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ROSSI : DERNIÈRE ?...

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Alors que beaucoup l’annoncent à la retraite, Rossi s’est montré des plus à l’aise pendant les tests.

Comme Mick Jones en 1981, Valentino Rossi s’interroge aujourd’hui sur la suite à donner à sa carrière. Le nonuple champion du monde devrait décider d’ici le mois de juin s’il rempile pour une saison ou s’il prend sa retraite à la fin de l’année.

« ROSSI VEUT Y ARRIVER ET IL VA Y METTRE TOUTES SES FORCES » DAVIDE BRIVIO

Le 16 février, Valentino Rossi a fêté son trente- cinquième anniversai­re. Un âge canonique pour un pilote de Grands Prix. Cette saison, seul Colin Edwards affi che un compteur plus élevé que le nonuple champion du monde, du haut de ses quarante ans. Mais alors que le Texan poursuit sa carrière dans l’anonymat du peloton avec la seule ambition de grappiller quelques dollars de plus, Rossi n’a toujours pas renoncé à la victoire. En fi n de contrat avec Yamaha en novembre prochain, l’Italien pense même à renouveler son bail. « Je déciderai de la suite à donner à ma carrière au début de l’été, confi e- t- il. Mon objectif, c’est de me battre avec Marquez, Lorenzo et Pedrosa pour une place sur le podium. Si, comme l’an dernier, je termine régulièrem­ent loin d’eux, je prendrai ma retraite. Sinon, je continuera­i au moins jusqu’en 2015. Autant dire que cette saison sera pour moi cruciale. » Les dirigeants de Yamaha qui veulent en faire leur ambassadeu­r attendront bien évidemment sa décision. Rien ne presse pour ceux qui doivent à l’Italien leur retour au premier plan.

SE BATTRE POUR LE PODIUM OU PRENDRE SA RETRAITE

Pour l’heure, Rossi continue à travailler avec l’envie d’un jeune premier. « Il est loin de penser à s’arrêter, estime Davide Brivio, ancien manager du team Yamaha MotoGP et proche du pilote italien. Il est toujours aussi motivé et passionné. Depuis la fin de la saison 2013, il s’applique à tout réunir pour réussir le défi qu’il s’est lancé. Je le connais, il veut y arriver et il va y mettre toutes ses forces. » Rossi, lui, pense pouvoir encore progresser. « L’an dernier, il m’avait fallu plusieurs mois pour retrouver mes sensations avec la M1 après mes deux saisons chez Ducati, confi e- t- il. Cette année, j’ai attaqué les tests en Malaisie en me sentant déjà chez moi. Les ingénieurs m’ont aussi beaucoup aidé pour résoudre les problèmes que j’ai rencontrés la saison passée sur les phases de freinage. Notre boîte de vitesses a progressé, tout comme la gestion électroniq­ue du frein moteur, et j’ai tout de suite roulé plus vite que l’an dernier. Je suis vraiment très content et optimiste pour la suite. » Bernard Ansiau, l’un des mécanicien­s qui le suit depuis son passage en classe reine en 2000, est convaincu que Rossi peut y arriver. « Cette année, l’objectif c’est de fi gurer régulièrem­ent dans le Top 3, reprend le Belge. Vale doit retrouver sa bonne vieille recette : “Un an pour apprendre, un an pour gagner.” Ça fait une année qu’il a retrouvé la Yamaha et il démontre aujourd’hui qu’il peut toujours rouler vite. La clé, ça sera de rester

« J’AI ATTAQUÉ LES TESTS EN MALAISIE EN ME SENTANT DÉJÀ CHEZ MOI »

à ce niveau toute la saison. Et pour cela, il faudra mieux réussir les débuts de course que l’an dernier. » Cet hiver, le pilote Yamaha s’est aussi employé à faire évoluer son style pour moins solliciter ses pneus en passant moins de temps sur l’angle. Matteo Flamigni, responsabl­e de l’acquisitio­n de données des motos de Rossi, est l’un des plus enthousias­tes à l’aube de cette nouvelle saison.

