OÙ EN EST STONER ?
Le champion australien nous explique pourquoi il ne compte pas revenir et nous donne son avis sur le paddock.
C’est à l’âge de 18 mois que l’Australien Casey Stoner, abusant de la poignée de gaz, se fait sa première ampoule. Les 25 années suivantes consacreront ce casse-cou du dirt-track en icône du MotoGP. Aujourd’hui, le jeune retraité maintient son cap... et parle.
Couronné deux fois champion du monde MotoGP ( 2007 avec Ducati, 2012 avec Honda), Casey Stoner totalise 38 victoires dans la catégorie, un palmarès qui le place au 4e rang, toutes générations confondues, des pilotes à avoir remporté le plus de courses ( derrière Rossi, Agostini et Doohan). Un curriculum vitae impressionnant et une personnalité hors du commun. En effet, avant même la fi n de saison 2012 qui le consacrera comme champion du monde, il surprend tout le paddock en annonçant sa retraite anticipée, à l’âge de 26 ans. Imperturbable, Stoner maintient le cap depuis, expliquant que ses priorités ont changé : le surdoué du guidon souhaite, à 28 ans, profi ter de sa vie de famille et se libérer de la recherche incessante de résultats. Et ce n’est pas la perspective de richesses colossales – il a refusé un contrat d’une valeur de 18 millions d’euros avec Honda pour 2013 – qui pourrait l’inciter à revenir sur les circuits. Ce choix assumé, Stoner est à présent un homme heureux, qui vit sur la Côte d’Or australienne avec sa femme Adriana et sa fi lle Alessandra. Il prévoit même de vendre sa maison en Suisse, son pied- à- terre européen lorsqu’il menait sa carrière de pilote : « Adriana et moi, nous aimons la Suisse, et c’est un peu triste de faire nos cartons là- bas, surtout parce que c’est le premier endroit qu’Alessandra ait connu après sa naissance. » En dépit des rumeurs persistantes, Stoner dément avec fermeté tout retour à la compétition à plein temps, que ce soit sur 2 ou 4 roues. Ses plans pour 2014 n’impliquent ni les motos, ni les voitures, au volant desquelles il a participé à un championnat moins médiatisé que le MotoGP, le V8 Touring car series, pendant la saison 2013. Même les tests avec le team Honda en MotoGP ont été suspendus. Hormis un voyage aux États- Unis pour rendre visite à des amis – ou peut- être pour y retrouver ses coins de pêche favoris –, Stoner essaie de s’en tenir à son plan initial : prendre une année de repos. « Je prends une année sabbatique cette saison, comme c’était prévu initialement pour 2013, avec seulement la participation à quelques courses en V8 pour m’amuser, explique Casey. Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. J’ai participé à toutes les courses et j’ai beaucoup travaillé. » Même le fait de se retrouver au guidon de l’incroyable Honda RC213V comme pilote d’essais fi n 2013, n’a pas suffi à lui donner l’envie de revenir en Grands Prix. « Depuis deux ans déjà, plus rien ne me fait ressentir cette poussée d’adrénaline » , affi rme Stoner. Et quand le plaisir n’est plus là, l’émulation n’a plus de sens : « Le besoin de compétition n’est plus au centre de ma vie, ce n’est plus une nécessité d’essayer d’être devant mes concurrents à tout prix. Si je veux me mesurer aux autres, je peux le faire sur ma Xbox, ou avec mes voitures télécommandées, là, je m’amuse vraiment. » En ce qui concerne ses projets futurs, il ne s’impose aucune contrainte : « Je pourrais participer à quelques courses de voiture à l’avenir, mais pas au championnat australien, plutôt quelques épreuves de tout- terrain à l’occasion, mais ça reste juste une possibilité, je ne me suis engagé en rien. » Sans oublier la famille, bien sûr : « À un moment donné, j’aimerais aussi faire un voyage en famille en caravane : aller à la pointe la plus au nord du pays à Cape York, continuer vers l’Ouest à Darwin pour redescendre ensuite dans les Kimberleys. » Toutefois, c’est avec une bonne dose de taquinerie que Stoner s’amuse à ne pas totalement exclure son retour en MotoGP. Car il y a bien une condition qui lui ferait reconsidérer sa position... mais cette condition étant tout à fait improbable, on comprend la malice dont fait preuve l’Australien sur le sujet. En effet, si l’électronique était exclue des machines, il serait alors possible pour lui de retrouver le plaisir du pilotage et de la compétition.
RETOUR VERS LE FUTUR
« S’ils se débarrassaient de l’électronique et augmentaient de façon considérable la puissance des machines, là, j’envisagerais sérieusement mon retour. Et si les 4- temps faisaient 300 ch et ne comportaient plus d’électronique – voire des 750 ch 2- temps –, alors les choses pourraient être intéressantes. Je veux plus de chevaux et moins de dispositifs qui facilitent le pilotage. Sous ces conditions seulement, je retrouverais du plaisir au guidon de ces motos. Les MotoGP actuelles ne sont toujours pas assez puissantes pour moi, c’était en tout cas mon ressenti après être descendu de la Honda à Motegi pendant les tests. Chaque fois que je suis à leur guidon, je veux plus de puissance. C’est pour ça que je me débats avec l’électronique ou avec les ingénieurs lorsqu’ils essaient de contrôler la puissance. Je leur ai demandé de supprimer le contrôle de traction pour pouvoir ressentir la puissance de la machine dans ma main droite. » Un souhait que l’on n’imagine pas exaucé de sitôt...
« PLUS RIEN NE ME FAIT RESSENTIR CETTE POUSSÉE D’ADRÉNALINE »