ROSSI / MASBOU
Les deux font la paire. Louis ( Moto2) et Alexis ( Moto3) forment un singulier duo. Coup de projecteur.
Amis et complices, Louis Rossi (à g.) et Alexis Masbou se sont rapprochés au fil des ans pour former aujourd’hui un singulier duo dans le monde des Grands Prix. Leur devise ? L’union fait la force.
Les traits tirés, visiblement inquiets du bon déroulement de leur soirée, Louis Rossi et Alexis Masbou s’affairent à régler les derniers détails à quelques minutes du début de la présentation de leur nouvelle saison. Présentation qu’ils ont choisie d’organiser du côté du Mans, au pôle européen du cheval. Savoir accueillir près de deux mille personnes pour un spectacle gratuit mêlant acrobates, dresseurs, cavaliers, artifi ciers et trialistes n’est pas forcément le premier attribut d’un pilote de Grands Prix. Cintrés dans leur queue- de- pie, talkie- walkie en main, les deux hommes se démènent comme s’ils étaient à la lutte pour une place sur le podium. Deux heures plus tard, les sourires ont remplacé l’inquiétude. Le public s’est régalé, et au- delà du spectacle proposé, tout un tas de personnes ont découvert l’univers de Louis et d’Alexis. « Cela faisait des semaines qu’on bossait
là- dessus, confi e le premier. Je suis vraiment heureux car nous avons atteint les deux objectifs que nous nous étions fi xés : ouvrir notre sport à un maximum de personnes et faire plaisir à nos partenaires. » Depuis qu’il a débarqué sur la scène internationale, Louis Rossi a toujours fait en sorte de fédérer des énergies pour réunir les budgets nécessaires afi n de courir au plus haut niveau. L’an dernier, en intégrant le team Tech3, le Manceau pensait enfi n pouvoir lever le pied et se consacrer davantage à sa préparation sportive. Il a replongé cet hiver. « Je n’avais pas le choix, explique- t- il. Si j’avais gagné tous les Grands Prix, je n’aurais pas été dans cette situation. » En octobre dernier, avant même la fi n de sa première saison en Moto2, Louis doutait de pouvoir repartir pour le championnat 2014. Récupéré par Zelos – une société de management de sportifs dirigée par Freddy Tacheny et dans laquelle est impliqué l’ancien
pilote Didier de Radiguès –, Louis Rossi a pu retrouver un guidon au sein de l’équipe espagnole SAG dirigée par Edu Perales et où courait l’an dernier Xavier Simeon, un autre pensionnaire de l’écurie Zelos. « Je n’ai pas le talent de Marquez, mais je bosse, dit fi èrement le Manceau. Je ne m’arrête jamais. Je ne suis pas le cheval sur lequel on parie, mais depuis quatre ans que je suis en Grands Prix j’ai quand même fait du chemin. Il me faut plus de temps que les autres, je sais que j’ai besoin encore d’expérience. C’est pour cela que je suis très heureux d’avoir aujourd’hui accès à cette équipe avec laquelle Xavier a fait de belles choses l’an dernier. Je le dois à Zelos. Plus on grimpe, plus c’est diffi cile de mettre ses partenaires en avant. Trouver des sponsors est compliqué. »
SOUS LE SMOCKING OU LE CUIR, LA MÊME TÉNACITÉ
Volontaire et entrepreneur dans l’âme, Louis Rossi a toujours su fédérer. En 2011, il avait créé le GFD, le Groupe des Français en détresse. « On pourrait aussi l’appeler le GFP, pour Groupe des Français en perdition » , plaisantait alors celui qui était sociétaire de l’équipe 125 Matteoni. Avec Mike Di Meglio, Valentin Debise et Alexis Masbou, Louis organisait des séances de travail communes durant les week- ends de Grands Prix. L’idée était de s’épauler les uns les autres pour tenter d’avancer. « Mike et Valentin nous regardaient rouler pendant la séance 125 et nous allions les voir du bord de la piste pensant leur séance Moto2. On se retrouvait ensuite pour discuter et se donner des conseils. On regardait ensemble les vidéos des essais, on parlait du circuit, on prenait des notes sur un plan... On est
plus forts à plusieurs que tout seul. » C’est cette dernière réfl exion qui a conduit Alexis Masbou à se joindre à Louis pour présenter lui aussi sa saison 2014 avec le team Ongetta de Mirko Cecchini. « On s’est dit qu’à deux, ce serait plus facile de faire quelque chose de grand pour marquer les esprits, explique l’Albigeois. Généralement, les présentations ne sont jamais très glamour. Cette fois, je crois qu’on a fait un truc sympa. Louis et moi sommes très différents de caractère, mais on veut toujours aller de l’avant et repousser nos limites. Cela nous permet d’être complémentaires sur ce genre d’organisation. » Le nouveau pilote du team SAG en convient : « Je suis plus direct avec les gens, Alexis a plus de tact. Au fi nal, on s’apporte beaucoup l’un à l’autre. » Aujourd’hui amis, les deux pilotes tricolores ont rapidement sympathisé quand Louis a débarqué en GP. « Alexis n’a jamais été avare de conseils avec moi, dit le Manceau. Techniquement, il m’a beaucoup apporté. Il a un feeling incroyable avec le pilotage, chose que je n’ai jamais eue. Il m’a aidé à devenir moins bourrin en m’expliquant comment, techniquement, les choses fonctionnent. » De son côté, Alexis dit aussi avoir beaucoup appris de son compatriote. « Louis m’a permis de me rendre compte que j’étais parfois trop gentil... Il m’a aussi aidé à me mettre plus en avant, chose que j’ai du mal à faire. Cette année, c’est la première saison où je suis à peu près serein fi nancièrement avant le premier Grand Prix. Au début, j’étais moto- moto- moto. Avec Bronec, il fallait ne penser qu’à ça, manger moto, vivre moto... Je me suis rendu compte avec Louis que je ne pouvais pas fonctionner comme ça. J’ai besoin d’évacuer, et travailler sur des projets comme celui- ci est un excellent moyen de le faire tout en s’ouvrant aux autres. »