GP Racing

CHRONIQUE M. SCOTT

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Michael revient sur une étonnante nouvelle catégorie en MotoGP appelée « Factory 2 » .

l y a de nombreuses années, j’avais remarqué que, de manière générale, les motards étaient plus imprégnés de culture qu’ils voulaient bien le faire croire... Comme ce Hell’s Angel que j’avais croisé dans les transports en commun. Il lisait L’Abbaye de Northanger, de Jane Austen. Ceci étant dit, lorsque la Dorna a pris le contrôle du championna­t du monde Superbike et MotoGP quelque 18 mois plus tôt, j’ai donné à son PDG, Carmelo Ezpeleta, le surnom de « Grand Pooh Bah » . J’étais certain que les lecteurs verraient immédiatem­ent la référence au grand et puissant personnage de Mikado, l’opérette de Gilbert et Sullivan. « Grand Pooh Bah » : le commandant en chef, le grand amiral, l’archevêque, etc. Les derniers événements ( la création de la catégorie Factory 2) suggèrent un bien meilleur surnom dans un genre musical plus moderne, tiré d’une chanson du groupe Abba. En effet, Carmelo devrait peut- être se faire appeler la « Dancing Queen » ( Reine du dance fl oor). Que les choses soient claires. Cet homme d’affaires espagnol n’a rien à en commun avec une quelconque royauté. Et l’idée de le voir sur une piste de danse n’est pas particuliè­rement réjouissan­te. Mais la vitesse de son incroyable jeu de jambes contraste avec son apparence solide et son style de gestion direct et bourru. Depuis 1992, lorsque la Dorna s’est emparée du monde de la course, Ezpeleta est parti en campagne contre le contrôle du championna­t par les usines. Cela a pris de nombreuses années, avec menaces et poings sur la table à la clé. Et, des deux côtés, des fausses promesses et des initiative­s avortées. Générant un flot ininterrom­pu de changement­s de règles, de révisions et de restrictio­ns techniques. Pour arriver à quoi ? À la création, ces deux dernières années, d’une génération CRT... Pour 2014, Ezpeleta a remporté une grande victoire. Sa menace de bannir les usines et de changer les MotoGP en tas de ferraille, a accouché – grâce à un nouvel accord avec lesdites usines – d’une sorte de catégorie de machines d’usine de second plan baptisée « Open » . Catégorie qui doit être accessible aux teams indépendan­ts pour un prix raisonnabl­e. Honda a même accepté de travailler sur une réplique de leur engin, la RCV 1000R. Un air de déjà- vu : une production de motos moins performant­es, mises en vente, avec la garantie de ne pas pouvoir atteindre une vitesse suffi sante pour menacer les machines offi cielles. Le plan a mal tourné avant même de commencer. D’abord, parce que Yamaha a brisé « l’esprit de la règle » , ou plutôt parce que l’usine a été prise au dépourvu. Yamaha ne voulait rendre que ses moteurs disponible­s. Les circonstan­ces l’obligeant à revoir sa copie ( comprendre : aucune alternativ­e n’étant possible), il leur a fallu fournir d’anciennes motos

Id’usine au team NGM Forward, comme celles utilisées par le team Monster en 2013. Et pendant les premiers essais hivernaux, on a constaté qu’Aleix Espargaro était aussi, voire plus rapide, que les Honda et les Yamaha d’usine. Puis, aux essais suivants, une surprise plus grande encore. À vrai dire, deux. La première était un logiciel de contrôle nouvelle génération créé par Magneti Marelli. Dont la ressemblan­ce avec celui déjà développé de pair avec Ducati est troublante ( Ndlr : il se dit même qu’une simple mise à jour aurait permis aux Ducati « Open » de récupérer toutes les données des Ducati usine. Mais cette usine à gaz nécessite, soit beaucoup de personnels, soit une connaissan­ce parfaite des logiciels) ... La seconde était plus inattendue. Ducati a en effet remanié son formulaire de participat­ion, passant de la catégorie usine à la catégorie Open. Les Ducati sont donc maintenant de très bonnes machines de course, qui disposent d’énormes avantages : plus de carburant ( 24 litres contre 20), beaucoup plus de moteurs ( 12 contre 5 avant), des essais illimités, une liberté de modifi er leur moteur ( il est interdit d’apporter des changement­s aux motos d’usine), et des pneus plus tendres. À ce moment précis, si Yamaha avait l’air tout aussi ennuyé que satisfait, Honda était furieux. Surtout en constatant la rapidité de Dovi en Australie. On peut être absolument certain que les oreilles d’Ezpeleta ont dû siffl er pendant que Shuhei Nakamoto ( boss du HRC) vociférait des menaces à vous glacer le sang. Il devrait s’inquiéter. Il prévoit en effet que toute l’électroniq­ue de contrôle ( et les coûts y étant liés) soit identique pour tous en 2016. Cependant, devant les grognement­s provenant directemen­t des usines, il était temps d’exécuter un nouveau petit pas de danse dont il a le secret. Une fi èvre du samedi soir pour la Dancing Queen. En quelques jours, il a donc répondu, avec sa méthode habituelle, annonçant des changement­s de règles, sans prévenir personne offi - ciellement, dans une interview accordée à la presse espagnole. Et voilà, une nouvelle catégorie était née. Elle s’appelle Factory 2 ! Pour la sélection, il y a trop d’éléments à satisfaire pour être considéré comme une simple « Open » . L’annonce offi cielle publiée sur le site du MotoGP quelques jours plus tard a parfaiteme­nt éclairci la situation. Bien que s’appliquant à toutes les machines Open, il s’agissait bien d’une sanction pour Ducati. Le directeur général, Javier Alonso, a déclaré que les résultats des tests démontraie­nt clairement que, non seulement l’électroniq­ue de commande nouvelle génération permettait de meilleures perfs, mais que « le seul manufactur­ier prêt à utiliser ce logiciel est Ducati » . Le plan qu’ils proposaien­t à la Commission des GP était « de trouver un équilibre qui ne donne pas un a vantage à un manuf acturier en particulie­r ». Sera- t- il adopté par la Commission ? Bien sûr que oui. « Dancing Queen » fera en sorte que ce soit le cas... En réalité, c’est déjà plus ou moins inscrit dans les règles. Et si ça ne marche pas ? Il retournera sur son dance fl oor. Pour changer les règles, une fois de plus

APRÈS LE CRT ET L’OPEN, « DANCING QUEEN » NOUS SORT DE SA POCHE LA FACTORY 2

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