L’endurance en endurance : « Ne jamais rien lâcher »

Ce n’est un pas un joli coup qui m’a fait rester si longtemps – plus de quatre décennies – en endurance. C’est un sport d’équipe. Il faut partager les mêmes idées, avoir une grosse cohésion de groupe. Il n’y a pas que les victoires qui font que cette discipline apporte de grandes satisfactions. Comme par exemple, la première fois où Hervé ( Moineau) est passé sous la barre des deux minutes au tour sur le circuit du Castellet. Ça paraît idiot, mais lorsqu’il est descendu de la moto, nous étions tellement heureux que nous avons tous deux versé une petite larme. Au Mans, un gravier perce le radiateur. Il ne fait pas gaffe et ramène la moto avec tous les voyants du tableau de bord allumés. Il s’arrête, je lui demande s’il y a longtemps que tout est rouge. Il me répond que s’il fallait s’arrêter à chaque fois que l’on voit un voyant rouge... L’aluminium commençait à virer au jaune tellement ça avait chauffé. Je regarde un peu. Il nous faut environ une heure pour changer la culasse, nous sommes en tête, si ça se passe bien, on peut encore grappiller quelques points au championnat. On aurait pu balancer un seau d’eau sur le moteur pour le refroidir mais là, tu casses tout et c’est terminé. On a mis de l’huile froide dans le moteur et au bout d’un quart d’heure, les gars ont pu démonter non sans se brûler les doigts. Lorsqu’on a desserré la culasse, elle s’est cintrée. Tout était mort. On a changé des pistons et remis une culasse neuve en la rentrant au maillet. À la remise en route, le moteur fuyait. Grand Paul ressert un peu tout et ça part. Les pilotes remontent, on marque des points. Notre place au classement n’était pas glorieuse mais nous étions heureux. Heureux d’avoir été une équipe capable de se sortir d’une situation diffi cile. Et à la fi n de l’année, nous étions champions du monde. C’est d’ailleurs depuis ce moment que quasiment tout le monde démonte les motos pour tenter de fi nir à tout prix. Malheureusement, avec les bonifi cations de points au bout de 8 heures et 16 heures de course, il est aujourd’hui beaucoup plus diffi cile de réaliser des coups comme celui- ci.