GP Racing

Tests MotoGP à Valence ...

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Les premiers roulages sur les machines 2020.

Le rideau de fin à peine tombé sur la saison 2019, les équipes MotoGP se sont remises au travail à Valence puis à Jerez pour deux séances de tests particuliè­rement importante­s. Quatre journées de travail avant la trêve hivernale pour définir les prototypes que les pilotes enfourcher­ont en février sur le circuit de Sepang, quatre semaines avant l’ouverture du championna­t au Qatar.

Avec un calendrier qui s’allonge, des séances de tests qui se réduisent, et un règlement de plus en plus restrictif avec des spécifi cations moteur gelées pour la saison, les constructe­urs engagés en MotoGP n’ont plus droit à l’erreur. « D’autant que le caractère d’un moteur a une énorme incidence sur

le comporteme­nt général de la moto » , insiste Guy Coulon, du team Tech3. Honda, Yamaha, Suzuki et Aprilia ont tous vécu des saisons diffi ciles à cause d’un moteur mal défi ni. Moto devenue sous- vireuse, problèmes d’usure pneumatiqu­e, instabilit­é à l’accélérati­on, vitesse de pointe insuffi sante... « C’est pour cela que les essais de fi n de saison sont si importants, souligne Christophe Bourguigno­n, le directeur

technique de l’équipe Honda LCR. Fin novembre, les spécifi cations moteur doivent être défi nies car il faut ensuite lancer la fonderie et l’usinage de toutes les pièces mécaniques. Cela prend d’autant plus de temps qu’il faut s’assurer de la fi abilité des différents éléments.

Une fois à Sepang, début février, on ne peut plus revenir en arrière. S’il y a des soucis, ça devient très compliqué de réagir. »

SUZUKI ET YAMAHA EN QUÊTE DE PUISSANCE

En amont de ces deux séances d’essais à Valence et à Jerez, les pilotes avaient pu commencer à donner une direction aux ingénieurs lors des journées de tests organisées durant l’été à Brno et à Misano, ou durant des séances privées de plus en plus limitées. D’où l’intérêt pour les constructe­urs de pouvoir compter sur un pilote de test performant et sensible. Ce qui est le cas de Sylvain Guintoli chez Suzuki. « Son travail est capital, témoigne Davide Brivio, son team manager.

Sylvain a un super ressenti technique, et ses commentair­es sont vraiment précieux. C’est un excellent pilote de tests. » Cette année, le Français a bouclé près de 15 000 km en essais. « On travaille dans la limite des 120 trains de pneus que l’on peut utiliser » , explique- t- il. Avec une vitesse de pointe désormais supérieure à la Yamaha, la GSX- RR continue d’ailleurs à progresser. « On travaille pour améliorer les performanc­es de notre quatre- cylindres en ligne, mais il faut faire attention à ne pas déséquilib­rer

la moto au risque de perdre nos points forts au niveau du cadre » , glisse le Français. À Valence, juste après le dernier Grand Prix, Alex Rins a eu l’occasion d’essayer la dernière évolution du moteur Suzuki. Ses premiers commentair­es ont été plutôt élogieux : « Même si ça n’est pas le meilleur circuit pour mesurer les progrès d’un moteur, on sent qu’on a fait un pas en avant. On a plus de motricité, et je me suis tout de

suite senti à l’aise sur la moto. » Cette quête de puissance, c’est aussi celle de l’équipe Yamaha. Dans la foulée du Grand Prix de Valence, Rossi et Viñales ont eu l’occasion d’essayer, eux aussi, un nouveau moteur, mais également une nouvelle partie- cycle. Si l’Espagnol s’est montré très réservé dans ses premiers commentair­es, l’Italien s’est dit optimiste. « Le premier feeling est positif, assure Rossi. J’ai pu boucler des runs assez longs en gardant un rythme très constant. Le moteur semble avoir un peu plus d’allonge même si ce circuit n’a pas de lignes droites suffi samment longues pour établir une vraie comparaiso­n. » Au- delà des évolutions techniques, Rossi se félicite de la réorganisa­tion du service course Yamaha et du travail de Takahiro Sumi, le nouveau Project leader de la M1. « Il y a beaucoup moins de confusion dans le programme de travail, explique

