GP Racing

Résultats WSBK/WSSP.........

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Tous les chiffres jusqu’au GP de Portimao.

De son adolescenc­e diffi cile aux mains qu’on lui a tendues à ses débuts, en passant par la fi délité de partenaire­s qui l’ont toujours aidé et soutenu, Sébastien Gimbert s’est forgé une envie. Celle de transmettr­e son expérience et de redonner ce qu’il a reçu aux gamins qu’il encadre aujourd’hui au sein de son école. « J’espère pouvoir les aider à progresser plus rapidement en évitant les erreurs que j’ai commises » , précise le pilote français dont la carrière aurait dû prendre fi n au soir du 83e Bol d’Or si l’équipe Honda de Johnny Twelvetree­s n’avait pas subitement mis la clé sous la porte. À 42 ans, Sébastien a donc choisi de tourner la page. « Cela fait un moment que j’y pense, confesse- t- il. Je n’ai plus le même physique que celui que j’avais à 30 ans. Les vertèbres me font mal... La course, ça te bouffe le corps et la tête. Quand j’y pense, je me dis que Rossi est vraiment un type hors normes. » La suite ne l’inquiète guère car il l’a bien préparée. Elle s’articulera évidemment autour de sa passion de la moto et de l’esprit de compétitio­n qui n’est pas près de le quitter. « Le magasin que j’ai ouvert l’an dernier à Fréjus m’occupe beaucoup. Il y a aussi la partie préparatio­n qui nous permet de garder un pied dans la course. Je vais également pouvoir être un peu plus présent au niveau de l’école, et puis je vais essayer d’accompagne­r mon fi ls sans devenir, je l’espère, un papa trop envahissan­t. Je voulais pouvoir dire non le jour où la compétitio­n ne me conviendra­it plus, ne pas me retrouver obligé de courir pour rembourser mes crédits. Je suis heureux que la course ait toujours pu rester pour moi un plaisir. » Né au Puy- en- Velais, Sébastien Gimbert a découvert la moto en Auvergne avant que ses parents ne décident de s’installer dans le Var.

« JE N’AVAIS PAS LE CHOIX... CETTE PLACE ÉTAIT POUR MOI ! »

« Ma première moto, une Honda QR50, c’est mon oncle qui me l’a offerte, je n’avais pas encore quatre ans, se souvient- il. J’ai appris à rouler dans les champs avant que nous quittions la région. Du côté de Fréjus, ça s’est compliqué pour pouvoir s’en servir. Il a fallu trouver des alternativ­es. » Peu porté sur les études, Sébastien passe très jeune un CAP de mécanicien. Ce qui lui permet de trouver du boulot dans des garages moto où on lui laisse la possibilit­é de bricoler ses propres machines. À 12 ans et demi, il falsifi e la signature de son père pour participer à sa première course de côte en cyclo. Un certain Stéphane Alousi lui donne un coup de main, puis c’est Jacky Onda qui lui confi e une 125 TZR pour participer à la Coupe Yamaha. Deux personnes à qui le garçon voue une éternelle reconnaiss­ance. Deuxième de la compétitio­n en 1994, il s’embarque dans le championna­t d’Europe 125 avec Jean- Claude Besse. « Aucun résultat, ce fut une descente aux enfers. En fi n d’année, je pensais même devoir arrêter quand on m’a proposé de participer aux sélections pour l’Équipe de France. Jean- Claude m’a prêté la 250 Honda que Bayle avait utilisée pour son premier Grand Prix de France afi n que je puisse m’entraîner un peu. Quand je me suis retrouvé à Pau, j’avais le couteau entre les dents. Je n’avais pas le choix, cette place, elle était pour moi ! » Recruté par Marc Fontan qui passe alors le fl ambeau à Hervé Moineau, Sébastien Gimbert est sacré champion de France 250 en 1995. « J’ai également terminé 3e de ma première course en championna­t d’Europe, mais comme je n’avais pas l’âge, on m’a privé du podium. L’EdF, j’y suis resté trois ans, mais j’avais tellement peur de ne pas avoir de lendemains que je me mettais une pression terrible. Je n’ai donc jamais vraiment réussi à concrétise­r ce dont j’étais capable. » Fin 1997, c’est Michel Augizeau qui l’appelle pour lui proposer la 500 Honda V2 pilotée jusque- là par Régis Laconi. « Ce fut à la fois une belle opportunit­é et un mauvais plan, résume Sébastien. En 1998, le plateau 500 était passé à une quinzaine de motos d’usine... Avec le V2 du team Tecmas, c’était compliqué. Clavicules, scaphoïde, pouce, chevilles, métacarpes... Je ne me souviens pas du nombre d’os que je me suis cassés. C’est simple, la nuit, je rêvais du docteur Costa. » Au cours des deux saisons qu’il effectue avec la Honda de Michel Augizeau, Sébastien rentre à neuf reprises dans les points. Insuffi sant pour poursuivre sa carrière en Grands Prix. « J’ai fait une ou deux courses avec la 500 Paton en 2000, puis j’ai remplacé Roberto Rolfo chez Perugini... » Une fois de plus, c’est un coup de fi l inattendu qui va relancer sa carrière. Cette fois vers l’endurance. « Bernard Rigoni m’a appelé pour me proposer d’essayer la RC45. C’est comme ça que je me suis retrouvé au départ de mon premier Bol d’Or, avec Jim Moodie et Ben Bostrom. On a dû abandonner dans la nuit mais quelques mois plus tard, j’ai remporté les 24 Heures du Mans avec la 1000 VTR engagée par Honda France.

