GP Racing

SON SEUL REGRET : NE PAS AVOIR SUIVI HONDA EN SUPERBIKE

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assez mal vécu l’arrêt de Kevin. On venait d’acheter un appartemen­t ensemble à Austin... Je n’oublierai jamais le jour où, alors qu’on se préparait à partir à Jerez, il m’a dit : “C’est fi ni pour moi.” J’étais abasourdi. Je suis arrivé en Espagne, ses parents l’attendaien­t avec le motorhome... » Sans son pote Kevin et loin de cette Australie à laquelle il est tant attaché, Daryl entame la saison 1996 sans enthousias­me. Et en petite forme. Lors de tests en Malaisie, le pilote Suzuki a lourdement chuté à deux reprises sur des problèmes mécaniques. « Les Japonais avaient essayé de trouver des chevaux avec des pistons fabriqués avec deux matériaux différents mais le moteur ne faisait que serrer, se rappelle- t- il. Je me suis mis K.- O à deux reprises, et la deuxième fois, je suis resté un moment à l’hôpital. » Le début de saison n’est pas celui qu’il espérait. Après quatre courses, Daryl ne compte que onze points. Et puis arrive le mois de juin et le Grand Prix de France sur le circuit Paul- Ricard... « Là, j’en ai encore pris une énorme qui m’a envoyé en soins intensifs. » Touché aux poumons et au poignet, le pilote Suzuki souffre surtout d’une nouvelle commotion cérébrale. Une de trop. « J’étais comme un boxeur qui avait pris trop de coups. Des semaines après, je souffrais toujours de vertiges, j’ai consulté tout un tas de neurochiru­rgiens en Angleterre et j’ai fi ni par me faire opérer de l’oreille interne en Australie. Les médecins m’ont prévenu que je risquais gros si je prenais encore un mauvais coup sur la tête.

« STONER AVAIT CHOISI SA RETRAITE, MOI JE L’AI SUBIE »

J’ai essayé de reprendre le guidon à Barcelone, en septembre, mais j’étais complèteme­nt à l’ouest. » Daryl tente de revenir la saison suivante, mais il n’est plus que l’ombre de lui- même. Onzième du championna­t avec seulement soixantetr­ois points d’inscrits, il perd la confi ance de Suzuki et fi nit par jeter défi nitivement l’éponge. À 27 ans, comme le fera Casey Stoner quinze ans plus tard. « La différence, c’est que lui a choisi de prendre sa retraite, moi je l’ai subie. » Sollicité malgré tout par Honda pour récupérer un V2, Beattie déclinera la propositio­n. « J’ai mis plus de deux ans pour me remettre physiqueme­nt d’aplomb, deux ans à passer d’un docteur à l’autre. Après, c’était trop tard. » À présent, l’ancien pilote de Grands Prix passe son temps entre Tamborine Montain où est basée sa structure « Dary Beattie Adventures » , Sydney, où travaille sa nouvelle épouse, et Melbourne où se trouvent les studios de Channel Ten. Toujours par monts et par vaux, l’Australien qui n’a qu’un regret – « celui de ne pas avoir dit oui à Honda en 1994 pour courir en Superbike avec la RC45 » –, garde un oeil acéré sur le monde des Grands Prix. Admiratif de Valentino Rossi, « toujours aussi performant, combatif et motivé après vingt ans en championna­t du monde » , et de Marquez pour « son pilotage phénoménal » , Daryl Beattie aimerait bien voir Jack Miller concrétise­r tout son talent. « Il faudrait pour cela qu’il s’entoure des bonnes personnes et se mette vraiment à bosser, assure- t- il. Il lui reste un an pour y arriver. » Personne ne sait mieux que Daryl combien le temps presse.

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