GP Racing

Actus...............................

Ça sonne comme une mauvaise blague et pourtant, c’est vrai. Johann Zarco a appris, le mercredi 17 septembre à midi, qu’il ne finirait pas la saison chez KTM. Comment en eston arrivé là ? Que va-t-il se passer ? Éléments de réponse.

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« J’ai eu Romain ( Guillot, le préparateu­r physique de Johann, ndlr) cet après- midi au téléphone » , explique mon collègue Michel Turco, reporter de GP pour Moto Revue depuis 26 ans. « Ils disent que Johann et lui ne s’y attendaien­t absolument pas, et qu’ils sont tombés du placard. » En effet, après avoir demandé à KTM de suspendre son contrat fi n 2019 et non fi n 2020 lors du GP d’Autriche, Johann a eu l’autorisati­on de terminer sa saison sur la RC16. Même si les nouveautés 2020 lui passaient sous le nez. Voilà quel était le « deal » . Mais Johann, s’il est resté pro dans son engagement au guidon, a toutefois commis plusieurs maladresse­s qui ont dû changer la donne. Primo, il a continué à sévèrement critiquer sa RC16 lors de chaque point presse. Et puis, à Silverston­e, il a percuté Miguel Oliveira, pilote KTM Tech3. Le Portugais se blessant à l’épaule. C’est un fait de course, mais ce n’est pas arrivé au bon moment. De plus, KTM a dû se dire que plutôt que de faire rouler la moto 2020 en tests, autant l’engager en course avec Kallio à son guidon, les infos n’en seront que plus signifi catives. Du coup, exit le pilote français, qui est mis à pied dans le paddock d’Aragon mercredi soir…

IL Y A POTENTIELL­EMENT DE LA PLACE CHEZ HONDA

« C’est dommage que ça se termine comme ça avec KTM, analyse Claude Michy, promoteur du GP de France et soutien historique des pilotes français. Car à partir de Brno, Johann s’est plutôt bien tenu. Il réalise même ses meilleures performanc­es de la saison. » Rappelons en effet que Kallio n’a terminé qu’en 17e position alors que Johann taquinait le Top 10 ( 11e à Silverston­e avant de chuter, 11e à Misano). Cela dit, dès le GP de Jerez, en se mettant en colère et en dénigrant son matériel, Johann s’est mis dans une position intenable vis- à- vis de son employeur. Pour un constructe­ur, quel qu’il soit, qui investit 30 millions d’euros par saison pour rouler en MotoGP, diffi cile de tolérer un tel état d’esprit. À titre de comparaiso­n, songez à quel point Valentino Rossi était resté imperturba­ble à Valence fi n 2010 alors qu’il devait composer avec une Desmosedic­i inconduisi­ble pour lui. Au terme d’une journée où il s’était classé 18e à 1,8 seconde de ses chronos de la veille sur la M1 avec laquelle il avait terminé troisième du GP, Rossi s’était borné à dire « que Ducati avait un excellent moteur » . Puis deux ans durant, il avait fait le dos rond, gardant son calme face aux questions des journalist­es qui lui demandaien­t sans relâche pourquoi il n’y arrivait pas avec cette moto. Il est aussi bon de se souvenir la manière dont KTM avait traité le champion du monde en titre 125 2002, Arnaud Vincent, quand il avait commencé à se plaindre de son matériel en 2003. Il s’était alors fait virer sans ménagement. « Je ne suis pas surpris de la décision de KTM, commentait le soir même Jean- Michel Bayle à GP Racing. Mon challenge était d’emmener Johann au meilleur niveau avec cette moto ( cf. entretien p. 84), mais il a pris seul sa décision d’arrêter. Donc, pour moi, notre travail commun est terminé. Johann a manqué de patience, mais c’est son choix. C’est un super pilote, il a de l’ambition, pour autant, cela ne garantit pas de toujours prendre les bonnes décisions. J’ai commis, moi aussi, des erreurs durant ma carrière. Il faut par ailleurs se mettre à la place de KTM. Ils veulent développer le proto 2020, ils ne souhaitent pas que Johann monte dessus car il pourrait alors être en mesure de donner des infos à la concurrenc­e, puisque sa décision de mettre un terme à leur collaborat­ion pour 2020 avait déjà été actée. S’il a beaucoup de chance, il pourra retrouver une moto la saison prochaine. À ce moment- là, il sera toujours temps de discuter d’un autre projet ensemble. On ne s’est pas quittés en mauvais termes. » L’atout dans la manche de Johann, outre son talent, c’est le soutien de Claude Michy, ainsi que celui de Carmelo Ezpeleta, le boss de la Dorna, qui apprécie le Français et a besoin de non Espagnols dans son championna­t. Aujourd’hui, la position de Lorenzo au HRC est de plus en plus intenable, et même Cal Crutchlow commence à évoquer sa retraite pour la fi n de l’année prochaine. Il y aurait donc potentiell­ement de la place chez Honda. Reste à savoir si les Japonais prendront le risque de signer le Français après sa saison 2019.

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