l’Italien. Tout est plus clair, nous avons pu attaquer les tests de pré- saison avec une motorisati­on déjà défi nie qu’il nous reste à faire évoluer. » Du côté de Ducati, on travaille pour améliorer le comporteme­nt de la D16 en virage, point faible depuis des lustres de la moto italienne. Dans la foulée du Grand Prix de Valence, Dovizioso a pu ainsi tester un nouveau cadre visiblemen­t prometteur. « Les premières impression­s sont bonnes, a noté l’Italien. La moto est plus facile au point de corde, ce qui aide aussi à la sortie. Il faudra voir ce que cela donne sur d’autres circuits, car Valence est un tracé bien particulie­r. » Les ingénieurs italiens planchent également sur des évolutions moteur pour essayer de retrouver l’avantage qu’ils avaient dans ce domaine, ainsi que sur un nouveau système permettant au pilote de modifi er l’assiette de sa moto quand il est en piste. « L’objectif est d’améliorer la traction en fi n de course quand le pneu commence à fatiguer » , confi e l’un d’eux.

« LES ÉVOLUTIONS SEMBLENT ALLER DANS LE BON SENS »

Chez Honda, Marquez, et surtout Crutchlow, aimeraient obtenir une moto un peu moins exigeante. Lorenzo dégoûté et désormais à la retraite, Alex Marquez rookie sans expérience, le pilote du team LCR devrait être davantage sollicité par les ingénieurs du HRC pour faire évoluer la nouvelle RC213V dans une plage de fonctionne­ment plus large même si, comme le rappelle le Britanniqu­e, ses commentair­es sont identiques à ceux de Marquez. « On se plaint des mêmes choses, dit Crutchlow. La différence est que Marc

parvient à faire des trucs sur cette moto dont je ne suis pas capable. » À savoir la faire tourner avec l’arrière quand le pilote du team LCR sollicite davantage l’avant. Dans la foulée du dernier Grand Prix, les deux hommes ont essayé des évolutions moteur et partie- cycle qui ont donné satisfacti­on au pilote de Lucio Cecchinell­o. « L’avant met un peu plus en confi ance, explique- t- il. Cela semble aller dans le bon sens, mais nous n’en sommes qu’aux

premiers tours de roues. » Derrière le quatuor Honda, Ducati, Yamaha, Suzuki, les deux derniers constructe­urs arrivés en MotoGP essaient de mettre les bouchées doubles pour combler leur retard. Chez KTM, on profi te de l’aide de Dani Pedrosa pour développer un prototype très différent de la RC16 utilisée cette année par les pilotes de la marque autrichien­ne. Nouvelle confi guration moteur, évolutions électroniq­ues, et surtout tout nouveau cadre, toujours tubulaire, mais plus épuré et formé de sections ovales permettant de mieux contrôler sa rigidité.

Les premiers commentair­es de Pol Espargaro

à son sujet ont été élogieux : « C’est mieux au freinage, en milieu de virage et à l’accélérati­on. » Du côté d’Aprilia, Massimo Rivola s’est employé à étoffer son équipe technique avec des ingénieurs venus, comme lui, de la compétitio­n automobile : Stefano Romeo, spécialist­e en électroniq­ue, mais aussi Michele Fantini, ex- motoriste lui aussi venu de Ferrari et passé chez BMW et Lamborghin­i, et Andrea Aguggiaro. « Notre nouvelle moto ne sera prête que pour les tests de Sepang en février, a expliqué le patron du service course Aprilia. Aleix et Andrea devraient en avoir une chacun. » Une RS- GP totalement remaniée à en croire Romano Albesiano,

le directeur technique : « Le moteur sera toujours un V4 mais son angle sera différent. Le bloc sera plus compact, la moto plus étroite. Nous travaillon­s par ailleurs sur le cadre pour résoudre les problèmes de dribble et de vibrations dont se sont plaints les pilotes tout au long de la saison. » Des évolutions très attendues par le frère aîné de la famille Espargaro.

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Fabio Quartararo a lui aussi rongé son frein à Valence en attendant de pouvoir essayer la M1 2020. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser une fois de plus d’excellents chronos.

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