GP Racing

Entretien avec Viñales .......

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Tout semblait lui réussir en début d’année, et puis...

S’il est celui qui a gagné le plus de courses lors de la première moitié du championna­t, Maverick Viñales est aussi l’un de ceux qui ont déjà enregistré deux résultats blancs. Épouvantai­l des essais hivernaux, l’Espagnol espère se montrer plus régulier sur la seconde partie de la saison pour aller chercher le titre de champion du monde.

Neuf courses, quatre podiums, trois victoires et deux chutes... Maverick, quel sentiment t’habite au moment d’aborder la trêve estivale ? C’est un mélange... Un mélange d’impression­s et de résultats. Cette première moitié de saison a été plus diffi cile que ce que nous imaginions. On a bien démarré le championna­t avec deux victoires, puis après ça, il y a une chute à Austin, des problèmes à Jerez... Je gagne de nouveau au Mans, on fait une bonne course au Mugello, et puis à nouveau des diffi cultés à Montmelo et une chute à Assen. Et enfi n, cette quatrième place au Sachsenrin­g... Des hauts et des bas, mais surtout trop de bas.

Tu te souviens d’une saison aussi irrégulièr­e ? Non, ça ne se passe pas souvent comme ça. Généraleme­nt, les pilotes qui jouent le titre sont plus réguliers. Ce championna­t est vraiment bizarre.

C’est difficile de rester concentré et motivé quand ça se passe comme ça ? Oui, c’est surtout compliqué de rester calme. Je me dis que les autres aussi font des erreurs, et puis la saison est loin d’être terminée. Il reste encore neuf Grands Prix à disputer.

Depuis 1993 et l’introducti­on du barème de points actuels, c’est la première fois qu’on se retrouve à ce stade de la saison avec quatre pilotes en dix points. Qu’est-ce que cela t’inspire ? C’est étrange, tout le monde cherche des explicatio­ns... Pour moi, le facteur pneumatiqu­e est la clef de cette situation. À chaque Grand

Prix, Michelin nous fournit des pneus différents. Un coup, ils conviennen­t à telle moto, un coup à une autre. C’est très diffi cile dans ces conditions d’avoir une constance dans la performanc­e. C’est notre challenge aujourd’hui : trouver des solutions pour essayer d’être plus régulièrem­ent sur le podium.

L’an dernier, tu débutais en MotoGP sur une Suzuki, et tu étais l’un des pilotes les plus élogieux à l’égard de Michelin. Qu’est-ce qui a changé ? L’an dernier, les pneus étaient beaucoup plus constants. On pouvait travailler sur les réglages de la moto et le pilotage avec une base stable. Cette année, d’un circuit à l’autre, les pneus sont différents et c’est très diffi cile de trouver quelque chose qui fonctionne tous les week- ends.

Michelin essaie de satisfaire tout le monde...

Oui, et c’est bien le problème. Ils veulent disposer d’un pneu parfait pour chaque course. En un sens, je comprends leur démarche, on fait tous de la compétitio­n pour montrer qu’on est le meilleur. Michelin veut prouver qu’il peut faire le meilleur pneu au monde mais maintenant, il faut qu’on puisse aussi travailler avec nos motos. Je veux bien qu’il y ait des ajustement­s de gommes en fonction des tracés, mais pas des changement­s de cette amplitude... Encore une fois, il nous faut de la stabilité pour qu’on puisse développer notre moto.

Vous avez quand même du choix, plus que l’an dernier...

Oui, il y en a même trop. C’est compliqué de tout essayer en quatre séances d’essais, sachant qu’il faut également assurer un chrono aux essais libres pour éviter la Q1. D’un Grand Prix à l’autre, on

D’UN GRAND PRIX À L’AUTRE, ON REPART À CHAQUE FOIS DE ZÉRO, SANS BASE DE TRAVAIL, NI MÊME DE FEELING

repart à chaque fois de zéro, sans base de travail, ni même de feeling. Je l’ai dit, il nous faut aujourd’hui plus de stabilité pour travailler.

Jamais encore un leader n’avait atteint le cap de la mi-saison en ayant inscrit aussi peu de points. Penses-tu que le scénario sera différent sur la seconde partie du championna­t ? Non, je pense qu’on va continuer comme ça. Aujourd’hui, tout le monde doit pousser à cent pour cent pour essayer de gagner. Et quand tu es toujours à la limite, tu commets forcément des erreurs. Il faudra malgré tout essayer d’être plus régulier sur la fi n de saison.

Cet hiver, tu étais le plus rapide à chaque séance d’essais. Tu as gagné les deux premières courses du championna­t, puis la mécanique s’est enrayée. Comment cette Yamaha, qui a toujours eu la réputation d’être la moto la plus homogène, a-t-elle pu passer du statut d’épouvantai­l à celui d’une machine à problèmes ? Cet hiver, nous avions une moto qui fonctionna­it parfaiteme­nt avec les pneus dont nous disposions. C’était même la meilleure moto que j’ai jamais pilotée. Et puis est arrivé un nouveau pneu arrière et nous avons commencé à avoir des problèmes de grip. La moto patinant, les ingénieurs ont travaillé sur l’électroniq­ue pour réduire ce phénomène et trouver de la motricité. Au fi nal, on a perdu de la puissance, et on a une moto qui fonctionne plus ou moins bien à chaque course.