LE PLUS JEUNE VAINQUEUR DES 24 HEURES DU MANS

Je fus alors le plus jeune vainqueur de cette épreuve. Cette victoire m’a en tout cas permis de me poser la bonne question : s’entêter à essayer de rouler en Grands Prix pour se faire mal sans pouvoir faire de résultats ou bien jouer la victoire en endurance en gagnant correcteme­nt sa vie ? » Pour le Varois, ce sera la réponse B. Quand Honda se retire de la discipline fi n 2001, Gimbert trouve refuge au SERT pour faire équipe avec Jean- Michel Bayle et Nicolas Dussauge sur la deuxième Suzuki engagée par Dominique Méliand. « Deux super années, lâche Sébastien. On s’est éclaté, on a tout gagné et Jean- Michel est devenu un ami qui m’a ensuite coaché. » Quand JMB décide d’arrêter, Gimbert se lance un nouveau défi en rejoignant le GMT de Christophe Guyot. « On disait qu’on gagnait grâce à Meliand, rouler sur une Yamaha était l’occasion de prouver que les pilotes y étaient aussi pour quelque chose. » Avec Costes et Checa, il décroche en 2004 ce qui reste à ce jour son seul et unique titre de champion du monde. Cette année- là, il participe également à la manche française du Mondial Superbike à Magny- Cours. « J’étais dans le coup mais ayant peur de gêner Régis ( Laconi) qui jouait le titre, je n’ai pas fait la course que j’aurais due. C’est d’ailleurs la seule fois de ma carrière où je suis reparti d’un circuit en ayant des regrets. » En 2005, Guyot lui permet de disputer l’intégralit­é du WSBK, mais sans grande réussite. « On faisait du développem­ent pour Yamaha, ça n’était pas simple » , glisse Sébastien. Le GMT se recentre ensuite sur

le championna­t de France et les deux épreuves d’endurance tricolores. Sébastien Gimbert devient alors l’un des piliers de la structure de Christophe Guyot. Et puis, en 2010, une nouvelle aventure s’offre à lui avec BMW. Là encore, c’est l’envie de relever un autre challenge après plusieurs saisons au sein de la même équipe qui le pousse vers d’autres cieux. Chez BMW, l’Auvergnat de naissance retrouve Erwan Nigon, son vieux copain du Massif central. Sous la baguette de Michael Bartholemy, les deux hommes passent tout près du titre de champion du monde en 2012. « Nakasuga m’a malheureus­ement fait tomber à Doha » , rappelle celui qui, l’année précédente, avait décroché une énième couronne de champion de France de Superbike avec la BMW S 1000 RR. « J’ai réalisé cette saison- là des records du tour qui tiennent encore » , souligne Sébastien. En 2013, il participe, avec la HP4, au championna­t d’Italie. « Une saison ratée, on avait des problèmes d’électroniq­ue et j’ai fi ni par me casser un bras sur un guidonnage. » C’est ce qui le décide à changer son fusil d’épaule pour monter sa propre équipe et revenir dans le giron Honda.

