GP Racing

LES ENJEUX DE 2014

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Que nous réserve cette 66e saison de Grands Prix ? GP Racing passe tout en revue.

Même s’il n’a pas pu se préparer cet hiver comme il l’aurait souhaité, Marc Marquez sera bel et bien l’homme à battre en 2014. Fort d’une première saison en MotoGP où rien ne lui a résisté, équipé d’une Honda toujours plus performant­e, soutenu à 200 % par un HRC en colère, le prodige espagnol est parti pour faire encore très mal.

VALENTINO ROSSI

« ÇA SERA PLUS FACILE POUR MARC CETTE SAISON » EMILIO ALZAMORA

Àla question « quel sera cette année l’adversaire le plus dangereux pour Marquez ? » , la réponse est toute faite : lui- même ! En 2013, alors qu’il effectuait ses débuts en classe reine, le protégé d’Emilio Alzamora avait très vite fait savoir qu’il serait capable de reproduire en MotoGP les exploits qui avaient bâti sa légende en Moto2. Vainqueur de six Grands Prix – soit un tiers des courses du championna­t – et titré en fi n d’année, Marquez a multiplié l’an dernier les coups d’éclat et dépossédé Freddie Spencer, le prodige des années 80, de tous ses vieux records. Flamboyant, l’Espagnol a tout de même eu aussi beaucoup de chance. Alors que Lorenzo et Pedrosa ont payé cash leurs deux erreurs de la saison, Marquez est en effet passé au travers des dégâts qu’auraient pu lui valoir ses très nombreuses chutes. « C’est bel et bien ce qu’il faudra corriger cette saison, annonce Alzamora. Marc ne pourra pas se permettre de commettre autant de fautes qu’en 2013, mais je suis très confi ant. L’expérience qu’il a acquise au cours de sa première saison avec la Honda RCV va lui permettre de corriger le tir. Il est rapide mais aussi très intelligen­t. Il n’est pas du genre à répéter les mêmes erreurs. L’an dernier, il était en permanence à la limite pour rester avec les autres, ça sera plus facile pour lui cette saison. » Corriger le tir est une chose, maîtriser son tempéramen­t de feu en est une autre. Amateur de bagarres et de panache, Marc n’a jamais été du genre à jouer les épiciers, et on ne voit pas pourquoi ce trait de caractère disparaîtr­ait subitement. S’amuser sans calculer pourrait d’ailleurs

CET ACCIDENT AURAIT PU ARRIVER À N’IMPORTE QUI MARC MARQUEZ

être la devise de « Mister Sourire » . Cet hiver, le champion du monde s’est fracturé un péroné lors d’une séance d’entraîneme­nt en dirt- track. Un accident qui aurait bien évidemment pu arriver à n’importe quel autre pilote, mais qui rappelle par ailleurs que dans le sport moto, personne n’est à l’abri d’un malheureux contretemp­s. Coup de bol pour Marquez, cette blessure et ce rappel à l’ordre sont arrivés assez tôt pour qu’il puisse s’en remettre avant l’ouverture du championna­t. Par rapport à ses adversaire­s, Marc n’a fi nalement raté que la seconde séance de tests à Sepang et les trois jours d’essais pneumatiqu­es organisés par Bridgeston­e pour les pilotes offi ciels à Phillip Island. « Rien de grave, affi rme Livio Suppo, le manager du team Honda Repsol. Marc sera rétabli à temps, et il a désormais assez d’expérience pour que son absence aux derniers tests ne soit pas un problème. D’autant qu’il avait très bien roulé à Sepang 1 et qu’il avait eu le temps de valider les évolutions mises alors à sa dispositio­n. Et puis n’oublions pas que l’époque où le HRC changeait de machine d’une saison à l’autre est révolue. On a depuis deux ans une bonne moto, et nous n’avions pas besoin de tout remettre en question cet hiver. » Cela valut suffi samment de déconvenue­s aux Japonais pour qu’ils s’en souviennen­t. Depuis l’arrivée de Shuhei Nakamoto à la tête du service course Honda, on travaille sur la durée et dans les détails. Quoi qu’il en soit, lors de cette première séance d’essais du mois de février, Marc Marquez a eu le temps de faire forte impression et de rappeler qu’il est bel et bien aujourd’hui le nouveau patron du MotoGP. Après avoir battu le record de la piste que détenait Casey Stoner depuis le mois de février 2011, l’Espagnol a bouclé une simulation de course qui a laissé tout le monde sans voix. Améliorant de vingthuit secondes le temps qu’il avait réalisé lors du dernier Grand Prix, Marquez a placé la barre bien trop haut pour ses adversaire­s. « J’ai profi té des excellente­s conditions de piste, expliqua- t- il. Nous n’avons pas eu de pluie pendant trois jours, et j’ai réalisé mes meilleurs tours durant la matinée, avant qu’il ne fasse trop chaud. L’important était de pouvoir évaluer tout ce que le HRC avait apporté ici. La nouvelle moto fonctionne bien, mais il n’y a tout de même pas de grosse différence avec la version 2013. Je pense que l’on peut encore progresser,

notamment au niveau du grip en sortie de virage et de la vitesse de passage en courbe. » Soit ce qui était l’an dernier les deux points forts de la Yamaha M1. Petit problème pour cette dernière, et donc pour Lorenzo et Rossi, Bridgeston­e a modifi é ses pneumatiqu­es en les dotant d’un traitement de protection destiné à éviter qu’ils ne prennent trop de températur­e.

DES PNEUS QUI FONT DÉBAT

Lors de la seconde séance d’essais à Sepang, cette nouvelle enveloppe a plongé Lorenzo dans une colère noire. « C’est un désastre, confi ait le Majorquin après avoir dû se contenter du septième chrono à sept dixièmes de seconde de Rossi et Pedrosa. Je n’ai pas de feeling en entrée de virage et aucun grip sur l’angle. Ce nouveau pneu est censé améliorer la sécurité, or c’est pour moi tout le contraire. Je suis d’autant plus pénalisé que j’ai un style de pilotage qui favorise la vitesse de passage en courbe. J’essaie de modifi er mon pilotage, mais je suis loin du compte. » Même après avoir signé le meilleur chrono de ces trois jours, son coéquipier italien se montrait, lui aussi, critique à l’endroit de Bridgeston­e. « Ce nouveau pneu arrière manque vraiment de grip sur l’angle maxi, notait Rossi. Il semble avoir été fait pour les pilotes Honda qui redressent plus vite leur moto en sortie de virage afin d’exploiter les caractéris­tiques de leur moteur. » Marc Marquez avait- il vraiment besoin de cela ? « Il ne faut pas trop se fi er à ce qu’on a pu observer à Sepang, tempère Livio Suppo. Je suis persuadé qu’on retrouvera cette année Marc, Dani et Jorge au coude- à- coude. Ces trois- là sont aujourd’hui au- dessus du lot, et je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de différence entre la Honda et la Yamaha. D’un circuit à l’autre, l’avantage peut changer de camp mais au fi nal, l’équilibre sera respecté. » Il ne reste plus qu’à l’espérer.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France