Rossi, 10 ans sans titre .....
VEUT ENRAYER L’HÉMORRAGIE
0 victoire, 2 podiums, le bilan est maigre. Trop ?
Dix ans après avoir conquis son dernier titre de champion du monde, Valentino Rossi poursuit aujourd’hui sa plus longue série de Grands Prix sans victoire. À 40 ans, le pilote Yamaha continue pourtant de croire en lui.
« L’IDÉE EST D’EMBAUCHER DE NOUVELLES PERSONNES POUR DYNAMISER NOTRE GROUPE »
LIN JARVIS
Premier pilote à atteindre la barre des 400 Grands Prix depuis la création des championnats du monde de vitesse en 1949, Valentino Rossi ne donne aucun signe de lassitude malgré des performances nettement à la baisse. « Il a toujours la même passion pour la course et ce milieu, souligne
Uccio Salucci, son ami et fi dèle lieutenant.
Il est tout simplement heureux d’être
ici. » Pourtant, depuis ses deux 2e places enchaînées en début de saison en Argentine et au Texas, le vétéran du MotoGP n’a plus réussi à se hisser sur le podium. D’habitude si régulier, il est cette année tombé quatre fois en course : Italie, Catalogne, Pays
Bas et Japon. Depuis ses débuts en classe reine en 2000, le nonuple champion du monde n’avait terminé qu’une seule fois le championnat avec aussi peu de points. C’était lors de sa diffi cile première saison chez Ducati en 2011. Plus grave, Valentino Rossi a dépassé ce qui était jusqu’à sa plus longue période de disette : 44 courses sans victoire entre le Grand Prix d’Australie 2010 et celui de Catalogne 2013. Depuis le mois de juin 2017 et son succès aux Pays- Bas, le pilote Yamaha n’a plus jamais passé en tête la ligne d’arrivée. Entré cette année dans les quarantièmes vieillissants, le vétéran du championnat ne semble pourtant pas songer à la retraite. La preuve, comme il s’était séparé en 2013 de Jeremy Burgess, il a décidé de remplacer la saison prochaine Silvano Galbusera par David Muñoz, technicien de 41 ans et actuelle pièce maîtresse de l’équipe VR46 engagée en Moto2. À six ans d’intervalle, ces deux remplacements sont mus par le même désir de retrouver de la fraîcheur avec l’espoir de rester au contact de la nouvelle génération. « Silvano et moi avons pris cette décision de concert, assure l’Italien. Nous étions conscients l’un comme l’autre d’être au bout de quelque chose. J’avais besoin de nouvelles idées et Silvano avait de son côté envie de lever le pied, de faire moins de déplacements. Il va rester dans la famille Yamaha en prenant en charge notre nouvelle équipe de tests. David n’a aucune expérience en MotoGP, mais je l’ai vu travailler l’an dernier avec Peco ( Bagnaia) et il m’a impressionné par son calme et sa capacité d’analyse. Il a eu une part importante dans
« LES MICHELIN SONT DEVENUS PLUS DÉLICATS À UTILISER, C’EST À MOI DE TROUVER LA SOLUTION »
VALENTINO ROSSI
le titre de champion du monde de Peco. Je suis certain qu’il peut m’aider à améliorer mes performances. » Pour Lin Jarvis, ces mouvements de techniciens ne sont que la continuité de la réorganisation initiée l’hiver dernier avec le passage de Wilco Zeelenberg et de Ramon Foraca au sein de la nouvelle équipe Yamaha Petronas. « Il y a également eu le départ de Luca Cadalora qui a laissé sa place à Idalio Gavira au poste de “coach rider” auprès de Valentino, rappelle le patron de l’équipe de la marque aux trois diapasons.
On a aussi recruté Esteban Garcia et Julian Simon pour travailler avec Maverick Viñales, Michele Gada pour étoffer notre staff d’électroniciens, et puis surtout, il y a eu le remplacement de Kouiji Tsuya par Takahiro Sumi au poste de chef de projet de la Yamaha M1. L’idée est d’embaucher de nouvelles personnes pour dynamiser notre groupe tout en redistribuant certains rôles pour que nos quatre pilotes soient le plus performants possible. »
Quoi qu’il en soit, en faisant appel à David Muñoz, Valentino Rossi laisse clairement entendre qu’il ne pense toujours pas à la retraite. « Il travaille toujours autant, voire plus, note Davide Brivio, son ancien
team manager. Il essaie de faire évoluer son pilotage, il effectue des changements dans son entourage pour retrouver de la performance, ce sont des signaux forts. Il a la passion de la compétition chevillée au corps. Les années qui passent n’altèrent pas sa motivation, bien au contraire. » Depuis le mois de septembre, les performances de Rossi souffrent pourtant de la comparaison avec celles de Quartararo et Viñales, équipés de la même machine. Loin de se voiler la face, l’Italien cherche des solutions. « Je stresse plus qu’eux mon pneu arrière et cela me pose de gros problèmes en course,
« IL TRAVAILLE TOUJOURS AUTANT, VOIRE PLUS »
« LE DIXIÈME TITRE N’EST PLUS UN OBJECTIF EN SOI. POUR L’INSTANT... » UCCIO SALUCCI
analyse- t- il. Les Michelin sont devenus plus délicats à utiliser, c’est à moi de trouver la solution. » Dix ans après son dernier titre mondial, Valentino Rossi aborde la compétition comme s’il essayait de décrocher ses premiers lauriers.
« Le dixième titre n’est plus un objectif en soi, tempère Uccio Salucci. En tout cas dans l’immédiat. Pour l’instant, Valentino veut commencer par renouer avec la victoire, et il met tout oeuvre pour y parvenir. » Et continuer à courir en 2021 ? « Son avenir est entre ses mains, assure Lin Jarvis, le patron de Yamaha
Motor Racing. Il sait que nous préparons une nouvelle moto qui sera plus performante et nous allons apporter des changements dans son équipe pour trouver une nouvelle alchimie. Même s’il y a actuellement de la frustration, je le sens optimiste pour la suite. » Des propos qui amusent Fabio Quartararo qui a déjà un pied dans l’équipe offi cielle Yamaha pour 2021. « Faire équipe avec mon idole, ça serait super cool, lance le Niçois. Je sais que ça a souvent été compliqué pour ceux qui étaient à ses côtés mais aujourd’hui, les choses chez Yamaha sont sensiblement différentes de ce qu’elles pouvaient être il y a encore quelques années. »