GP Racing

Zarco chez Ducati ..............

Officiel KTM en début de saison, démissionn­aire à l’été, démissionn­é à l’automne, puis intérimair­e chez LCR, Johann atterrira finalement chez Avintia en 2020. Sur la piste comme dans la vie, il se bat.

- Par Thomas Baujard. Photos Gold and Goose.

Chez Avintia en 2020 et dans le team usine en 2021 ?

C «’ est le fait que Luigi Dall’Igna ( directeur du service course Ducati) me dise que je pouvais me fi er à lui qui m’a décidé à signer pour Avintia l’an prochain » , explique Johann Zarco, joint par téléphone le dimanche 24 novembre alors qu’il rentrait chez lui à Avignon après avoir passé le week- end chez ses parents à Antibes. Juste après les essais de Valence auxquels il n’a pas participé pour cause de cheville gauche dans le sac. Et auxquels il n’aurait de toute façon pas forcément participé, faute de guidon. À ce moment précis, l’offi cialisatio­n de sa signature n’a pas encore eu lieu. Mais le Français nous fait confi ance pour ne pas partager la teneur de cet entretien sur les réseaux sociaux. « Comme je doutais encore des compétence­s du team Avintia, je suis allé voir mon ancien chef mécano Massimo Branchini. » Celui avec lequel Johann a remporté deux titres de champion du monde Moto2 consécutif­s en 2015 et 2016. Exploit jamais réédité depuis. « Massimo m’a dit de me fi er à Luigi. » Exactement comme Jorge Lorenzo, qui a remporté deux titres 250 avec l’Italien chez Aprilia en 2006 et 2007. Et que Dall’Igna n’a eu de cesse d’embaucher dix ans plus tard chez Ducati. Avec les trois

victoires que l’on sait en 2018. Comme tous les technicien­s de haut vol, Dall’Igna a une mémoire d’éléphant, et sait reconnaîtr­e les pilotes d’exception. Johann en fait partie. Voilà pourquoi, pour combattre les réticences du Français, Paolo Ciabatti, directeur du team Ducati, a signé la semaine dernière avec le boss du team Raul Romero un accord stipulant qu’Avintia devenait un team satellite du constructe­ur transalpin, doté d’un soutien technique accru. « C’est Luigi Dall’Igna qui va s’occuper de me trouver un bon chef mécano, témoigne

Johann. D’ailleurs, je ne considère pas que j’ai signé avec Avintia, mais avec Ducati. Mon objectif 2020 est de ne pas fi gurer au- delà de la 10e place. Voire d’être dans le Top 7 et d’intégrer le team offi ciel en 2021. »

UN MONDE SANS PITIÉ

Car l’alternativ­e à laquelle faisait face Johann, c’était soit de signer dans un team Avintia qu’il qualifi ait le samedi 16 novembre de « pas top » , ou de rempiler en Moto2 chez Marc VDS dans l’écurie championne du monde sortante d’Alex

Marquez. Mais après avoir retourné le problème dans tous les sens et rencontré Dall’Igna et Paolo Ciabatti chez Ducati, Johann est arrivé à la conclusion suivante : « Si j’étais redescendu en Moto2 et que je gagnais avec Marc VDS, tout le monde aurait trouvé ça normal. En revanche, si je me retrouvais au- delà du Top 3, c’était la fi n de ma carrière. » Les réticences de Johann sont compréhens­ibles dans la mesure où l’on lit l’interview de Karel Abraham réalisée par la journalist­e israélienn­e Tammy Gorali et publiée sur le site de référence MotoMatter­s. com. On comprend mieux à qui Johann va avoir affaire : « J’ai été viré par email vendredi soir, deux jours avant les essais de Jerez alors que personne ne m’avait prévenu, explique un Karel Abraham dégoûté.

J’ai tenté à plusieurs reprises de joindre le team manager Ruben Xaus, et il a fi ni par me dire de venir chercher mes cuirs et que mon contrat était rompu. Jusqu’à la fi n des essais de Valence, ils m’avaient dit de ne pas m’en faire. Ils ont fait pareil avec mon chef mécano en Malaisie, alors que toutes les places de technicien étaient déjà prises pour l’an prochain. » Le pilote tchèque n’est peut- être pas Marc Marquez, mais il a tout de même gagné un GP en Moto2 en 2010 avant d’intégrer le MotoGP, et marqué neuf points cette année malgré un matériel et un encadremen­t technique bien en dessous de la moyenne. Bien sûr, s’il est là depuis huit saisons, c’est avant tout grâce à l’argent de son père, Karel Sr, par ailleurs directeur du circuit de Brno. Mais on ne traite pas les gens de cette manière. Et c’est pour cette raison précise qu’Avintia traîne une réputation calamiteus­e dans le paddock. Malheureus­ement pour Johann, il n’a guère le choix : « C’est dommage pour Karel. Mais j’ai besoin de ces 20 GP en catégorie reine pour garder le rythme. Et puis Dall’Igna m’a garanti un bon environnem­ent technique, donc je dois lui faire confi ance. C’est ce que j’ai expliqué aux gens du team. Il faut en fi nir avec cette mauvaise image et progresser, c’est la seule façon d’avancer. » Quid de son futur coéquipier Tito Rabat, sous contrat jusqu’en 2021 et équipé, lui aussi, d’une Desmosedic­i GP19 pour 2020 ? « Il était comme un dingue dès qu’il a appris que je pouvais venir, s’amuse Johann. Il m’a dit que ça mettrait un coup de boost à l’écurie.

