GP Racing

Mag : Lorenzo s’en va........

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

... après 18 années de GP et 5 titres mondiaux.

Au terme d’une saison calamiteus­e durant laquelle il n’aura jamais réussi à prendre la mesure de sa Honda, Jorge Lorenzo a décidé de tourner la page. À 32 ans, le quintuple champion du monde quitte les Grands Prix par la petite porte.

Malgré toutes les dénégation­s enchaînées depuis des semaines, Jorge Lorenzo a fi nalement renoncé à sa deuxième année de contrat avec le HRC. En grande diffi culté depuis son retour à la compétitio­n, en panne de confi ance et d’envie, l’Espagnol n’avait pas d’autre choix que de lâcher l’affaire. C’est Carmelo Ezpeleta qui a fi ni par le convaincre de renoncer à poursuivre ce qui était devenu un long calvaire. « Voir un pilote comme Jorge terminer les courses en fond de peloton n’est plus supportabl­e » , confi ait récemment le promoteur du championna­t MotoGP.

Une solution a donc été trouvée avec un accord à l’amiable pour permettre à Lorenzo de sortir la tête haute. À la veille de la première journée d’essais du dernier Grand Prix de la saison, à Valence, le quintuple champion a annoncé sa retraite avec un discours bien préparé dans le cadre d’une conférence de presse très solennelle.

« TOUT CELA EN VAUT-IL LA PEINE ? »

Des mots choisis, écrits, et lus avec une émotion contenue. « Tous ceux qui me connaissen­t savent le perfection­niste que j’ai toujours été. Être ainsi demande beaucoup d’énergie et d’engagement au quotidien. C’est pour maintenir ma motivation au plus haut niveau que j’ai décidé en 2016 de quitter Yamaha après avoir vécu avec ce constructe­ur ce qui reste aujourd’hui la plus belle période de ma carrière. Neuf saisons merveilleu­ses qui m’ont permis de décrocher trois titres de champion du monde MotoGP. Je sentais alors que j’avais besoin d’un nouveau challenge. Chez Ducati, ça n’a pas été facile mais mon envie de réussir m’a permis de surmonter les diffi cultés et j’ai fi ni par trouver le chemin de la victoire.

« EN SIGNANT CHEZ HONDA POUR DEVENIR OFFICIEL HRC, J’AI RÉALISÉ LE RÊVE DE TOUT PILOTE »

En signant ensuite chez Honda pour devenir offi ciel HRC, j’ai réalisé le rêve de tout pilote. Malheureus­ement, débuter sur cette moto en étant blessé m’a longtemps handicapé. Et c’est quand je commençais à revoir la lumière que je suis tombé lors de la journée de tests à Barcelone. Et puis quelques jours plus tard, il y a eu cette nouvelle chute à Assen et cette blessure au dos. Quand je me suis retrouvé dans le bac à gravier, je me suis demandé si tout cela en valait la peine, j’ai alors compris que je n’avais plus envie de courir. » Cette énième chute et ses conséquenc­es – fractures de deux vertèbres, déjà abîmées quelques jours plus tôt en Catalogne – ont scellé le destin du quintuple champion du monde. Il faut dire que depuis le GP d’Aragon 2018, Lorenzo a enchaîné les pépins physiques : fractures et luxation de deux orteils du pied droit le 23 septembre 2018, fracture de la main gauche le 5 octobre en Thaïlande qui lui vaudra de louper trois Grands Prix et de se faire opérer quinze jours plus tard des ligaments de cette même main, nouvelle opération de la cheville droite le 3 décembre, fracture du scaphoïde du poignet gauche suite à une chute en dirt- track le 19 janvier, fi ssure d’une côte le 12 mars au Qatar... Jusqu’à cette méchante cabriole aux

Pays- Bas. Absent durant deux mois, Lorenzo va essayer de se persuader à son retour à Silverston­e qu’il n’est pas fi ni. « Durant l’été, je me suis dit qu’il fallait que j’essaie encore, explique- t- il. J’espérais profi ter de la tournée du mois d’octobre pour remonter la pente, pour reprendre confi ance. Mais je n’ai jamais retrouvé la motivation. »

DANS UNE IMPASSE

Incapable d’accéder en Q2 aux essais, ne parvenant jamais en course à se rapprocher du Top 10, l’Espagnol se trouvait dans une impasse. « J’aime ce sport, mais j’aime

surtout gagner, reprend- il. Aujourd’hui, je n’en suis plus capable, et cela n’est pas plus acceptable pour Honda que pour moi. Voilà pourquoi j’ai décidé d’arrêter. Ça n’est pas facile, mais quand je regarde derrière moi, je me dis que j’ai eu la chance de vivre des choses formidable­s grâce à la moto. Je me dis aussi que j’ai encore plein de choses à vivre en dehors de cet univers. »

Pour conclure ses adieux, Lorenzo ne manquera pas de remercier ceux sans qui il ne serait jamais devenu l’un des treize pilotes les plus titrés de l’histoire des championna­ts du monde : « J’ai fait beaucoup de sacrifi ces en commençant très jeune à courir, mais sans les gens qui m’ont aidé, tout cela n’aurait jamais été possible. Merci à Carmelo Ezpeleta et à tous les constructe­urs dont j’ai porté les couleurs : Derbi, Aprilia, Yamaha, Ducati, Honda. Merci à Gianpiero Sacchi, Gigi Dall’Igna, Lin Jarvis et Alberto Puig de m’avoir fait confi ance. Merci à ma mère de m’avoir mis au monde et à mon père de m’avoir transmis sa passion de la moto. Sans oublier Juanito qui m’a toujours été fi dèle. »

Des adieux un brin théâtraux, à l’image d’un champion dont le pilotage si pur manquera l’an prochain aux fans des Grands Prix.

« J’AIME CE SPORT, MAIS J’AIME SURTOUT GAGNER. AUJOURD’HUI, JE N’EN SUIS PLUS CAPABLE »

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Carmelo Ezpeleta, puis ceux d’Alberto Puig.
1 Émotion contenue à l’heure d’annoncer sa retraite. 2 Jorge Lorenzo a conclu son dernier championna­t sur une bien modeste 13e place, un résultat à l’image de ce que fut son passage chez Honda. 3 Ses parents étaient présents pour la der à Valence. 4 Avec Takeo Yokoyama, le directeur technique du HRC. 5 Et Tetsuhiro Kuwata, le manager général du service course Honda. 6 Dans les bras de Carmelo Ezpeleta, puis ceux d’Alberto Puig.
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Lorenzo land. Pour les adieux à ses supporters, le quintuple champion du monde a planté un dernier drapeau sur le circuit de Valence.

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