Priorité au « couple »
Dans la réalité, la demande du pilote au niveau de sa poignée n’est plus traduite par une simple demande d’ouverture des papillons, fut-elle compensée par la position de la moto, mais par une requête de couple à la roue arrière. L’ingénieur datas doit définir la relation entre la poignée de gaz et ce que le moteur fera. Il ne le fait plus en millimètres, en degrés ou en pourcentages, mais en Newton/Mètres, l’unité du couple. La relation entre la poignée de gaz et les papillons n’est plus du tout linéaire, comme c’était le cas avec le câble de gaz : on peut, par exemple, ouvrir le papillon un tout petit peu plus que ce que le pilote demande pour combler un éventuel trou dans la courbe de couple et avoir ainsi un moteur très lisse et contrôlable. Ainsi, le Traction Control ou l’anti-wheelie auront une valeur fixée en couple et l’ECU se débrouillera pour délivrer le couple résultant du calcul « requête pilote - réduction de couple ». Le fait de travailler en couple permet au moteur et à la moto d’avoir un comportement constant dans le temps, quel que soit le rapport engagé, et même si le chef mécano décide de changer le braquet ou les rapports de boîte en milieu de séance. Parler en couple plutôt qu’en position papillon offre également un frein moteur bien plus constant, puisque l’on règle directement la force de freinage de la roue arrière. C’est vraiment très efficace et explique la différence entre les styles Moto2 et MotoGP en entrée de courbe. Le côté négatif, c’est que chaque moteur doit en théorie être passé au banc avant d’être monté sur la moto, afin de savoir exactement quel couple il délivre pour chacun de ses points de fonctionnement. Dans la pratique, la qualité de fabrication des moteurs est telle que ces derniers sont absolument identiques et qu’un tel usage ne s’impose pas systématiquement. Dans cet environnement entièrement quantifié en couple, on comprend mieux l’importance du fameux capteur Honda en sortie de boîte (voir p.147) ! Une fois ce réglage de base établi, en général pour toute l’année, l’ingénieur datas réutilise les pourcentages d’ouverture de papillons pour communiquer avec son pilote. Ce langage est plus imagé et permet de définir au mieux la valeur et la façon dont le couple va arriver, virage par virage.