De la poussette au Launch Control
Guy Coulon, acteur des Grands Prix depuis le début des années 80, revient sur l’évolution des modes de départ.
Départ à la poussette
Un départ moteur arrêté était un moment de silence absolu. Aucun bruit de moteur, aucun bruit du côté des spectateurs : «Tout juste si l’on n’entendait pas les bottes des pilotes claquer sur le sol,les chaînes tourner sur les couronnes avant que les moteurs ne se mettent à hurler », se souvient Guy. Les pilotes qui démarraient étaient souvent de fins techniciens, a contrario de ceux qui démarraient mal : « Pour bien partir à la poussette, préparer correctement sa moto à l’ arrivée sur la grille était indispensable.Il fallait comprendre s’il était nécessaire de couper le moteur tôt et à quel régime pour optimiser la carburation en pensant au démarrage,en n’oubliant pas le rôle que tenaient les techniciens dans la man oeuvre. Certaines motos étaient plus capricieuses que d’autres à démarrer.Il y avait souvent de petites choses à faire pour optimiser la mise en feu,même si parfois,c’était au détriment du bon fonctionnement du moteur à bas régime.Il y avait des combinaisons entre coupe de boisseau,vis d’air,gicleur de ralenti, qui favorisaient le démarrage.» L’art de la poussette avait également ses différentes écoles : « Les 500 étaient plus hautes,plus lourdes. La taille du pilote avait une véritable influence sur le bon départ. Il y avait alors deux types de poussée.À la Haslam qui consistait à pousser en étant aux côtés de sa moto puis à sauter dessus en passant une vitesse...Ou partir avec une vitesse enclenchée,ce qui était plus difficile à cause des frictions de l’embrayage. Mais en cas de raté, il était plus facile de recommencer : il suffisait de sauter de nouveau dessus,tandis qu’avec l’autre méthode,il fallait descendre pour reprendre la poussette et sauter de nouveau pour tenter de faire craquer le moteur...avec tes collègues qui te frôlaient ! »
Départ moteur lancé mais sans Launch Control
Le départ moteur lancé a permis d’éviter un grand nombre d’accidents, particulièrement entre des pilotes bien partis du fond de la grille et d’autres en difficulté sur les premières lignes. « Notamment en raison d’un grand nombre de motos présentes sur les grilles,où en s’élançant du fond,les pilotes avaient la vue masquée.De nombreux accrochages se sont produits ainsi.» Techniquement, il a fallu bosser sur les motos : « Notamment sur les embrayages qui étaient sujets à des surchauffes sur les moteurs les plus pointus.Par exemple,sur les 250 2-temps où il était nécessaire de faire cirer l’embrayage très longtemps. Ainsi, petit à petit,les embrayages à disques métalliques se sont généralisés. L’embrayage était beaucoup moins sollicité lors des départs à la poussette que pour un départ arrêté.Lorsque tu pousses ta moto,il y a une certaine vitesse,même si elle est faible, elle te permet de moins faire cirer l’embrayage, a contrario d’un départ arrêté où il faut décoller l’ensemble avec un régime souvent élevé. Ce sont les premiers mètres qui sont les plus raides pour la mécanique.»
Départ arrêté avec Launch Control
L’assistance électronique apparaît avec les moteurs quatre-temps, au début des années 2000. « Les premiers Launch Control arrivent avec le MotoGP et l’injection. Le principe est d’ajuster la puissance pour conserver la roue avant plaquée au sol en utilisant les données transmises par les capteurs de roue avant.Il a été nécessaire de tout revoir au moment de l’introduction du système de gestion électronique unique.» On s’est vraiment rendu compte de l’utilité de l’assistance au départ lors d’une chute de Dani Pedrosa qui avait littéralement pris sa RCV sur la tête alors qu’il effectuait un test de départ et que, gaz à fond, le système n’avait pas fonctionné !