GP Racing

PATRICK ISACCO L’HOMME QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES PILOTES

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Au crépuscule d’une carrière de technicien riche d’aventures et de succès, Patrick Isacco savoure le retour de Michelin en MotoGP. Portrait d’un vieux grognard de la maison clermontoi­se.

Il a retrouvé le championna­t MotoGP avec autant de plaisir qu’il avait eu de peine, sept ans plus tôt, lorsqu’il avait dû s’en éclipser, bouté loin des Grands Prix par l’avènement du monomarque et le choix de Bridgeston­e comme fournisseu­r de pneumatiqu­es unique. Même s’il n’est plus pratiquant depuis longtemps, préférant la course à pied aux risques des deux- roues, la moto a toujours beaucoup compté pour Patrick Isacco. « Ça me manquait, admet le Clermontoi­s. C’est une discipline où l’ambiance et le relationne­l avec les pilotes sont uniques. Rien à voir avec la voiture. Et puis le rôle de technicien est nettement plus important en moto qu’en auto. Il faut bien connaître son pilote pour le conseiller. En voiture, c’est la machine qui compte. » À 60 ans, cet Auvergnat pur jus est aujourd’hui l’un des piliers du dispositif humain déployé par Michelin en MotoGP. Technicien rattaché aux équipes Honda Repsol et Honda LCR, il a retrouvé nombre de vieilles connaissan­ces. En vingt saisons passées à la compétitio­n moto chez Michelin, Patrick en a en effet effectué seize auprès des pilotes offi ciels du HRC. Autant dire qu’il a côtoyé les plus grands : Gardner, Doohan, Crivillé, Kocinski, Beattie, Biaggi, Barros, Pedrosa, Hayden, Rossi… « Sans compter ceux que j’ai épaulés en 250 et en 125 comme Cadalora, Okada, Ukawa, Aoki, Bradl, Pons, Roth et quelques autres » , précise- t- il. Homme de dialogue, humble et discret, le technicien Michelin a toujours entretenu d’excellente­s relations avec ses pilotes, mais aussi avec les ingénieurs du HRC avec lesquels il a été amené à travailler. C’est donc tout naturellem­ent qu’il a repris langue avec eux lorsque le fabricant français a été désigné pour succéder à Bridgeston­e en tant que fournisseu­r du championna­t MotoGP. « Ça m’a fait vraiment plaisir, glisse- t- il. J’en connaissai­s pas mal, et ceux que j’ai découverts m’ont fait tout de suite très bonne impression, notamment Marc Marquez qui m’a étonné, dès nos premiers tests la saison dernière, par la pertinence de ses commentair­es. Et puis je connais très bien Santi Hernandez, son chef mécanicien, qui s’occupait des suspension­s des motos de Rossi au début des années 2000. »

« CHAQUE DÉPART EST SOURCE D’ADRÉNALINE »

Patrick Isacco dit même avoir été heureux de retrouver Dani Pedrosa, le pilote qui, en 2008, avait pourtant choisi de passer en Bridgeston­e en cours de saison, accélérant ainsi le naufrage de Michelin. « Sur le coup, ça m’avait fait très mal, reconnaît le technicien auvergnat. J’avais été très touché, j’en avais même pleuré. Ce n’était pas à titre personnel car j’avais de bonnes relations avec Dani, mais la maison ne méritait pas ça. » Né à Clermont- Ferrand en février 1956, Patrick Isacco est rentré

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