GP Racing

Interview Joan Mir.............

CHAQUE JOUR, J’ESSAIE DE FAIRE EN SORTE D’ÊTRE MEILLEUR QUE LA VEILLE

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

L’offi ciel Suzuki MotoGP nous livre ses secrets.

Après un passage éclair en Moto2, Joan Mir débute cette saison en MotoGP avec l’équipe Suzuki. S’il marche sur les traces de Maverick Viñales et d’Alex Rins, l’ancien champion du monde Moto3 entend écrire sa propre histoire avec le constructe­ur japonais.

Joan, huitième et premier rookie à l’arrivée de la première course de la saison, imaginais-tu entamer aussi bien ta première saison en MotoGP ?

Non, pas du tout. Si on m’avait dit en début d’année que j’allais faire mon premier Grand Prix MotoGP en me bagarrant dans le groupe de tête pour fi nir huitième à cinq secondes du vainqueur, je ne l’aurais pas cru. Je pense que cela veut dire que nous faisons du bon boulot avec l’équipe. De mon côté, j’ai de bonnes sensations avec la Suzuki, j’espère continuer comme ça.

Penses-tu pouvoir être aussi performant sur les circuits où tu n’auras pas eu la chance d’avoir fait d’essais au préalable ?

C’est sûr que ça sera un peu plus diffi cile de trouver les bons réglages en ayant moins de temps pour travailler, même sur des circuits qui me plaisent et où j’ai bien roulé par le passé. Mais je ne suis pas inquiet plus que ça. Nous avons, quoi qu’il en soit, une bonne base.

Comment te sens-tu avec cette Suzuki ?

Je me sens vraiment bien avec cette moto. Dès mes premiers tours de roues, c’était un peu comme si je l’avais déjà pilotée. Il y a quelque chose de très naturel. Bien évidemment, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, je sais que je dois progresser un peu partout. L’électroniq­ue est compliquée, les pneus aussi car à chaque course, nous avons des gommes différente­s. C’est un univers beaucoup plus complexe que le Moto2 ou le Moto3.

Qu’est-ce qui est, pour le moment, le plus difficile pour toi ?

Je pense que c’est l’électroniq­ue. C’est vraiment compliqué d’exploiter tout le potentiel qu’offrent les systèmes à notre dispositio­n. C’est aussi un domaine où il est diffi cile de donner du feedback aux ingénieurs. Il faut de l’expérience, et c’est ce qui manque le plus à un débutant comme moi.

Ton objectif est évidemment de terminer à la place de meilleur débutant...

( Il coupe) C’est l’un de mes objectifs.

Quels sont les autres ?

Me rapprocher régulièrem­ent des meilleurs et faire de belles courses en me faisant plaisir. Si tous les GP pouvaient cette année ressembler à celui du Qatar, je serais super content. Auquel cas, il y aurait certaineme­nt une course où je pourrais faire un très bon résultat.

Dans la lutte pour le titre du Rookie of the Year, qui sera, selon toi, ton plus sérieux adversaire ?

La saison ne fait que commencer, c’est diffi cile pour le moment de répondre à cette question. Fabio est très rapide sur un tour mais il semble avoir un peu plus de mal pour tenir le rythme, Pecco ( Bagnaia) est régulier, Miguel ( Oliveira) aussi... Tous sont des super pilotes, diffi ciles à battre. Je ne peux pas en nommer qu’un.

Sur le papier, Fabio et toi avez quand même les meilleures motos pour découvrir le MotoGP...

Oui, sur le papier. Mais Pecco aussi a une bonne moto...

Est-ce que le MotoGP est, pour l’instant, ce à quoi tu t’attendais ?

Oui, même si je ne pensais pas être tout de suite aussi compétitif. Enfi n, je veux dire aussi rapide. C’est la seule chose à laquelle je ne m’attendais pas car cette catégorie est vraiment très diffi cile. En tout cas, j’aime beaucoup le travail avec l’équipe. Il y a beaucoup plus de choses à prendre en considérat­ion que dans les autres catégories et c’est un truc qui me plaît beaucoup. Il y a énormément de paramètres à prendre en compte pour aller vite, il faut réfl échir et travailler beaucoup plus.

Comment t’y es-tu préparé ?

Je n’ai rien fait de différent de ce que je faisais auparavant, mais j’essaye de tout faire plus sérieuseme­nt. Quand je roulais en Moto2 ou en Moto3, ça n’était pas très grave si j’arrivais un jour en retard à l’entraîneme­nt. Désormais, je suis toujours à l’heure, je m’alimente correcteme­nt... Je suis plus profession­nel. J’essaie de ne faire aucune erreur, nulle part. Je m’emploie à tout faire correcteme­nt.

Quel genre d’élève étais-tu à l’école ?

Je n’aimais pas l’école. C’était dur pour moi, et pour ma mère aussi ( il rit).

As-tu longtemps réfléchi lorsque Davide Brivio t’a proposé une place dans son équipe ?

