GP Racing

Déconneurs et fainéants : « Voitures, menaces et histoires inavouable­s »

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Impossible de ne pas penser à Bruno Bonhuil. Ça pouvait partir très fort et très loin. En revanche, il savait être sérieux lorsque le moment l’exigeait. Philippe Monneret n’était pas triste non plus. Et quand, avec Christian Lavieille, ils se mettaient à débiter leurs histoires, c’était terrible. Mais impossible à raconter. J’ai eu plus de problèmes avec la paresse. Avec toute la bande, Moineau, Rymer, Morrisson, il y avait toujours deux machines lors des séances d’essais privés, et lorsqu’on se faisait un peu pressant pour qu’ils reprennent la piste, ils étaient capables de suggérer de monter la fourche de l’une sur l’autre, et d’inverser les moteurs... De quoi gagner quelques heures de fainéantis­e. Et encore, une fois leurs désirs exaucés, ils pouvaient suggérer que la version initiale était plus performant­e. Au Mugello, Je suis allé jusqu’à menacer de recharger les motos durant des essais. Ils avaient aussi une fâcheuse tendance à jouer avec les voitures. Un jour, après des essais à Nogaro, Rymer et Morrisson reviennent sur le circuit à pied. Ils me demandent de venir avec ma voiture et une sangle. Leur auto de location a le museau planté dans un fossé, les roues arrière en l’air. Un attroupeme­nt s’est formé. On fi nit par sortir la voiture devant une foule médusée. Les deux loustics reprennent le volant, font un demi- tour au frein à main en faisant de grands saluts à travers les carreaux. Les concours d’accélérati­on sur les circuits ne se passaient pas toujours très bien et je me souviens d’une très longue séance de balais pour nettoyer les tonnes de gravillons au point de corde du virage du Musée au Mans. Leur grand truc était de conduire les voitures à deux. L’un avait le volant, l’autre les pédales et le frein à main. Évidemment, ils étaient à fond et le seul moyen de ralentir avant les virages était de mettre en travers. Ils adoraient aussi enfi ler un passe- montagne sur les yeux du conducteur. Ils ont fait le coup à un Japonais sur le circuit du Castellet. J’ai cru ma dernière heure arriver. C’était la spécialité d’Hervé ( Moineau). Ce que tu as du mal à imaginer lorsque tu le vois aujourd’hui.

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Philippe Monneret et Bruno Bonhuil étaient d’excellents pilotes mais aussi d’infatigabl­es déconneurs.

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