GP Racing

Moto3 : Dalla Porta................

Rapide, mais surtout régulier, Lorenzo Dalla Porta a décroché le titre de champion du monde Moto3 en Australie. Une première pour les Italiens dans la catégorie depuis le sacre d’Andrea Dovizioso en 2004.

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

L’Italien a joué placé toute la saison.

« LE GP DE GRANDE-BRETAGNE A MARQUÉ UN TOURNANT. J’Y AI PASSÉ UN CAP » LORENZO DALLA PORTA

1 Aron Canet n’a pas été assez régulier pour vraiment inquiéter Lorenzo Dalla Porta. 2 Tony Arbolino et Tatsuki Suzuki devancent Dalla Porta. Deux pilotes qui devraient jouer le titre l’an prochain. 3 Le jeu des aspiration­s, toujours aussi crucial en Moto3. 4 Marcos Ramirez, Darryn Binder et Ayumu Sasaki ont animé eux aussi les courses Moto3. 5 Sergio Garcia a décroché son premier succès en Grand

Prix à Valence. 6 Trois podiums mais pas de victoire pour

Celestino Vietti. 7 Tatsuki

Suzuki s’est, lui, imposé à Misano.

C’ est près du but que Lorenzo Dalla Porta s’est révélé. Deuxième à l’arrivée du Grand Prix de Thaïlande, le leader du championna­t a enchaîné deux victoires au Japon et en Australie pour décrocher le titre sur le circuit de Phillip Island. Il n’avait jusqu’alors gagné qu’une seule fois, en Allemagne. « Quand j’ai vu que Canet était tombé, je me suis qu’il fallait que je gagne cette course coûte que coûte, confi e

l’Italien. Il me restait encore deux Grands

Prix pour penser au titre. » Profi tant de la belle santé de sa Honda, Dalla Porta a mené à bien son pari en prenant l’avantage sur les Espagnols Ramirez et Arenas. Massimilia­no, son père, qui l’attendait sur le bord de la piste, les yeux pleins de larmes, pour lui remettre son maillot de champion du monde et le drapeau italien, n’avait même pas compris que son fi ls avait gagné la course : « La seule chose qui comptait alors, c’était le titre. Nous avons fait tellement de sacrifi ces pour en arriver là. C’était notre rêve à tous les deux, il y a eu des années où nous ne savions plus comment faire, nous n’avions plus d’argent, les différente­s équipes que nous contaction­s en voulait toujours plus... » « Mais mon père n’a jamais abandonné, dit fi èrement le pilote Honda. C’est grâce à lui que je suis ici aujourd’hui, il a toujours cru en moi, il savait que je voulais y arriver. »

« JE NE PEUX PAS VOUS PROMETTRE D’ÊTRE CHAMPION DU MONDE »

La famille Dalla Porta, de condition modeste, aura beaucoup compté dans le parcours de Lorenzo. Il y a d’abord eu la grand- mère paternelle, décédé cette année, à qui l’Italien a dédié son titre. « Elle m’adorait, c’est elle qui m’a offert ma première moto quand j’étais gamin. »

Son numéro de course, le 48, n’est autre que l’année de naissance de « Nonna Nicoletta » . C’est ce cadeau qui a tout déclenché. « Moi, je lui faisais faire du foot comme tous les gamins de son âge, raconte

Massimilia­no. Mais il m’a très vite dit que cela ne l’intéressai­t pas. Ce qu’il voulait,

lui, c’était faire des courses de moto. » De la mini- moto, l’Italien grimpe les marches jusqu’au championna­t d’Espagne. Il y court avec le team Laglisse, s’y classe neuvième en 2015 avant de remporter l’année suivante le championna­t du monde junior. Entretemps, il dispute ses premiers Grands Prix en tant que remplaçant d’Isaac Viñales. Et marque ses premiers points en se classant neuvième à Silverston­e et onzième à Misano. En 2016, il remplace également Philipp

Oettl au Mugello, Jorge Navarro à Assen et Romano Fenati à partir de Silverston­e. C’est Aspar Martinez qui, en 2017, lui offre son premier plein- temps en Grands Prix. Malheureus­ement pour Dalla Porta, la Mahindra du team espagnol souffre de la comparaiso­n avec les Honda et KTM de ses adversaire­s. L’Italien ne parvient à inscrire que neuf points et il doit se contenter de la vingt- huitième place du classement en fi n de saison. Ce qui n’empêche pas le team Leopard de le recruter. « Nous étions sur le

point de perdre Mir qui passait en Moto2, se souvient Miodrag Kotur, le patron de l’équipe qui vient de remporter son troisième titre mondial en cinq ans.

