Quartararo, l’espoir 2020 ..
Fabio n’a plus qu’un but : le titre MotoGP.
Avec six pole positions et sept podiums, Fabio Quartararo a réalisé de tonitruants débuts en MotoGP alors que nombreux étaient ceux à douter de sa légitimité.
Rookie de l’année, le Français a prouvé qu’il méritait sa place et démontré qu’il avait les épaules d’un candidat au titre de champion du monde.
« NOTRE FORCE, C’EST L’HARMONIE DANS LAQUELLE TOUT LE MONDE ÉVOLUE »
JOHANN STIGEFELT
« EN MOTOGP, L’EXPÉRIENCE COMPTE ÉNORMÉMENT »
« ON A CONSTITUÉ UNE BULLE DE LAQUELLE NOUS ESSAYONS DE NE PAS SORTIR »
FABIO QUARTARARO
Grand Prix du Japon, circuit de Motegi. Pour la sixième fois de la saison, Fabio Quartararo grimpe sur le podium. Deuxième derrière Marc Marquez, comme deux semaines plus tôt en Thaïlande, le pilote de l’équipe Yamaha Petronas remporte le trophée du Rookie de l’année alors qu’il reste encore trois Grand Prix à disputer. Du big boss au helpeur, tout le monde a enfi lé le tee- shirt commémoratif que les Malaisiens ont fabriqué pour l’occasion. « On voulait marquer le coup car c’est pour nous un résultat très important, confi e Johan Stigefelt, le directeur de la structure SRT.
En attaquant ce championnat avec Fabio, nous partions d’une feuille blanche. Lui comme nous découvrions le MotoGP.
Le seul objectif que l’on pouvait se fi xer, c’était ce titre de Rookie. Voilà pourquoi nous en sommes aujourd’hui si heureux. Honnêtement, nous n’en espérions pas tant. Ces podiums, ces premières lignes, ces pole positions... Fabio nous a surpris toute l’année, même si, au Qatar, nous avions senti que le potentiel était bien là et que nous ne
nous étions pas trompés en le choisissant. »
Sept podiums, c’est un de plus que ce qu’avait obtenu Jorge Lorenzo en 2008 qui débutait alors en MotoGP avec l’équipe offi cielle Yamaha. Et un deux moins que Dani Pedrosa qui, en 2006, entamait son parcours en classe reine avec le team Honda Repsol. « Sans douter de mes capacités, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en découvrant cette catégorie, confi e Quartararo. Beaucoup disaient que c’était trop tôt, que j’aurais dû rester en Moto2. Finalement, nous n’avons pas brûlé d’étapes. La preuve, ma première chute, je l’ai enregistrée à Barcelone au mois de juin ( au warm up, avant de monter
sur son premier podium). Durant les tests de pré- saison, Bagnaia me collait régulièrement une seconde au tour. Et puis en arrivant au Qatar, on a réussi à faire ce petit pas en avant qui nous manquait au freinage.
Dès la qualifi cation, on a pu se retrouver en mesure de se bagarrer pour rentrer dans le Top 5. » Pour expliquer la réussite de son jeune protégé, Johann Stigefelt met bien évidemment en exergue ses capacités de pilote. « Ses résultats, Fabio les doit à quatre- vingts pour cent à son talent, estime
le directeur de l’équipe Yamaha Petronas.
Les vingt pour cent restants sont à mettre au crédit de l’équipe et des techniciens que nous avons choisis pour travailler avec lui.
