GP Racing

Un accident hors du commun

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place de Ramon Torras sur Bultaco, derrière Phil Read ( Yamaha). L’Espagnol était considéré comme l’un des meilleurs pilotes de son époque. Trois semaines plus tard, il se tua dans une course du championna­t national. Un autre grand, Salvador Cañellas, fl irtait régulièrem­ent avec ses limites pour extirper tout le potentiel de sa Bultaco TSS 125 cm3. Des spectateur­s affi rmaient l’avoir vu faire frotter ses bottes contre les ballots de paille en 1968. Même si sa machine prenait 7 secondes au tour de plus que les quatre- cylindres usine Yamaha de Bill Ivy et Phil Read, il aurait terminé troisième. C’était sans compter sur les problèmes de vilebrequi­n des deux Anglais qui lui laissèrent la victoire de son GP national. Après une absence de 13 ans, la catégorie 500 cm3 revint à Montjuïc en 1968. En 1970, Giacomo Agostini, déjà champion, sécha le GP de Barcelone et fut remplacé par Angelo Betgamonti qui remporta, pour la seule et unique fois de sa carrière, les deux courses 350 et 500 cm3. En 1972, MV fut le grand absent et la victoire revint à Bruno Kneubühler en 350 et à Chas Mortimer dont la Yamaha 350 cm3 surcalibré­e mit la Jada 500 cm3 de Jack Findlay à genoux.

LE TRACÉ ACCUEILLIT AUSSI LA F1 DE 1969 À 1975

À partir de 1969, le Royal Moto Club de Catalunya n’eut plus d’autre choix que d’autoriser l’alternance de l’accueil des GP avec Madrid. Les 24 Heures continuaie­nt d’être un événement annuel, mais le championna­t du monde de vitesse se délocalisa­it à Jarama tous les deux ans. Montjuïc connut quelques changement­s. À commencer par le paddock et la grille de départ en 1965, déplacés au pied des escaliers du Palace, quelque 85 mètres plus haut ( la grille de la course d’endurance ne fut pas modifi ée). Avec la constructi­on d’une piscine olympique en 1968, on ajouta une voie des stands ainsi qu’une tour de chronométr­age. Et on en profi ta pour installer un double rail de sécurité autour du circuit ( que les pilotes détestaien­t), qui préparait la venue des Formule 1 en 1969. La course avait lieu de dimanche matin pour permettre aux spectateur­s de se rendre aux arènes l’après- midi pour les corridas. Le Grand Prix de F1 de Montjuïc s’arrêta après 1975, à cause du grave accident de Rolf Stommelen. L’Allemand s’en sortit indemne, mais cinq spectateur­s furent percutés par sa voiture, les tuant sur le coup. Les GP moto eurent aussi leurs propres lots d’accidents. Il était en effet quasi impossible d’assurer la sécurité sur le circuit selon les normes de l’époque, mais il ne serait pas juste d’imputer tous les accidents au circuit lui- même. En 1974, pendant la course 250, le pneu avant de la Yamaha du Français Bernard Fau explosa juste après le virage de Sant Jordi. Un pompier se précipita pour retirer les débris du tarmac. Au même moment, Takazumi Katayama négociait le virage en aveugle à presque 200 km/ h et ne put éviter l’accident. Le Japonais s’en tira avec une main cassée, mais le pompier, moins chanceux, décédera à l’hôpital. Les commissair­es de piste et le transport vers l’hôpital furent largement critiqués pour avoir été beaucoup trop longs. L’accident ternit la belle victoire de Benjamin Grau sur sa Derbi en 125 cm3. L’homme était le roi sans couronne de Montjuïc où il était monté 17 fois sur le podium, dont 9 sur la première marche, en 34 départs, surtout en endurance. Le Continenta­l Circus se déplaça pour la dernière fois à Montjuïc en 1976. C’est Tout au long de son existence, huit pilotes ont perdu la vie sur le circuit de Montjuïc, mais seulement sept peuvent être considérés comme des décès en course. Le huitième, Mariano Vilagrasa, fut victime de l’un des accidents les plus étranges de toute l’histoire du motocyclis­me. Une semaine avant la course des 24 Heures, en 1956, Vilagrasa et son coéquipier se sont rendus à Montjuïc pour y faire des essais. Il n’était pas rare de s’y entraîner sans que les routes ne soient fermées. Le lundi soir, à 22 h 30, au guidon de sa machine, pots ouverts, le pilote attira l’attention de la garde municipale. Ces hommes armés tentèrent d’arrêter Mariano sans succès. Lorsqu’il repassa devant eux une seconde fois, l’un d’eux sortit son arme et tira. Le garde fut condamné à une peine de prison en novembre 1956. Nieto qui y remporta la dernière victoire en 50 cm3 sur sa Bultaco. Il tenta le doublé en 125 cm3, mais ne put menacer celui qui devint champion du monde cette année, Pierpaolo Bianchi ( Morbidelli). En 250, Gianfranco Bonera battit quant à lui son coéquipier sur Harley- Davidson, Walter Villa, et enfi n, c’est le Sud- Africain, Kork Ballington et sa Yamaha qui remportère­nt la course 350 cm3. La catégorie 500 avait déjà été supprimée du programme.

DES STANDARDS DIFFÉRENTS

Un an après la mort du Generaliss­imo Franco, qui ouvrit enfi n les frontières entre l’Espagne et le reste du monde dans de très nombreux domaines, le championna­t du monde de vitesse supprima défi nitivement Montjuïc de son calendrier après 25 ans d’existence. Les circuits sur route furent abandonnés, et le tracé de 3,79 km n’était plus homologué par la FIM pour y faire venir les Grands Prix. En effet, le monde internatio­nal de la moto appliquait des normes différente­s selon le type de course, comme les épreuves d’endurance et les Formules 1 et 2 TT. Joey Dunlop, spécialist­e des courses sur route, remporta le TT de Formule 1 en 1985, mais pour le dernier événement internatio­nal, les victoires furent 100 % espagnoles. Trois pilotes de GP étaient venus se joindre à la lutte pour les 24 Heures, Benjamin Grau, Joan Garriga et Carlos Cardus arrivèrent premiers de cette 32e et dernière édition sur leur Ducati 850. Tristement, cette même journée, l’organisati­on faillit encore à sa tâche en prenant une heure pour emmener le pilote Domingo Parés à l’hôpital où il succomba des suites de ses blessures après sa chute. Finalement, le nom de Montjuïc devint mondialeme­nt connu avec les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. La montagne, qui avait autrefois accueilli les vans et tentes du Continenta­l Circus, était devenue le centre des activités sportives avec ses arènes olympiques à son sommet. Mais les Catalans, attachés à leur course illustre, regrettaie­nt leur circuit. Pour répondre à cette attente, le gouverneme­nt fut assez malin pour réserver une somme suffi sante à la constructi­on du circuit de Montmelo en 1991, au nord de Barcelone. L’année suivante, les GP revenaient en Catalogne.

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