À ce moment- là, j’avais d’autres propositio­ns pour passer en MotoGP. Mais quand j’ai discuté avec Davide et qu’il m’a exposé son projet, j’ai rapidement pris ma décision. Je me souviens que lorsqu’il est reparti et que mon manager m’a demandé ce que j’en pensais, j’ai répondu : « C’est là que je veux aller ! »

Qu’est-ce qui t’a convaincu ? Le fait qu’on te proposait une place dans une équipe officielle ?

Le projet. Suzuki n’est pas un constructe­ur comme Honda et Yamaha. Le fait que l’usine se soit retirée du MotoGP et y soit revenue avec l’ambition de construire une nouvelle histoire avec de jeunes pilotes, ça me parle. Développer une moto, grandir avec... Se battre pour gagner avec la moto que tu as faite... C’est ce projet qui m’a plu.

Marc Marquez et d’autres estiment qu’il vaut mieux être champion du monde dans la classe intermédia­ire avant de se lancer en MotoGP. Toi qui n’as effectué qu’une saison en Moto2, qu’en penses-tu ?

Ça, c’est quelque chose qui me fait rire. J’aimerais bien savoir si Marquez a signé son contrat avec Honda avant ou après avoir été champion du monde Moto2. Pour ma part, on m’a proposé ce contrat à un moment où je débutais en Moto2 et mes résultats étaient très corrects. J’étais l’un de ceux qui se battaient pour le titre. Personne ne savait à ce moment- là que la seconde partie du championna­t serait pour moi beaucoup plus diffi cile. OK, je ne suis pas champion du monde Moto2. En revanche, je suis très content d’être en MotoGP avec Suzuki.

Si Suzuki t’avait proposé un contrat en te laissant une saison de plus en Moto2, aurais-tu accepté ?

Si j’avais été certain de décrocher le titre, oui bien sûr. Mais c’est le genre de choses que personne ne sait à l’avance. Et n’oublions pas que cette année, avec le moteur Triumph, les cartes ont été redistribu­ées. Je suis convaincu d’avoir fait le bon choix.

Qu’est-ce qui t’a manqué l’an dernier pour faire mieux que cette 6e place au classement final ? Les problèmes de l’équipe Marc VDS et la mise à pied de Michael Bartholemy ont-ils pesé ?

Oui, ça a joué, bien sûr. Encore une fois, j’étais très bien sur le début de saison alors que je découvrais la catégorie. Je suis monté sur le podium, je me sentais bien. Tout a ensuite changé dans l’équipe et j’ai perdu de la confi ance. Pour gagner, tout doit en être parfait, en place. Là, ça n’était plus le cas.

LA SEULE CHOSE À LAQUELLE JE NE M’ATTENDAIS PAS ? ÊTRE TOUT DE SUITE AUSSI COMPÉTITIF ET RAPIDE

La reprise de l’équipe par le clan Marquez, avec Emilio Alzamora, n’a pas dû faire tes affaires...

Disons que je ne me suis plus senti chez moi, comme c’était le cas en Moto3 chez Leopard, ou aujourd’hui en MotoGP avec Suzuki.

As-tu un modèle dans ce paddock ?

Bien sûr, quand j’étais gamin, je rêvais en regardant les courses de Valentino. C’était le seul pilote qui me remplissai­t d’excitation. Ensuite, j’ai toujours essayé de m’inspirer des quatre ou cinq meilleurs de ce championna­t. En les observant, pour comprendre ce qu’ils faisaient de mieux que les autres. Et ainsi apprendre.

Qu’est-ce que tu vois aujourd’hui chez tes adversaire­s ?

J’aime chez Marquez sa prise de risque permanente, chez Valentino cette déterminat­ion à répondre toujours présent le dimanche, même si les essais ont été diffi ciles pour lui, chez Viñales la capacité à aller vite sur un tour... Alex ( Rins) est un pilote super fl uide... Tous ont des qualités, le plus performant est celui qui est le plus complet.

Avec Fabio, Pecco et toi, il y a une nouvelle génération très prometteus­e qui débarque aujourd’hui en MotoGP. Que penses-tu que vous pouvez apporter à ce sport ?

C’est diffi cile de répondre à cette question... Diffi cile de se comparer avec ce que les autres ont pu apporter précédemme­nt. Disons qu’il y a de bons pilotes chez les jeunes aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’est la vie de Joan Mir lorsqu’il n’est pas sur un circuit ?

Quand je ne fais pas de la moto sur un circuit, j’en fais ailleurs ! Je suis un vrai passionné de mon travail, chaque jour, j’essaie de faire en sorte d’être meilleur que la veille. La moto, la course... C’est ma vie. J’aime quand même aussi passer du temps avec ma copine et mon chien, le dimanche, quand je n’ai rien à faire.

Si tu n’avais pas été pilote, que serais-tu devenu ?

J’aurais travaillé dans le sport, si possible avec des roues et un moteur.

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Sur la grille de départ du Grand Prix d’Argentine avant ce qui sera son premier abandon de la saison.
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