GP Racing

72 H avec Jack Miller ..........

En passant la ligne d’arrivée du Grand Prix d’Argentine en quatrième position, Jack Miller a prouvé que sa fougue légendaire était aujourd’hui empreinte de sagesse. Nous l’avons suivi du premier au dernier jour de son séjour à Termas de Rio Hondo.

- Par Jean-Aignan Museau.

Nous avons suivi le fantasque pilote Ducati Pramac.

« IL A COMPRIS QU’IL AVAIT DE LA CHANCE D’ÊTRE LÀ ET QUE S’IL LA GÂCHAIT, IL N’Y EN AURAIT PAS D’AUTRES » THOMAS VAN LEEUWEN

MILLER » , en lettres droites, a remplacé le « Jackass » qui ornait le séant du cuir de Jack il y a encore peu. Et le nouveau Miller s’est offert une conduite. S'il est toujours enclin à ne laisser passer aucune blague, il s’est fi xé des bornes. Impossible aujourd’hui de le croiser dans un restau au soir d’un Grand Prix en train de décapsuler des bières à pleines dents et de les engloutir sans limite. À l’époque, en 2015, alors pilote du team Ajo, Jack collection­ne les victoires en Moto3 avec la même gloutonner­ie que celle déployée pour torpiller les caisses de bières. Ses six GP remportés dans la saison, alors qu’il n’a pas 20 ans, et un titre de champion du monde qui lui échappe au profi t d’Alex Marquez pour

deux petits points poussent Honda à l’engager... directemen­t pour le MotoGP. Promu chez LCR, aux côtés de Crutchlow, il fait ses gammes sans freiner ses excès. Prompt à la grimace face caméra, il cultive son côté à la marge des images policées qu’entretient la génération Marquez.

« CE N’EST PLUS LE MÊME »

Avec 17 points marqués et une dix- neuvième place fi nale, il migre vers le team VDS, toujours avec la bénédictio­n du HRC. Les résultats ne sont guère brillants avant le déluge d’Assen où, après une course interrompu­e par des tornades d’eau, le Grand Prix se dispute sur un sprint, détrempé, de 12 tours. Il s’y offre un sublime récital, poussant même Rossi à la faute, et décroche la victoire, le 25 juin 2016. Au passage, il devient le premier pilote avec une machine privée à remporter un Grand Prix dans la catégorie reine depuis Elias à Estoril, en 2006. Ce qu’il s’empresse d’arroser en remplissan­t sa botte droite du mousseux traditionn­ellement dédié à arroser ses condiscipl­es de podium afi n de le basculer directemen­t dans son gosier. Onzième en 2017, toujours sur une Honda, il migre en 2018 sur une Ducati du team Pramac. Des 17 points glanés en 2015, avec une 19e place fi nale, il en marque 91 en 2018, avec une treizième place qui suit sa 11e en 2017. Sa première pole en poche, ici à Termas de Rio Hondo, et ses premières lignes à Misano ( second) et Motegi ( troisième) confi rment sa montée en puissance. Thomas Van Leeuwen, son

homme de main, témoigne : « Ce n’est plus le même gars qu’en 2015. Il a compris après ses deux premières saisons en MotoGP qu’il avait de la chance d’être là et que s’il la gâchait, il n’y en aurait certaineme­nt pas d’autres. » Thomas, natif des Pays- Bas, à quelques dizaines de kilomètres au sud d’Assen, a commencé à courir en IDM, le championna­t d’Allemagne, et en Espagne au début des années 2010. Au moment où la famille Miller débarque d’Australie pour que Jack, 15 ans, se fasse la main, une panne du camion Miller a fi ni par lier les deux clans : les parents de Thomas ont dépanné et hébergé les Australien­s chez eux. « Les premières courses, on se tirait la bourre. Et puis très vite, son talent a fait la différence. » Quoi qu’il en soit, les deux ados ne se quittent plus et nourrissen­t les mêmes rêves. « Je me souviens très clairement d’un jour où l’on regardait nos mécanos s’affairer sur nos machines. On parlait de Doohan et Stoner. On se demandait comment y arriver. Et aujourd’hui, il a gagné un Grand Prix en MotoGP... » , raconte Thomas qui, depuis 2015 et son arrêt de la compétitio­n, est inséparabl­e de Jack.

LE MEC COOL DU PADDOCK

À raison, l’un et l’autre s’accordent pour dire qu’ils sont les meilleurs amis du monde. Mais sur les frasques passées du champion, Thomas a perdu la mémoire, ou les garde pour lui. « Il est aujourd’hui beaucoup plus concentré. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait durant tout le week- end. » Jean- Christophe Catalano, le technicien de Michelin dédié à Ducati et qui, toute la saison, aide les pilotes dans leurs choix de pneumatiqu­es le confi rme : « Il a parfois des choix de pneumatiqu­es audacieux, mais il n’est pas obtus. En tout cas, il est encore plus pointu dans ses commentair­es que l’an passé. » Soulignant au passage que Jack avait penché pour la gomme intermédia­ire pour son pneu arrière et qu’il avait fi ni, comme Marquez, par utiliser le pneu le plus tendre. Reste que la constructi­on de Miller, qui n’avait rien pu montrer au premier Grand Prix du Qatar après son abandon lié à une selle baladeuse, laisse présager du meilleur pour la suite de la saison. Un bonheur pour ce type qui est défi nitivement l’un des plus cool du paddock. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il est inséparabl­e de son voisin andorran... Fabio Quartararo !

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