Nous avions embauché Bastianini et nous souhaition­s prendre Ramirez que nous avions fait rouler en CEV, mais Marcos s’était engagé avec Caponera. Canet était pris, nous observions Arbolino, Kornfeil, Pagliani... Et puis nous avons commencé à penser à Lorenzo. Malgré une machine peu performant­e, il montrait du caractère. Nous l’avons rencontré avec son père au mois d’août, à Brno. Il nous a dit : “Si vous me prenez, je ne peux pas vous promettre de devenir champion du monde, mais je vous assure que je me donnerai à 200 %.”

C’est comme ça que nous avons décidé de parier sur lui. » Le début de saison

2017 a été plus compliqué que prévu.

Après avoir décroché au Qatar son premier podium, l’Italien a enchaîné les contre- performanc­es, jusqu’à sa victoire à Misano. « Au début, il ne nous écoutait pas, raconte Christian Lundberg, le directeur

technique du team Leopard. Il pensait tout savoir. Il a fallu un moment pour que la confi ance s’instaure entre nous. Mais quand il a compris que nous étions là pour l’aider, et que notre priorité n’était pas Bastianini,

tout s’est mis en place. » Sa première victoire à Misano a aussi coïncidé avec le renouvelle­ment de son contrat. Dans la foulée, il est remonté à trois reprises sur le podium, ce qui lui a permis d’accrocher la 3e place du championna­t. Pour grandir, Dalla Porta a aussi profi té de l’Académie que Leopard a mise en place à Palma de Majorque avec Daniel Vadillo, l’ancien entraîneur de Joan Mir.

LES NUMÉROS 48 ET 19 EN HOMMAGE À SA GRAND-MÈRE

Toute l’année, les pilotes y passent deux ou trois jours par semaine. Ils y travaillen­t tous les aspects de la compétitio­n, comme le font les pensionnai­res de la VR46 Academy à Tavullia. « J’ai attaqué cette nouvelle année avec un seul objectif :

décrocher le titre » , poursuit Lorenzo Dalla Porta. À la lutte avec Canet, il prendra les commandes du championna­t en Allemagne, les cédera à Brno et les récupérera à Silverston­e pour ne plus les lâcher. « Le GP de Grande- Bretagne a marqué un tournant, analyse- t- il. J’y ai passé un cap. Avant cela, nous avons réussi à faire progresser la moto au fi l des courses. Au fi nal, je ne compte qu’un seul résultat blanc, à Barcelone, à cause d’un problème technique. Je n’ai pas forcément été le plus rapide, mais

j’ai été le plus régulier. » Ce qui lui a permis de devenir le premier Italien champion du monde depuis la création du Moto3 en 2012. Et le premier Italien titré dans la catégorie d’introducti­on des championna­ts du monde depuis le sacre d’Andrea Dovizioso en

2004. L’an prochain, Lorenzo Dalla Porta courra en Moto2 avec le team Italtrans.

Il ne pourra pas porter le numéro 48, ce dernier ayant été retiré après la mort de Shuhei Tomizawa. Mais sa grand- mère sera toujours près lui. « Je porterai le 19, l’année de son décès » , annonce- t- il.

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Lorenzo Dalla Porta, ici devant Tony Arbolino et Albert Arenas, a remporté quatre victoires, mais il s’est surtout montré plus régulier que ses adversaire­s. En Moto3, c’est souvent la foire d’empoigne. Son premier titre de champion du monde, Lorenzo l’aura conquis en Australie en montant sur la plus haute marche du podium.
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