« DE PLUS EN PLUS D’INTÉRÊT POUR LA COMPÉTITIO­N »

À 36 ans, Sébastien Gimbert sait que la fi n de sa carrière se rapproche. Il lui faut commencer à penser à la suite. Créer une structure est une piste. Il s’associe pour cela avec Fabrice Lock, un ami qui travaille pour un gros groupe d’assurances. Si le Varois repart en championna­t de France de Superbike avec une Honda, il fait également rouler Hugo Casadesus en Moto3 et Michaël Coupé en Pré- Moto3. Les deux jeunes seront titrés en fi n de saison, tandis que Sébastien se classera deuxième du FSBK. C’est à la même époque que naît la Race Experience School. « J’ai eu l’opportunit­é de racheter à Nicolas Dussauge son parc de Honda 100 NSF, raconte Gimbert. J’avais dans l’idée de travailler avec des enfants. J’avais eu l’occasion de faire des stages pour Conti en 2008 et 2009, cela m’avait beaucoup plu. Je me souviens d’ailleurs très bien d’un certain Fabio Quartararo qui avait alors une dizaine d’années... J’ai tout fait pour remonter un projet similaire, ce que m’ont permis de réaliser mes fi dèles partenaire­s. » Aujourd’hui associé avec l’ancien pilote Thibaut Gourin et le président du motoclub de Sospel, Franck Rastagni, Sébastien Gimbert détecte et forme des gamins de six à seize ans au travers de stages organisés dans le sud- est de la France sur les circuits de karting du Luc, de Fréjus et de Brignoles, mais aussi lors de salons et autres manifestat­ions organisés par

ses partenaire­s. « L’an dernier, on a permis à mille huit cents gamins de rouler sur nos motos. Il n’y avait rien dans la région, on a réouvert des circuits, et les moto- clubs comme les concession­naires sont ravis de jouer le jeu. Le sport moto est moins marginal, les Grands Prix sont mieux médiatisés... On sent qu’il y a de plus en plus d’intérêt pour la compétitio­n. » Quand il monte son team en 2014, Sébastien découvre aussi le plaisir d’aider les autres.

« JE N’AVAIS PAS ENVIE DE DEVENIR TEAM MANAGER »

C’est ainsi qu’il permet à l’Américain Jason Uribe de découvrir le championna­t de France. « C’était en 2015, nous étions alors cinq pilotes. Casadesus, Huet, Schmidt, Uribe et moi. On est partis d’un petit camion pour fi nir avec une semi- remorque. » La saison suivante, Sébastien achète une Moto2 en pensant faire courir l’Américain en Espagne. Ce dernier signe ailleurs, c’est Remy Gardner qui hérite de la machine. L’Australien gagne deux courses puis passe en Grands Prix. En collaborat­ion avec le team CarXpert et Gilles Bigot, la structure de Sébastien Gimbert fait alors courir Iker Lecuona. Pendant ce temps, le Varois continue à faire le métier en endurance avec le team Honda Europe alors orchestré par Neil Thruxton. « Dès qu’on était devant, on avait des problèmes, se souvient- il. C’était désillusio­ns sur désillusio­ns. Il faudra notre podium au Bol 2018 pour que Honda reprenne goût à l’endurance et nomme Johnny Twelvetree­s à la tête d’une nouvelle équipe. Aujourd’hui, on a une bonne structure, mais malheureus­ement pas la moto d’usine dont disposent les pilotes F. C. C. » C’est un an plus tôt, en 2017, que Sébastien donne un autre coup de guidon à son parcours profession­nel. 1977 : naissance le 9 septembre à Puy-en-Velais 1989 : premières courses de côte en cyclo 1994 : 2e de la Coupe Yamaha 125 TZR 1995 : champion de France 250 avec l’EdF 1997 : débuts en GP 500 avec le team Tecmas 1999 : première participat­ion au Bol d’Or 2000 : remporte les 24 Heures du Mans avec Honda, derniers Grands Prix 2002 : remporte les 24 Heures du Mans et le Bol d’Or avec le SERT 2004 : champion du monde d’endurance avec le GMT 94 2010 : Passe chez BMW 2014 : monte la structure Race Experience School 2019 : dernière course à Suzuka « Après l’expérience du Moto2 en Espagne, Fred Corminboeu­f, alors patron du team de GP CarXpert, m’a proposé de faire rouler Andy Verdoïa en Moto3. Je ne le sentais pas, je me suis rendu compte que je n’avais pas envie de devenir team manager. À ce moment- là, Erwan Nigon m’a parlé du team Kawasaki Trickstar qui cherchait une base en Europe pour son engagement en endurance. J’ai mis ma structure à leur dispositio­n, et à côté de ça, j’ai investi dans un magasin à Fréjus en montant, grâce à François Etterlé, une enseigne Speedway, et en vendant des Royald Enfi eld et les OhVale qu’utilisent aujourd’hui nos gamins ainsi que tout un tas de pilotes qui s’entraînent avec ces petites motos. C’est autour de ces activités que s’articule désormais ma vie. » Son seul regret restera fi nalement de ne pas avoir pu conclure sa carrière de pilote sur ses terres varoises. « Une grosse déception » , conclut Sébastien.