UN PREMIER PODIUM EN CATALOGNE
Notre force, c’est l’harmonie dans laquelle tout le monde évolue. Chez nous, il n’y a ni pression ni tension. » Le contexte idéal pour un pilote qui, comme Quartararo, donne
une grande importance à l’humain. « Mon équipe est super et j’ai désormais autour de moi un entourage où je me sens en confi ance, témoigne le Niçois. On a constitué une bulle de laquelle nous essayons de ne pas sortir. Depuis que je suis en Grands Prix, j’ai changé très souvent d’équipe, mais à chaque fois, j’ai entretenu de très bonnes relations avec mes techniciens et mes mécaniciens. Je ne suis pas le gars prétentieux qui rentre dans le garage juste pour monter sur la moto. J’aime passer du temps avec mes gars, j’aime m’amuser avec eux, je m’intéresse à leur travail. C’est important d’avoir une bonne ambiance dans le garage. » C’est ainsi choyé
que le pilote Yamaha a progressé de course en course. « Il y a d’abord eu les derniers tests de pré- saison au Qatar, détaille- t- il.
On a fait un pas avant en améliorant nos performances au freinage, et cela m’a permis de me retrouver devant aux essais. Il y a ensuite eu le Grand Prix d’Espagne ( abandon sur problème technique alors qu’il occupait
la 2e place derrière Marquez) où j’ai senti que j’arrivais à mettre la moto à la limite en toutes circonstances. Et puis l’Autriche ( 2e aux essais, 3e en course) où je suis parvenu à bien gérer l’usure de mes pneus pendant la course. En MotoGP, l’expérience compte énormément. En début d’année, il y a plein de choses que je faisais mal. J’utilisais en même temps mon frein avant et mon frein arrière, rien ne fonctionnait... J’avais plein de trucs à apprendre, mais il fallait en passer par là. » Cela ne l’a pas empêché de monter sur le podium dès le Grand
Prix de Catalogne. La dernière marche, Quartararo l’a franchie à Misano en menant devant Marquez jusqu’au dernier tour. « En fait, j’ai compris aux essais en Angleterre que j’avais le rythme pour me battre pour la première place, analyse le Français.
Depuis ce moment- là, je sens que je suis en mesure de rester performant avec les pneus usés. Disons que c’est depuis ce Grand Prix que j’ai révisé mes objectifs à la hausse. »
DEVENIR AUSSI RÉGULIER QUE MARQUEZ
Même s’il n’aura pas réussi à accrocher la victoire que tout le monde attendait, Quartararo peut être fi er de son premier bilan en classe reine. Rookie de l’année avec six pole positions et sept podiums, aucun débutant n’avait fait aussi bien depuis Marquez en 2013 : « Si on m’avait dit en début d’année que je ferai une pole et que je monterai une fois sur le podium, j’aurais signé des deux mains. Je ne pouvais pas rêver mieux. Même s’il n’y a pas eu de victoire, je ne ressens vraiment aucune frustration. En tant que rookie, se battre avec Marquez, huit fois champion du monde, jusqu’au dernier virage, c’est déjà quelque chose. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de débutants qui y soient parvenus. Pour battre Marquez, il faut tout donner. Tu sais que si tu es devant à l’entrée du dernier tour, il va tout tenter pour essayer de te doubler, et si tu le suis, il va tout faire pour t’empêcher de passer... Nous allons continuer à travailler pour faire mieux l’an prochain, pour nous rapprocher encore un peu de lui. L’objectif sera de se battre plus régulièrement pour monter sur le podium. Il faut essayer d’être aussi régulier que lui. Sa force, c’est d’être toujours performant, sur le sec, sous la pluie, sur tous les circuits. Je suis conscient qu’il y a des lacunes dans mon parcours. Surtout que les deux titres que j’ai obtenus en Moto3 en Espagne ( 2013 et 2014) ne m’ont pas appris grandchose dans la gestion d’un championnat. Le premier, je l’ai eu en remportant les trois dernières courses de la saison, et le second, je l’ai obtenu en en gagnant neuf courses sur onze. Je sais que j’ai encore des choses à apprendre, de l’expérience à acquérir... Je n’ai jamais eu à gérer la pression de la quête d’un titre de champion du monde, on verra quand j’aurai à la vivre. Et si ça n’est pour la saison prochaine, ce sera pour la suivante, ou celle d’après. »