« UN AN POUR APPRENDRE, UN AN POUR GAGNER »

« Valentino est de retour au top, s’enfl amme l’Italien. Il est concentré à 100 % sur son sujet, il a bossé tout l’hiver pour se préparer physiqueme­nt et mentalemen­t à ce championna­t... Et nous avons trouvé des solutions intéressan­tes pour améliorer ce qui l’ennuyait l’an dernier en entrée de virage. » Même Carlo Pernat qui, il y a encore quelques mois, voyait Rossi au bord du naufrage, imagine déjà son ancien protégé donner du fi l à retordre au trio espagnol. « Il m’étonne, avoue l’ancien directeur sportif d’Aprilia. Je l’ai rarement vu aussi motivé et préparé à en découdre. L’an dernier, Valentino a mis très longtemps à se remettre de son passage chez Ducati. Il a fallu qu’il reprenne confi ance avec l’avant de sa moto et efface de son esprit toutes les chutes des deux saisons précédente­s. Aujourd’hui, il a repris ses marques chez Yamaha, et il a même réussi à imposer à nouveau sa touche alors que l’an dernier, il avait dû composer avec une moto faite pour Lorenzo. N’oublions pas que lorsqu’il a remis les pieds chez Yamaha, la moto qu’il a trouvée n’était plus la sienne. Et Jeremy Burgess ne lui a pas été d’un grand secours. Comme avec Valentino, je pense que les deux saisons chez Ducati lui ont également fait perdre le fil. » Est- ce pour cela que l’Italien a décidé de se séparer de son fi dèle chef mécanicien australien ? « J’avais besoin d’un changement, répète Rossi. Jeremy n’était pas sûr de vouloir continuer encore longtemps, de mon côté j’avais besoin de sentir plus d’engagement à mes côtés. » C’est comme cela qu’a

« S’IL A DÉCIDÉ DE CHANGER DE CHEF MÉCANICIEN, C’EST QU’IL Y CROIT » MATTEO FLAMIGNI

débarqué Silvano Galbusera. Ancien directeur technique de l’équipe offi cielle Yamaha en Mondial Superbike et Supersport, cet Italien de 59 ans est un proche de Massimo Meregalli, aujourd’hui directeur de la structure Yamaha MotoGP. Ensemble, les deux hommes ont notamment aidé Ben Spies à décrocher son titre de champion du monde. Et c’est logiquemen­t Meregalli qui a souffl é le nom de Galbusera à Rossi. Lorsque le nonuple champion du monde est remonté sur une moto, en l’occurrence une Yamaha R1, après s’être cassé la jambe en 2010, c’est le technicien italien qui est venu l’assister. « J’ai tout de suite apprécié sa façon de travailler, raconte Valentino. On était sur la même longueur d’onde. » Alors quand il a décidé de se séparer de Burgess, le nonuple champion du monde s’est vite laissé convaincre par Meregalli. « Silvano lui apporte aujourd’hui son expérience mais aussi son enthousias­me, affi rme Massimo. C’est quelqu’un qui fait confi ance au pilote et qui se remet toujours en question pour s’adapter aux innovation­s technologi­ques. Il aime apprendre. » Comme Rossi. « Le fait de parler italien me facilite aussi la tâche » , note le pilote Yamaha. Et si Galbusera n’a encore jamais travaillé en MotoGP, cela n’a pas d’importance à ses yeux. « Il n’y a pas de grande différence entre ce qu’il a fait en Superbike et sur ce qui se fait en MotoGP » , estime Valentino.

« SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDE » AVEC GALBUSERA

Pour Flamigni, l’arrivée de Galbusera en dit long sur la volonté et le courage du pilote italien. « S’il a décidé de changer de chef mécanicien, c’est qu’il y croit, affi rme Matteo. Il aurait très bien pu fi nir sa carrière en boulant cette dernière saison, en se plaignant de Burgess et de l’équipe, en mettant ses résultats sur le compte du manque d’investisse­ment de ses technicien­s. Aujourd’hui, il met ses couilles sur la table, et je crois qu’on peut lui tirer notre chapeau. » Visiblemen­t en pleine confi ance, Rossi a par ailleurs retrouvé son sens de l’intox. Début février alors que Lorenzo déplorait le comporteme­nt d’un moteur jugé trop agressif avec les nouveaux réglages destinés à réduire sa consommati­on, l’Italien ne manquait pas de souligner à nouveau les progrès de sa Yamaha. « C’est vrai qu’elle est un peu plus délicate à exploiter, précisait le nonuple champion du monde. Mais cela ne perturbe pas mon pilotage. » Ce qui n’était visiblemen­t pas le cas pour son coéquipier. Quoi qu’il en soit, le dernier défi de Valentino Rossi risque d’être le plus diffi cile de sa carrière. « C’est un vrai compétiteu­r, rappelle Brivio. S’il voit qu’il ne peut plus espérer jouer dans le Top 3, il lâchera l’affaire. » Et pourquoi pas une dernière saison avec lui chez Suzuki ? « Non, Valentino a décidé de fi nir sa carrière chez Yamaha, assure son ancien manager. Il sait qu’une place d’ambassadeu­r l’attend aux côtés d’Agostini quand il raccrocher­a. »

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