8 Heures de Suzuka..............
Nouvelle victoire de Yamaha en terre japonaise.
Pour la quatrième année de suite, Yamaha a remporté les 8 Heures de Suzuka, finale du championnat du monde d’endurance mais surtout, épreuve majeure pour les constructeurs japonais. De quoi se consoler de la perte du titre mondial, décroché par Honda via le team F.C.C. TSR.
Malmené en MotoGP, où ses pilotes n’ont plus gagné depuis le mois de juin 2017 et où ses forces vives ont ces derniers temps tendance à s’écharper, Yamaha s’est offert un peu de bonheur fi n juillet à l’occasion de la dernière manche du championnat du monde d’endurance. Comme lors des trois dernières éditions de la mythique course japonaise, la M1 de l’usine d’Iwata s’est adjugé la victoire aux 8 Heures de Suzuka, emmenée par Alex Lowes et Michael van der Mark, ses deux pilotes en Mondial Superbike. Cette fois, le héros du public, Katsuyuki Nakasuga, blessé aux essais, n’a pu prêter main- forte à ses coéquipiers. Mais cela ne l’a pas empêché de les accompagner sur le podium. Pour Kouichi Tsuji, le big boss du service course Yamaha, ce succès obtenu devant la Honda offi cielle du trio Nakagami/ Takahashi/ Jacobsen et la Kawasaki emmenée par Rea, Haslam et Watanabe a eu une saveur toute particulière. « On ne gagne pas une course de huit heures comme on gagne un Grand Prix ou une épreuve de 24 heures, souligne l’ingénieur japonais. Le curseur doit être mis sur le bon repère, que ce soit au niveau des performances de la moto ou de celles des pilotes, ou encore en termes de stratégie et de gestion. Nous avons encore réussi à mettre tout cela bout à bout. » Laissant Jonathan Rea exploser le record de la piste aux essais pour s’offrir la pole positon, les pilotes Yamaha ont donc fait leur job le dimanche, entre 11 h 30 et 19 h 30, sans commettre d’erreurs, et en respectant à la lettre les consignes qui leur avaient été données. Lowes et Van der Mark ont également su tirer profi t des averses et des apparitions de la voiture de sécurité pour ravitailler aux moments opportuns et ainsi prendre l’avantage sur leurs adversaires.
LA COURSE SANS ACCROCS DE LA YAMAHA N° 21
« Pour s’imposer à Suzuka, il faut être capable d’éviter de nombreux pièges, insiste Tsuji. Soixante- quatre motos en piste avec des différences de niveau importantes sur un tracé compliqué... Les dépassements sont nombreux et périlleux. » Sylvain Guintoli ne dira pas le contraire. Le pilote Suzuki est en effet parti à la faute en début de course à cause d’un attardé alors qu’il jouait aux avant- postes avec Michael van der Mark et Jonathan Rea. Randy de Puniet a lui aussi fait partie des victimes de la première heure. S’il est parvenu à ramener aux stands la Honda de l’équipe MuSASHI RT HARCPRO malgré une phalange de l’auriculaire de la main droite sectionnée, le Français a dû laisser Dominique Aegerter et Ryo Mizuno fi nir la course sans lui. De fait, la victoire s’est donc jouée entre la Yamaha n° 21, la Honda n° 33 et la Kawasaki n° 11, les trois motos qui occupaient les trois premières places sur la grille de départ. La moto du HRC, qui avait également mis le paquet en espérant récupérer une victoire qui lui échappe depuis 2014, a souffert des décisions malencontreuses de son team manager, Tohru Ukawa. Seize secondes perdues lors du premier relais pour avoir maintenu en piste Nakagami en pneus pluie, une vingtaine de plus en fi n de course pour avoir fait rouler sur le mouillé Jacobsen qui manquait d’expérience dans ces conditions... « À l’arrivée, on peut être déçus, grinçait
d’ailleurs Nakagami à l’arrivée. On ne fi nit qu’à une trentaine de secondes des vainqueurs alors que notre moto consommait moins que les autres. » Le team Green a souffert des mêmes maux. Jonathan Rea est tombé en panne d’essence dans son premier relais – heureusement juste après la chicane, il a pu rentrer en roue libre –, et il est tombé derrière le pace car en pneus slicks, son équipe n’étant pas prête à le faire rentrer plus tôt pour changer de monte pneumatique. « Pour gagner à Suzuka, il faut aller vite et avoir un peu de chance » , résume Kevin Schwantz, l’ancien champion du monde 500 qui n’a jamais réussi à accrocher les 8 Heures à son palmarès. Promu cette année team manager de l’équipe Kagayama, le Texan prend toujours autant de plaisir à venir rencontrer les fans fi n juillet au Japon. « On sent que cette course tient une place à part dans leur coeur, glisse Kevin. C’est d’ailleurs aussi le cas pour tous les constructeurs japonais. Même si elle n’est peut- être plus leur objectif numéro un, une victoire à Suzuka compte énormément. On le voit au nombre d’ingénieurs présents dans les garages. » Dans les années quatre- vingt, les 8 Heures de Suzuka n’étaient pas qu’une priorité pour les constructeurs japonais, elle était aussi un événement incontournable pour les meilleurs pilotes au monde. « Quand on signait nos contrats pour les Grands Prix, on demandait à ce que les 8 Heures fi gurent à notre programme, témoigne Schwantz. On savait qu’en cas de victoire, on serait reconduit l’année suivante, même si la saison de Grands Prix ne se passait pas aussi bien que prévu. » Sans oublier que des pilotes comme lui, Rainey, Gardner ou encore Doohan pouvaient empocher à chaque participation un petit million de dollars supplémentaire...
L’ENDURANCE MONDIALE S’APPUIE SUR LE PRESTIGE DE SUZUKA
Le lustre de l’épreuve japonaise n’a bien évidemment pas échappé à François Ribeiro, le patron d’Eurosport Events, aujourd’hui promoteur de l’EWC, le championnat du monde d’endurance. La preuve : depuis l’an dernier, les 8 Heures de Suzuka sont devenues la fi nale d’une compétition qui démarre en septembre avec le Bol d’Or. « L’Asie est aujourd’hui le continent où les constructeurs investissent et où le marché progresse » , résume Ribeiro. D’où l’idée de s’y appuyer pour développer l’endurance. Voilà pourquoi, en décembre 2019, la Malaisie rejoindra la danse et accueillera sur le circuit de Sepang une épreuve de huit heures qui servira de qualifi cation aux équipes asiatiques souhaitant participer à la fi nale au Japon. Le prestige de Suzuka demeure. D’ailleurs, les responsables de Honda comme de Yamaha font chaque année des pieds et des mains pour convaincre leurs pilotes de Grands Prix d’ajouter l’épreuve d’endurance à leur programme. Malheureusement, si dans les années quatre- vingt, une saison de Grands Prix totalisait une douzaine de courses, le championnat MotoGP en compte désormais pratiquement vingt. « Ce qui ne laisse guère de temps pour penser à autre chose » , regrette Marc Marquez qui a déjà dit qu’il aimerait bien un jour ou l’autre tenter d’inscrire son nom au palmarès de l’épreuve japonaise, comme Valentino Rossi l’a fait en 2001 en compagnie de Colin Edwards.