GP Racing

HONDA RCB 1000 (1976 - 1979) QUASI IMBATTABLE

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Qui mieux que Jean-Louis Guillou, directeur technique et responsabl­e de la compétitio­n moto chez Honda à cette époque, pour nous parler de cette star qui s’imposa 4 ans de suite au Bol, de 1976 à 1979 ? Pour la petite histoire, de 1976 à 1990, année où le premier constructe­ur mondial arrête son programme endurance, Honda s’est imposé 12 fois en 15 éditions du Bol d’Or. Une domination sans partage. « Nous avions certaineme­nt la meilleure machine à l’époque mais nous avions aussi une redoutable équipe technique et un duo de pilotes extraordin­aire.Léon/Chemarin, c’était quelque chose ! Depuis 1969 et la victoire de Rougerie sur la CB 750,nous avions toujours eu des machines de série améliorées.En 1976,devant l’engouement pour la discipline,la création d’un championna­t d’Europe remplaçant la Coupe FIM d’endurance et le nombre des épreuves grandissan­t (Bol d’Or, 24 H de Montjuic, 24 H de Liège, les 1000 km du Mugello, les 200 Miles de Thruxton, et l’annonce des futures 24 H du Mans qui verront le jour en 1978, ndlr), Honda décide de mettre le paquet.Nous avons donc récupéré une machine 100 % usine sur base de CB.La RCB 1000 (960 cm3) était une machine hyper-fiable.Cadre usine,freins usine,moteur retravaill­é,boîte spécifique,on s’est également appuyés sur une grosse expérience de la discipline. Eh oui,nous étions les plus rapides dans les stands à l’époque (12 à 13 secondes pour refaire le plein et changer de pilote, ndlr). Bref,avec cette machine,sauf gros pépin inhabituel,nous étions quasiment intouchabl­es.Les relais s’effectuaie­nt à chaque ravitaille­ment essence,en gros toutes les 50 minutes.Côté pneus,on faisait au moins 4 relais avec l’avant et autant avec l’arrière. On avait toute la puissance de feu de l’usine et les moyens étaient quasi illimités.» Côté pilote, Jean-Claude Chemarin garde, lui aussi, un regard très aiguisé sur cette période dorée. « Pendant l’hiver 75/76,nous avions été invités au Japon avec Christian Léon et ils nous ont fait une machine sur-mesure ni plus,ni moins.On leur avait dessiné les circuits et ils nous avaient fait une boîte adaptée à chaque tracé.C’était parfait,il nous suffisait ensuite de peaufiner nos réglages avec la transmissi­on secondaire.Pour le Bol,Mr.Aika,le boss du Honda Endurance RacingTeam,avait opté pour des rapports très longs (1er,4e) et des rapports très courts (2e et 5e).L’étagement était parfait – on rétrograda­it moins – et la fiabilité nickel.C’était une période magique mais on était pilotes d’usine et chez les Japonais,cela impliquait une sorte de droit de réserve.Par exemple, il ne fallait pas leur dire « on manque un peu de puissance par rapport à la 500 Yam’ de GP », mais plutôt « pour rester au contact, nous sommes obligés de jouer avec l’aspiration »... Tu peux être sûr qu’à la course suivante,la machine avait gagné les chevaux manquants.Et il ne fallait surtout pas toucher à la moto.Jamais.Le jour où ils ont vu Roger Ruiz bricoler la RCB,ça n’a pas fait un pli,l’année suivante,il n’était plus là...Avec la RCB,on pouvait boucler des relais de plus d’une heure (1h05),ce qui nous permettait de rentrer moins souvent que laYamaha de Sarron et Pons.Le 500 2-temps,plus léger et plus puissant,rentrait au stand toutes les 45’. À la fin des 24 heures,ça fait la différence.Sinon,ça roulait déjà très vite.La machine avait un empattemen­t assez long et on flirtait avec les 290 km/h au bout de la ligne droite du Mistral. Un truc rigolo,c’est que nous sommes encore détenteurs aujourd’hui de la meilleure moyenne à Spa sur une course de 24 heures (187 km/h, moyenne réalisée en 1977, ndlr) ! Bon,il n’y a que le freinage qui était peut-être un peu juste.Avec Christian,comme il fallait tirer beaucoup sur le levier pour freiner fort,nous avions opté pour un frein couplé au pied qui actionnait un disque avant et le disque arrière,et un frein avant classique entraînant les deux disques avants. On a plus de force avec le pied...La meilleure des quatre années ? Celle de 77 assurément, avec l’alternateu­r sous les carbus.Elle avait un moteur super carré et allait vraiment très vite.»

« ON FLIRTAIT DÉJÀ AVEC LE 190 KM/H AU BOUT DE LA LIGNE DROITE DU MISTRAL »

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