GP Racing

Airbag : lesecond souffle..

Le système de protection en permanente évolution.

- Par Thomas Morsellino. Photos Jean-Aignan Museau.

Deux fabricants majeurs dominent aujourd’hui le marché de l’airbag en MotoGP : Dainese avec le D- Air, et Alpinestar­s avec le Tech- Air ( voir GP Racing n° 13). Les deux équipement­iers ont débuté le développem­ent de leur technologi­e au début des années 2000 ( 2000 pour Dainese et 2001 pour Alpinestar­s). Contrairem­ent à un airbag de voiture – où celui- ci est déployé au moment du choc et pas avant –, la valeur ajoutée d’un airbag intégré à une combinaiso­n réside dans sa capacité à prédire une chute : le système doit réagir avant même que le pilote subisse un impact. Jusqu’à la saison dernière, chaque pilote était libre de se munir d’un airbag ou non. Certains en portaient un par choix et par sécurité, d’autres, au contraire, préféraien­t s’en abstenir pour ne pas être gênés ou pour gagner du poids. Mais depuis le début de l’année, le règlement impose que chaque combinaiso­n soit pourvue d’un airbag, lequel doit couvrir au minimum les épaules et les clavicules. Une protection dorsale complète ou centrale est optionnell­e. Toutefois, si un fabricant opte pour la dorsale, cette dernière doit couvrir l’intégralit­é de la colonne vertébrale. Des ajustement­s sont tout de même autorisés en fonction des spécifi cités de chaque système et de la morphologi­e du pilote : « Je pense que rendre l’airbag obligatoir­e est une avancée positive pour le championna­t, explique Jeremy Appleton, responsabl­e de la communicat­ion Alpinestar­s. Cela élimine les doutes que les pilotes pourraient avoir. Tout le monde est sur un pied d’égalité, puisque chaque pilote doit se munir de ce système. » Alpinestar­s équipe pas moins de 26 pilotes à travers les trois catégories et 48 en ajoutant les fabricants qui intègrent le Tech- Air au sein de leurs combinaiso­ns, à l’instar de Vircos, Rev’it !, Magna ou encore RS Taichi : « Cela représente plus de la moitié du plateau du championna­t » , ajoute Jeremy Appleton. Les pilotes Alpinestar­s disposent de quatre combinaiso­ns par week- end, dont deux au minimum ont un système airbag en état de fonctionne­ment : « S’il y a des chutes, nous ne rencontron­s pas de problèmes de maintenanc­e particulie­rs. Parfois, nous récupérons le dispositif pour vérifi er les données, s’assurer que les batteries sont chargées et qu’il fonctionne correcteme­nt. » Dainese est représenté par 18 pilotes et équipe 10 autres de son système D- Air, tels que Johann Zarco, pilote Furygan : « Nous avons organisé notre Racing service pour d’autres fabricants, confi e Marco Pastore, Racing Director pour Dainese. Nous nous sommes pourvus d’un deuxième camion – le plus gros investisse­ment de ce début de saison – pour assurer le service à ceux qui font appel à notre technologi­e. » Les solutions des deux équipement­iers qui dominent le marché sont si bien éprouvées que le règlement en vigueur ne semble pas avoir entraîné de réels bouleverse­ments :

« CE NE SONT PAS DES CHANGEMENT­S VISIBLES, MAIS ILS SONT FONDAMENTA­UX » J. APPLETON

« Ce n’est pas tant qu’il y a plus de travail, c’est juste que nous avons désormais un processus qui nous permet de soutenir d’autres fabricants utilisant le Tech- Air. » Près de 20 années de développem­ent se sont écoulées et plus de 10 depuis la première activation en Grands Prix avec Marco Simoncelli ( système externe), mais Alpinestar­s comme Dainese n’ont de cesse d’investir dans la R& D : « Nous regorgeons d’idées dans le processus de développem­ent, déclare Jeremy Appleton. Nous évaluons de nombreux paramètres, comme celui de rendre le système plus léger. La première chose fondamenta­le est la performanc­e. Cela concerne l’électroniq­ue, les algorithme­s et la manière dont les capteurs fonctionne­nt. Ce ne sont pas des changement­s visibles, mais ceux- ci sont fondamenta­ux pour notre technologi­e. » La fi rme italienne travaille également sur des solutions d’airbags à destinatio­n de la route ainsi que pour les pilotes évoluant dans des conditions extrêmes, comme au Dakar. Dainese s’est pour sa part associé à la Clinique Mobile pour étudier de près les blessures dont souffrent certains pilotes : « Quelques- unes d’entre elles touchent malheureus­ement les bras, les jambes ou le dos, explique Marco Pastore. Nous analysons les données de ces blessures et à l’inverse, la Clinique Mobile peut être amenée à nous demander des informatio­ns concernant les chutes. C’est un échange qui peut s’avérer utile à l’avenir. »

DES TESTS RÉALISÉS SUR 500 000 KILOMÈTRES

Les algorithme­s dont sont pourvus les systèmes actuelleme­nt en place ont toutefois été développés sur les bases de plusieurs milliers d’heures d’acquisitio­n de données et de kilomètres parcourus, près de 500 000 par exemple pour assurer la fi abilité du système D- Air. Avec des pilotes qui roulent à la limite, parfois même au- delà comme Marc Marquez, la mise au point des algorithme­s est des plus délicates pour éviter un déploiemen­t inopiné : « Marc est simplement l’un des athlètes avec lesquels nous travaillon­s, précise Jeremy Appleton. Le Tech- Air est universel. Nous ne nous attachons pas à un pilote en particulie­r, mais nous étudions

les données de chacun d’entre eux. » Derrière cette analyse, Alpinestar­s

raffi ne son système : « Le système est très stable. Il s’agit plutôt de rendre l’algorithme plus sensible et non d’y ajouter des caractéris­tiques propres à un seul pilote. Nous avons la possibilit­é d’ajuster le système. Nous sommes à la recherche de la performanc­e optimale. C’est le cas pour Marc, comme pour tous les autres. » Dans le contexte actuel où l’apprentiss­age ( machine learning) prend une place de plus en plus importante, est- il alors envisageab­le de penser à des systèmes plus intelligen­ts qui s’adaptent automatiqu­ement au comporteme­nt du pilote ? « Je n’ai pas la liberté de parler de ce genre de choses, conclut Jeremy Appleton. C’est notre équipe de développem­ent qui travaille sur plusieurs idées et différente­s technologi­es. » La sécurité des pilotes est, depuis plusieurs années, une priorité pour les instances du championna­t qui travaillen­t en étroite collaborat­ion avec l’ensemble des équipement­iers afi n de mettre au point des processus d’homologati­on et apporter quelques ajustement­s au règlement.

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L’algorithme de déclenchem­ent des airbags doit prédire l’impact du pilote avec le sol. Le dispositif est aujourd’hui capable de différenci­er un high-side d’un low-side.
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Depuis le début de la saison 2018, quelques combinaiso­ns Dainese sont équipées d’un système à Leds pour lutter contre le manque de visibilité face à des conditions météorolog­iques précaires. Il peut être allumé par le pilote et s’active par défaut en cas de chute.

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