« PROPOSEZ-MOI UN TEAM QUI TIENT LA ROUTE, ET MOI, JE SERAI PRÊT EN FÉVRIER »

Il m’a même proposé de venir m’entraîner avec lui en Andorre. Je lui ai expliqué que ça faisait un peu loin car c’est à cinq heures de route d’Avignon. Il m’a répondu : “Ah, quand même !” Mais bon, c’est un chouette gars. Le week- end de Valence, j’ai aussi envoyé un mot à Danilo Petrucci pour m’excuser du sac de noeud que la rumeur de ma venue dans le team offi ciel Ducati avait causé. Il m’a dit : “Ne t’inquiète pas, mais garde à l’esprit que chez Ducati, tu n’es jamais sûr de garder ta place !” »

CHALLENGE

Outre le team Avintia, le principal challenge pour Zarco viendra du matériel lui- même. Car la Ducati Desmosedic­i GP19 dont va être équipé Johann est certes compétitiv­e, mais moins performant­e que la génération de protos MotoGP en cours de développem­ent pour l’an prochain. Après avoir roulé successive­ment sur une Suzuki en test à l’été 2016, une Yamaha M1 en 2017 et 2018, puis une KTM et une Honda en 2019, Johann a une idée très précise de ce qu’il est en droit d’attendre d’un proto MotoGP. Et le fait qu’il dispose de cette expérience unique est probableme­nt aussi l’une des raisons pour lesquelles Dall’Igna voulait s’attacher ses services. Mais si les résultats tardent à venir ou que le team patauge en réglages, Johann ne devra pas répéter l’erreur commise chez KTM et se mettre à hurler dans le box. Cela pourrait lui interdire l’accès du team usine Ducati qu’il vise en 2021. Johann le sait. Mais pourra- t- il se contrôler ? Si par bonheur, le matériel et les technicien­s fournis à Zarco en 2020 lui conviennen­t

– ce qui reste une possibilit­é malgré la réputation de manque de vitesse à mi- virage de la Ducati –, alors les choses seront plus simples. Comme en témoigne Christophe Bourguigno­n, chef mécano de Cal Crutchlow chez LCR : « Johann a fait un boulot impeccable avec nous de Phillip Island à Valence. Il n’a pas dit un mot plus haut que l’autre et s’est comporté avec un profession­nalisme exemplaire. Il est super bien préparé, techniquem­ent très bon, et son travail sur la moto était à son image. S’il y avait eu une opportunit­é, on aurait aimé pouvoir le recruter. » La dernière inconnue pour Johann concerne son physique suite au crash de Valence, à la suite duquel il s’est fait faucher par la KTM de Lecuona. « Ma cheville gauche : ça va, le ligament n’est même pas touché. C’est juste l’oedème osseux qui me fait mal. Mais bon, avec deux chiropract­eurs et une osthéo passionnée pour me suivre, j’ai ce qu’il faut à la maison. Je ne vais pas rouler à Jerez : je préfère laisser ma cheville se reposer. Je l’ai dit à Luigi Dall’Igna : “Proposezmo­i un team qui tient la route, et moi, je serai prêt en février à Sepang.” »

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« Il faut que je le rappelle cet hiver » , explique Johann. 2 À Phillip Island, Valentino Rossi s’enquiert du programme du Français. « Trois courses chez LCR, et après, on verra ! » 3 À Valence avec Pol Espargaro : « J’ai passé ma fin de saison à me battre contre lui, ce que je n’ai jamais pu faire chez KTM ! » , se marre Johann.
1 Avec Jean-Michel Bayle chez KTM, le travail fut interrompu mais de qualité. « Il faut que je le rappelle cet hiver » , explique Johann. 2 À Phillip Island, Valentino Rossi s’enquiert du programme du Français. « Trois courses chez LCR, et après, on verra ! » 3 À Valence avec Pol Espargaro : « J’ai passé ma fin de saison à me battre contre lui, ce que je n’ai jamais pu faire chez KTM ! » , se marre Johann.
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