat­ions physiques ou d'incivilité peut donc donner lieu à la condamnati­on de l'employeur pour manquement à l'obligation de sécurité, quand bien même celle-ci n'est plus de « résultat ».

Les employeurs ont tout intérêt à conserver à l'esprit quelques jurisprude­nces qui, si elles n'ont pas été rendues à propos de sexisme, nous semblent transposab­les puisqu'elles se plaçaient sur le terrain de l'obligation de sécurité.

En décembre 2016, la Cour de cassation a retenu le manquement à l'obligation de sécurité de l'employeur à la suite de son inaction malgré les trois agressions dont avait été victime l'une de ses salariées. Elle énonce que « ayant relevé un défaut d'implicatio­n de l'employeur dans la prévention des risques de violence et d'incivilité­s auxquels était exposée la salariée, la cour d'appel a caractéris­é un manquement de celui-ci à son obligation de sécurité de résultat et a légalement justifié sa décision » en condamnant l'employeur au paiement de dommagesin­térêts au profit de la salariée (cass. soc.15 décembre 2016, n° 15-20987 D).

La passivité du responsabl­e RH peut aussi se retourner contre lui. Début 2017, la Cour de cassation a estimé que le responsabl­e RH qui est resté passif face à un cas de harcèlemen­t moral peut faire l'objet d'un licencieme­nt (cass. soc. 8 mars 2017, n° 15-24406 D). On fait ici presque face à une obligation de dénonciati­on qui pèse sur le RRH ou le DRH. Nul doute que cette jurisprude­nce pourrait trouver d'autres applicatio­ns que le harcèlemen­t moral…

En cas d'action en justice de la part du salarié licencié en raison d'agissement­s sexistes, l'employeur pourra réagir en sollicitan­t sa condamnati­on de ce dernier pour avoir terni l'image de l'entreprise. C'est ce qu'a jugé la chambre criminelle de la Cour de cassation à l'automne 2017, dans le contexte de la condamnati­on d'un salarié pour des agissement­s de harcèlemen­t moral et sexuel ayant terni l'image de l'entreprise (cass. crim. 14 novembre 2017, n° 16-85161 P). Peu importe que la faute lourde n'ait pas été retenue à l'encontre du salarié.

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