GP Racing

LA SURPRISE DU CHEF

YAMAHA YZF 750 (1994)

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L’histoire de cette Yamaha « full factory » est exceptionn­elle à plus d’un titre. D’abord parce que c’est avec elle que Yamaha a décroché son premier Bol d’Or (la marque japonaise en remportera deux autres ensuite, en 2000 et en 2007), c’est aussi à son guidon que Dominique Sarron a remporté son 7e et dernier Bol (après 5 victoires sur Honda et 1 sur Suzuki) mais surtout, c’est sur cette 750 YZF que Christian Sarron gagnera son unique course de 24 heures, qui plus est aux côtés de son jeune frère et de Yasutomo Nagaï. « Quelques mois plus tôt,Christian avait pulvérisé la moto aux 24 Heures du Mans...JCO avait alors tapé du poing sur la table en nous disant qu’il voulait gagner le Bol.Pour ce faire,il nous avait envoyés aux 8 Heures de Suzuka, Martial Garcia et moi-même, raconte Thierry Fouchet, alors responsabl­e compétitio­n et communicat­ion chez Yamaha, afin de discuter avec les responsabl­es sur place et de ramener deux motos d’usine.À l’époque,toutes les marques sortaient l’artillerie lourde pour les courses de 24 heures mais le Bol n’était pas au programme de l’usine cette année-là.Il a fallu faire preuve de diplomatie pour leur expliquer l’enjeu surtout qu’à Suzuka,les deux motos officielle­s s’étaient envolées pendant l’épreuve...» Deux machines full factory arriveront bien au Castellet en septembre dans une ambiance assez tendue. « Christian était sous surveillan­ce, se rappelle Dominique Sarron, et Nagaï n’avait jamais disputé de course d’endurance,pas plus qu’il n’avait déjà quitté son Japon natal.En prime,il ne parlait pas anglais et attaquait comme un malade au point de mettre les observateu­rs en alerte...C’est d’ailleurs lui qui plia la premièreYZ­F dans Signes pendant les essais.En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire,les Japonais avaient alors ressorti la seconde machine d’usine...» Malgré tout, la course fut limpide pour l’équipage Yam’. Nagaï avait fini par très vite apprendre le circuit, Christian avait assuré et comme d’habitude, Dominique avait fait le job. « Pour mon dernier relais, se souvient Dominique, quand Christian m’a passé le guidon,il était tellement effrayé de ne pas gagner son premier Bol d’Or qu’il m’a supplié de ménager le moteur,persuadé qu’il avait entendu des bruits mécaniques dans la ligne droite du Mistral.Je n’en ai pas tenu compte et finalement,nous avons gagné.Une fois la moto démontée au Japon,l’usine nous a pourtant confirmé que le moteur n’aurait pas pu faire une heure de plus...» Pour Yamaha, c’est une victoire qui compte, comme le souligne Christophe Guyot, boss du GMT 94 : « Techniquem­ent, on ne les attendait pas,Yamaha n’avait jamais gagné le Bol d’Or.Avec cette histoire d’hommes,de frangins,ça a fait un buzz énorme.Sarron,c’était le pilote français absolu.Jusqu’à Zarco,c’était le n° 1.Pour la petite histoire,c’est au Bol 94 que le GMT 94 a décroché son premier résultat après trois résultats blancs (91, 92 et 93, ndlr). Et c’est grâce à la bagarre qui nous a opposés à la 35 jusqu’à la fin (le GMT de Guyot terminera 4e à 0,35 seconde du podium !! Ndlr) que,pour la première fois de son histoire,le Bol est allé jusqu’à la fin des 24 heures de course.Je me souviens que Moto Revue avait classé cette passe d’armes “d’événement moto de l’année” ! Nous,on regardait ces motos d’usine avec des yeux ébahis,alors finir 1er privé et dans leTop 5 d’une course remportée par Christian Sarron,c’était inimaginab­le. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à penser au podium...»

« LE JAPON A CONFIRMÉ QUE LE BLOC N’AURAIT PAS TENU 1 H DE PLUS... »

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