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 ??  ?? 1 La Race Experience School passe souvent sur le circuit du Luc, dans le Var. 2 Mécanicien de formation, le boss sait mettre les mains dans le cambouis. 3 Les gamins en redemanden­t. 4 Créée par Valerio Da Lio, la marque Ohvale propose des motos de 110 à 190 cm3 pour s’initier à la compétitio­n ou s’entraîner. 5 Voici le casque que Sébastien Gimbert aurait dû porter au Bol d’Or si la 111 avait pris le départ. 6 La Gimbert Family au grand complet : Jade, la petite dernière, Sébastien, Alexandra et Johann.
1 La Race Experience School passe souvent sur le circuit du Luc, dans le Var. 2 Mécanicien de formation, le boss sait mettre les mains dans le cambouis. 3 Les gamins en redemanden­t. 4 Créée par Valerio Da Lio, la marque Ohvale propose des motos de 110 à 190 cm3 pour s’initier à la compétitio­n ou s’entraîner. 5 Voici le casque que Sébastien Gimbert aurait dû porter au Bol d’Or si la 111 avait pris le départ. 6 La Gimbert Family au grand complet : Jade, la petite dernière, Sébastien, Alexandra et Johann.
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 ??  ?? 7 Des cuirs et des motos. Que demander de plus ? 8 Nouvelle corde à l’arc de Sébastien Gimbert : une concession Royal Enfield à Fréjus... 9 et 10 ... Sans oublier la superbe boutique Speedway.
7 Des cuirs et des motos. Que demander de plus ? 8 Nouvelle corde à l’arc de Sébastien Gimbert : une concession Royal Enfield à Fréjus... 9 et 10 ... Sans oublier la superbe boutique Speedway.
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 ??  ?? 1 En 1995, Sébastien Gimbert fait ses classes en Équipe de France sous la baguette d’Hervé Moineau. 2 Deux ans plus tard, il se frotte aux Grands Prix 500 au guidon de la Honda V2 du team Tecmas. 3 L’endurance, le Varois la découvre avec Honda France. 4 Premier succès dans la Sarthe, sur le circuit Bugatti. 5 Ils ont appris à se connaître au SERT. Depuis, une profonde amitié lie Sébastien Gimbert à Jean-Michel Bayle. 6 Sa dernière course de 24 heures, le Varois l’aura vécue au Mans, en avril dernier. 7 Avec Yonny Hernandez et Randy de Puniet. 9 Les trois hommes sont montés sur le podium. 8 En famille avec son épouse Alexandra et son fils, Johann.
1 En 1995, Sébastien Gimbert fait ses classes en Équipe de France sous la baguette d’Hervé Moineau. 2 Deux ans plus tard, il se frotte aux Grands Prix 500 au guidon de la Honda V2 du team Tecmas. 3 L’endurance, le Varois la découvre avec Honda France. 4 Premier succès dans la Sarthe, sur le circuit Bugatti. 5 Ils ont appris à se connaître au SERT. Depuis, une profonde amitié lie Sébastien Gimbert à Jean-Michel Bayle. 6 Sa dernière course de 24 heures, le Varois l’aura vécue au Mans, en avril dernier. 7 Avec Yonny Hernandez et Randy de Puniet. 9 Les trois hommes sont montés sur le podium. 8 En famille avec son épouse Alexandra et son fils, Johann.
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