GP Racing

GIMBERT/DA COSTA / FORAY NOUS SERONS DEVANT

- Par Jean-Aignan Museau.

Avec trois champions du monde aux commandes, la Honda n° 111 s’annonce particuliè­rement bien armée. Sébastien Gimbert, Freddy Foray et Julien Da Costa s’en expliquent.

Comment est-on venu vous débaucher ?

Freddy Foray : J’étais déjà dans le giron pour ma saison IDM ( Ndlr : le championna­t allemand) et j’avais déjà eu des contacts au sujet de l’endurance. Dès que le programme a été dans les tuyaux, l’affaire s’est faite très rapidement.

Julien Da Costa : J’avais plusieurs pistes. Le SERT était prêt à me reconduire, Kawasaki m’avait approché. Mi- octobre, j’ai reçu un mail de Neil ( Tukworth) où il m’expliquait le projet et le degré d’implicatio­n de Honda. Nous sommes très vite arrivés à nous entendre. Sébastien Gimbert : À la base, je suis un « pur produit » Honda. Chaque année se pose la question pour la structure française de savoir s’ils ont ou non l’intention de se réengager en endurance. Cette fois c’était aux 24 Heures du Mans, entre deux relais. Ils m’ont répondu qu’il y avait une opportunit­é. J’ai sauté sur l’occasion, d’autant plus que j’avais vraiment envie de changement.

Quitter votre employeur précédent n’a pas été trop dur ?

SG : Non. J’étais mûr pour me lancer un nouveau défi . Je ne regrette pas mon choix. JdC : 2013 n’est pas une année que je retiendrai­s, même si nous sommes champions du monde. Les deux courses de 24 heures ont été un échec total alors que sur le papier, nous avions le meilleur équipage, la meilleure équipe technique, la meilleure base de moto et au fi nal trop de précipitat­ion nous a conduit à deux courses ratées. Je n’ai aucun regret.

FF : Après ma mauvaise année en Allemagne, il n’était pas prévu que je continue. Et comme je voulais vraiment revenir en endurance...

POUR LA PREMIÈRE FOIS, LES TROIS PILOTES SONT RÉUNIS DANS LA MÊME ÉQUIPE

Par rapport à vos précédente­s motos respective­s, comment situez-vous la Honda ?

SG ( ex- BMW) : À chaque fois que j’ai roulé sur des Honda, j’ai toujours été surpris par la facilité des moteurs. Ils sont linéaires, sans brutalité et très puissants malgré tout.

JdC ( ex- Suzuki) : Lors des premiers essais sur le circuit de Mireval, qui est « LE » circuit Suzuki ( Ndlr : il s’agit en fait du circuit Dunlop, mais Suzuki étant les seuls, jusqu’à présent, à rouler en Dunlop, c’est un raccourci de langage naturel), je n’ai pas été du tout dépaysé. De par la structure du pneu, les deux machines se comportent un peu de la même façon. J’avais même l’impression d’être sur la même moto. C’était plus compliqué l’an dernier lorsque je suis passé de la Kawasaki en Pirelli à la Suzuki en Dunlop.

FF ( ex- Honda Superstock) : Si la Superstock est un peu différente en raison du règlement, la machine d’endurance est très proche de ce que je connais de la Suzuki. Si ce n’est qu’avec la Honda, on est tout de suite mis en confi ance par un train avant génial et une partie- cycle compacte et très maniable. Quand on aura terminé de bosser dessus, on devrait vraiment se retrouver avec quelque chose de top !

Séb, tu es le seul à ne pas avoir roulé en Dunlop la saison dernière, comment se passe l’adaptation après plusieurs années avec Michelin ?

SG : Ce sont deux pneumatiqu­es de très haut niveau. C’est sûr qu’un temps d’adaptation est nécessaire. Mes coéquipier­s m’aident beaucoup pour trouver les bonnes directions. Ils connaissen­t parfaiteme­nt le sujet.

C’est la première fois que vous travaillez tous les trois sur la même moto. Comment ça se passe entre vous pour le choix des réglages ?

FF : À force de se voir rouler on se connaît pas mal tous les trois... Et nous avons

l’immense avantage d’avoir des styles de pilotage qui se rapprochen­t énormément. De plus, nous avons des retours d’informatio­ns qui vont toujours dans la même direction. Si les choses continuent comme ça, nous allons en faire une véritable force pour le futur.

JdC : Séb est certaineme­nt l’un des adversaire­s avec lequel je me suis le plus bagarré. Je l’ai donc beaucoup suivi et je me suis toujours régalé de le voir utiliser les mêmes repères de freinage et les mêmes trajectoir­es que moi. J’avais l’impression de me voir rouler. Et l’an dernier, lorsque je disputais le championna­t de France avec la Suzuki de Superbike, j’utilisais très souvent les réglages de Freddy...

