GP Racing

REPORTAGES 72 H avec Petrucci ..............

Vainqueur du Grand Prix d’Italie en mai dernier, troisième du championna­t du monde avant la coupure estivale, Danilo Petrucci a vécu un difficile Grand Prix d’Allemagne. Nous étions avec lui.

- Par Jean-Aignan Museau.

Nous avons suivi l’offi ciel Ducati en Allemagne.

« Danilo, c’est un mec simple. Normal. Sain. Il a souvent le sourire, mais il lui arrive aussi d’être contrarié. Mais jamais, il ne se comporte comme une star capricieus­e. » C’est Enrico Crippa qui le dit. Avant que Danilo ne lui propose de devenir son assistant personnel, Enrico oeuvrait au Racing Service de Nolan. Les hommes se connaissen­t depuis 2011 et fi n 2017, Danilo lui demande s’il a envie de changer de job pour le suivre. « J’ai réfl échi moins de... deux secondes ! » Une confi rmation de plus que Danilo est un mec non seulement sympa mais aussi attachant. Le parcours atypique du bientôt trentenair­e en est certaineme­nt l’une des explicatio­ns. Né en octobre 1990 en Ombrie, où il n’y a aucun circuit à la ronde, il profi te des reliefs alentour pour s’initier au trial. Et commence à disputer ses premières courses, accroché au guidon d’une Beta qui l’emmène jusqu’à son premier titre junior. Il goûte ensuite au cross et se prend de passion pour la discipline. Mais comme son père bosse sur les Grands Prix – il s’occupe de différente­s hospitalit­ies –, la vitesse n’est pas un sujet inconnu. Il tâte le terrain avec une Suzuki 250 Gamma. Comme il n’a pas l’âge, c’est le paternel qui signe, et c’est lui qui prend le guidon. Rapidement, la 250 laisse place à une 750 Yamaha FZR, chaussée de slicks, récupérés dans les poubelles des Grands Prix. À 16 ans, il s’attaque à ses premières courses sur circuit avec une Honda 600 CBR. Puis avec une Yamaha R6 pour le Trophée R6. Il termine second, après s’être fait battre d’un cheveu par un pilote de 36 ans alors qu’il n’en a que 16. En 2009, il se lance dans le championna­t d’Europe Superstock.

« IL FAIT TOUT POUR Y ARRIVER »

À Valence, pour le coup d’envoi, il signe la pole avant de se faire battre en course par... Loris Baz ! Deux pilotes au grand gabarit qui n’ont pas emprunté le parcours classique de la plupart des pilotes de MotoGP qui ont d’abord fait leurs gammes en championna­t d’Espagne, avant d’attaquer le Moto3 puis le 250 ou le Moto2 pour accéder enfi n à la catégorie reine. C’est en 2011 qu’il touche pour la première fois le guidon d’une Ducati. Il termine second du Superstock 1000 et devient champion d’Italie. En parallèle, il participe à des séances de développem­ent avec l’usine et se réjouit de travailler avec des ingénieurs. 2012 marque le coup d’envoi d’une nouvelle vie après un appel de Gianpiero Sacchi qui lui propose un contrat de deux ans pour rouler en MotoGP. La partie n’est pas simple puisqu’il s’agit d’un projet basé autour d’un moteur d’Aprilia RSV4 client. Mais l’Italien ne se voit pas en mesure de refuser une telle offre. Et se retrouve piégé par une moto et une structure loin d’être à la hauteur des réalités de la catégorie. Il termine quand même l’année à égalité de points avec Colin Edwards qui dispose d’une machine de la même veine que la sienne. Pour 2013, alors qu’il a un contrat signé avec Ducati, les besoins de la Dorna d’avoir un pilote américain sur la grille de départ font que, fi nalement, Ben Spies sera choisi pour rouler sur la machine du team Pramac qui lui était promise. Il refait donc deux saisons avec des ersatz d’Aprilia avant d’être enfi n au guidon d’une Ducati.

Il s’applique, se donne à fond, et monte sur son premier podium à Silverston­e, sous une pluie battante. Plus que ce coup d’éclat, on retiendra qu’il termine dix fois dans le Top 10. En 2017, il s’offre à quatre reprises le podium. S’il doit se contenter d’une unique 2e place en 2018, il reçoit à mi- saison un coup de fi l qui lui propose un guidon d’usine en lieu et place de Lorenzo pour la saison 2019. La suite se passe plutôt bien. Avec, en point d’orgue, la victoire au Mugello, sa première dans la catégorie reine, entouré de ses deux 3e places au Mans et à Barcelone. La confi rmation de son maintien comme pilote offi ciel pour la saison 2020 est tombée durant le week- end du Grand Prix d’Allemagne. De quoi avoir des rêves de titre mondial. Ses copains veulent y croire : « Il fait tout pour y arriver » , souligne Enrico. Alex Farinelli, son pote photograph­e qui a démarré sa carrière en même temps que Danilo en MotoGP, et qui est devenu l’un de ses plus proches amis dans le milieu, surenchéri­t : « Il fait attention à tout. Y compris à ne pas prendre un gramme pour rester compétitif. » Et avec le sourire.

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