C’est aussi pour cela que vous avez demandé un nouveau cadre... Moi, je n’ai rien demandé. J’étais très content de ma moto en début de saison. Mais votre nouveau cadre va tout de même dans le bon sens, non ? Il n’y a pas tant de différence­s que cela. Aujourd’hui, on a des problèmes quand il fait chaud et que le revêtement n’a pas de grip. Ou encore quand il pleut. Quand on essaie d’améliorer une chose, on perd ailleurs et pour l’instant, on est davantage dans la recherche d’un compromis. J’espère qu’on va y arriver et qu’on va pouvoir se battre à nouveau pour la victoire.

Rossi dit que tes chronos, cet hiver, ont masqué les problèmes qui étaient déjà bien là... On avait peut- être des problèmes sur le mouillé, mais pas sur le sec. Je l’ai dit, c’est quand on manque de grip que nous sommes en diffi culté.

À Assen, Rossi semblait quand même très content de votre nouveau cadre... Peut- être que si j’avais gagné, et que je n’étais pas tombé, j’aurais dit la même chose. Ça ne s’est malheureus­ement pas passé comme ça. Encore une fois, la différence entre les deux cadres, ça n’est pas le jour et la nuit. Moi, ce que j’aimerais, c’est retrouver la moto que j’avais en début de saison.

Au niveau de ton pilotage, tu as encore une marge de progressio­n ? Oui, je dois mieux freiner. Je suis encore trop agressif, c’est quelque chose que je dois corriger pour garder plus de vitesse de passage en courbe. C’est assez diffi cile pour moi mais j’essaie de me corriger et de m’améliorer tous les week- ends.

JE L’AI DIT, C’EST QUAND ON MANQUE DE GRIP QUE NOUS SOMMES EN DIFFICULTÉ

Wilcotrèse­t Oui, de fortça relâcher Zeelenberg­peutsur les êtreles freinagesf­reinsnousu­n point disait avantcar fort tu cetde maises placerhive­r capablesur quela certainsmo­totu de étais freinerdan­s circuits, justementl­e droit virage... cela piloter ne autrement fonctionne pour pas. mieuxIl y a des préparer tracés la où sortieje dois du virage.

CommeOui, sur le certainsfa­isait Lorenzo circuits, l’anje dois dernier me avec rapprocher­cette Yamahade ça. ? Après, il y a d’autres tracés où mon style est très effi cace, comme au Mugello.

Tu découvres encore pas mal de choses cette saison. Comment ça se passe avec l’équipe ? Plutôt bien, ils doivent encore apprendre à me comprendre mais globalemen­t, on travaille bien ensemble quand des problèmes se posent. C’est sur les détails que nous pouvons faire un peu mieux.

Et avec Valentino, votre relation est-elle celle que tu imaginais en signant chez Yamaha ? Oui, tout à fait. On a du respect l’un pour l’autre, mais rien de plus.

Vous arrivez quand même à échanger des informatio­ns sur le développem­ent de la moto ? Non, ce sont les équipes qui partagent les infos à ce niveau- là. Rossi a été assez dur avec Zarco. Qu’en penses-tu ?

C’est vrai que Johann est parfois un peu trop agressif. Tu as le droit de l’être quand c’est le dernier tour et que tu joues une place à l’arrivée, mais pas à dix tours de la fi n. Ça n’a pas de sens. En te comportant comme ça, tu risques de chuter et de faire tomber l’autre pilote.

Ça doit quand même vous agacer quand les pilotes Tech3 finissent devant vous... Bien sûr ! Surtout quand tu te fais mettre dix secondes dans la vue, comme à Barcelone. Le plus embêtant, c’est que personne ne sait pourquoi, sur certains circuits, la moto de l’an dernier fonctionne mieux que la nôtre.

Même si vous êtes encore cinq à pouvoir décrocher le titre, lequel de tes adversaire­s est, à tes yeux, le plus dangereux ? Marc ( Marquez), c’est lui le plus fort sur le championna­t. De plus, les derniers circuits de la saison semblent assez favorables à la Honda. Il sera dur à battre.

Quand tu vois ce qui se passe chez Suzuki, tu te dis que tu as bien fait de passer chez Yamaha ? C’est diffi cile de comprendre une situation quand tu n’es plus impliqué. Ce que je peux voir, c’est que la motivation n’est plus là. Quand tu arrives sur un circuit avec l’ambition de te battre pour monter sur le podium, les gars autour de toi partagent cette énergie. Quand tu n’espères qu’une place dans le Top 10, c’est plus compliqué pour tout le monde. La façon de travailler et l’implicatio­n sont forcément différente­s.

Un dernier mot : qu’as-tu prévu pour la trêve estivale ?

M’entraîner et m’entraîner encore ! Je vais bosser dur pour revenir encore plus fort à la reprise.

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