SG : Jusqu’à maintenant, nous étions adversaire­s et l’on ne se connaissai­t donc pas sur le plan du travail de mise au point. Mais le fait que nous ayons les mêmes remontées d’informatio­ns sur les motos est quelque chose de très important. Nous avons tous les trois le même niveau de pilotage et cela nous apporte une vraie sécurité. Nous n’avons su que très tardivemen­t que nous roulerions ensemble et ce fut un véritable soulagemen­t. On travaille ensemble sur les tous les points sans chercher à tirer la couverture d’un côté ou de l’autre. La décision fi nale sur les réglages est prise en commun, encore beaucoup plus cette année que d’habitude.

Avez-vous été obligés de faire beaucoup de compromis ?

En choeur : Non !

FF : J’ai eu le souvenir d’avoir eu à en faire beaucoup plus. Là, lorsqu’il faut nous adapter c’est plus sur des positions de guidon, de repose- pieds ou de selle. Ce sont des détails liés au confort, mais pas à la défi nition générale de la moto comme pourrait l’être des réglages de partie- cycle. Et souvent, il y a deux pilotes qui prennent le dessus, là nous sommes tous les trois d’accord. Il y a vraiment une stratégie à trois. Ça va payer.

Ça vaut quoi comme résultat un équipage comme le vôtre sur la Honda ?

SG : On peut largement se battre pour le titre. L’équipe a beaucoup d’expérience, les trois pilotes que nous sommes ont tous déjà été champions du monde... Toutes les cartes sont entre nos mains, même si l’endurance garde une part d’incertitud­e propre à la discipline.

JdC : La bonne idée serait d’être tout de suite devant. Dès les premières heures de course du Bol d’Or. Après, c’est de l’endurance, et tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre, même si nous sommes les plus rapides en piste. L’idéal, ce serait d’être dans le Top 3

ILS ONT LES MÊMES ENVIES ET EXIGENCES EN MATIÈRE DE RÉGLAGES

LA HONDA POURRAIT ÊTRE LA MACHINE À BATTRE EN 2014

aux qualifs puis de jouer la tête en début de course. En fait, il faudrait que le Bol soit une mise en place de nos performanc­es avant une montée en puissance...

FF : Notre premier adversaire reste nousmêmes. Nous avons encore beaucoup de choses à construire avec le team et les pilotes. Nous n’avons encore jamais rien fait ensemble et tout est à mettre en place. On verra à l’arrivé du Bol d’Or qui sera là. L’endurance peut parfois être frustrante. Même si en amont, on fait un super boulot, quelque chose peut venir tout balayer au dernier moment...

Vous avez eu une session de préparatio­n commune à tous les pilotes Honda mi-décembre. Que vous a-t-elle apporté ? JdC : Nous retrouver avec tous les pilotes européens, du MX à l’enduro, en passant par le BSB et championna­t du monde de Superbike, est quelque chose de sympa. On a beaucoup travaillé pour connaître notre niveau. Après, dans notre cas, ça fait quinze ans que l’on roule, que l’on se prépare chaque hiver et nous n’avons pas attendu ce stage pour tout changer. Mais il nous a permis de pointer nos faiblesses, de peaufi ner de nos points forts sans rien révolution­ner.

Au final, qu’est-ce qui vous a fait venir chez Honda ? Un pont d’or ? ( Ricanement collectif) Non. Nous sommes dans les tarifs habituelle­ment pratiqués. C’est le programme sportif qui nous a attirés plutôt que l’aspect fi nancier.

Alors, outre le championna­t du monde d’endurance, qu’allez-vous faire de votre saison ? FF : Avoir un autre programme que l’endurance était ma première requête lorsque nous avons entamé les discussion­s. Disputer seulement cinq courses dans l’année n’est pas possible. Du coup, je fais le championna­t Superstock du BSB qui compte dix- sept courses cette saison ! Un gros programme, comme je n’en ai jamais eu. Mais vu le rythme imposé dans les premières heures de course, il est indispensa­ble de faire un championna­t de vitesse. Après, à trois heures du matin, ce n’est pas ce qui fera la différence mais ça permet de garder un rythme. Ça me donne aussi l’occasion de participer à quelque chose de plus jouissif que l’endurance.

JdC : Il y a un programme de développem­ent de la Honda Superbike pour le championna­t anglais qui sera clos par ma participat­ion aux quatre dernières courses du BSB. La vitesse permet une gestion de la pression bien plus effi cace dans les premières heures de course. On a bien vu que ceux qui ont fait des erreurs ( voir interview de Vincent Philippe, p. 142) étaient des pilotes qui se consacraie­nt à l’endurance à 100 %. Pour la gestion du stress, ça amène vraiment quelque chose. De plus, comme tous les pilotes d’endurance je pense, j’aime la vitesse.

SG : Je n’ai rien à voir avec le BSB. Avec l’aide de Honda France, j’ai monté ma structure « Race Experience » , team offi ciel de Honda en championna­t de France. J’en serai le représenta­nt en SBK mais nous y accueiller­ons aussi l’un de nos espoirs français en la personne de Hugo Casadeus.

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