Les enjeux 2020
Approvisionnée en jeunes pilotes par le championnat du monde Junior, l’Asia Talent et la Rookies Cup, la catégorie Moto3 semble être un réservoir inépuisable. État des lieux avant le début des hostilités.
Un réservoir inépuisable de jeunes talents.
Alain Bronec, ancien pilote désormais boss du team français CIP, connaît bien la catégorie Moto3 pour y intervenir depuis plusieurs années. Voici son analyse sur les forces en présence en 2020 : « On s’attend à une année disputée, parce que quelques pilotes sont partis ( Dalla Porta, Ramirez, Canet), mais il y en a aussi pas mal qui sont restés et qui ont un bon niveau. Plus les nouveaux qui arrivent ( Yamanaka, Dupasquier, Alcoba, Deniz Öncu, Tatay...). Il va donc y avoir de la bagarre. » C’est sûr que lorsqu’on voit le spectacle offert par la catégorie Moto3 l’année dernière, 2020 risque d’être du même tonneau. « Après, ce qu’on espère, c’est que KTM progresse en moteur. L’an dernier, avec Darryn ( Binder, le pilote n° 1 du CIP), dans les bouts droits, on avait du mal à suivre. C’est aussi pour ça que Darryn freinait aussi fort pour ne pas se faire distancer. » Toutes les écuries KTM disent ça, ce qui est logique, vu qu’à l’instar du MotoGP, les moteurs sont plombés en début de saison. Tu as eu des infos sur le travail cet hiver par KTM ? « On va monter la moto dans dix jours ( soit fi n janvier, ndlr). On en saura un petit peu plus à ce momentlà. Mais en face, on n’a aucune information sur ce qu’a fait Honda sur ses motos, c’est ça, le problème. C’est certain qu’il va y avoir une évolution, des améliorations. On espère juste que l’écart entre la Honda et la KTM va se resserrer. » Oui parce que depuis que KTM et Honda se tirent la bourre en Moto3, c’est- à- dire depuis la naissance de cette catégorie en 2012, on dirait qu’il n’y a jamais eu un tel écart entre les deux motos. Qu’en penses- tu ? « Les teams Honda ont fait de beaux recrutements. L’an dernier, sur les Honda, il y avait pas mal de très bons pilotes. Et nous, au CIP, on a un bon pilote, mais qui n’est pas là pour jouer le titre. Il n’y avait qu’Aron Canet qui pouvait se battre pour le championnat en 2019 chez KTM. Comme ça fait deux ans que l’écart entre Honda et KTM augmente légèrement, peut- être que les pilotes se sont dit qu’il leur fallait une Honda. » Tu penses que ça correspond à l’engagement de KTM en MotoGP depuis trois ans, et le fait qu’ils mettent plus de ressources en catégorie reine ? « J’espère que c’est juste un phénomène conjoncturel. Je ne sais pas. En Moto2, KTM termine quand même vice- champion du monde, à trois points du titre, en travaillant jusqu’à la fi n de l’année. Donc je n’ai pas l’impression que l’engagement baisse hors du MotoGP. »
FAIBLES ÉCARTS
Qu’est- ce qui est possible techniquement pour aller plus fort ? « Étudier la confi guration du moteur, les marges dont tu disposes.
Est- ce que tu peux améliorer le cadre pour accélérer un tout petit peu plus tôt ? » Oui mais d’un côté, tu as une usine KTM qui vend 250 000 motos par an, et de l’autre, Honda qui en vend 19 millions. Dans ce contexte, KTM ne se débrouille pas trop mal, non ? « ( rires) C’est vrai et en plus, KTM a eu l’habitude de dominer cette catégorie. Globalement, il ne nous manque pas grand- chose. Cette capacité à accélérer tôt que les Honda ont et qu’on remarque en bord de piste par exemple. Nous, on met le fi let, mais eux remettent un peu plus que le fi let. Ça aide peut- être à mieux relancer leur moteur. Dans ces conditions, diffi cile de savoir si le moteur lui- même est plus puissant, ou si c’est un ensemble moteur/ cadre qui est plus effi cace. » Sur les pistes rapides comme le Qatar, le Mugello, la Catalogne ou Sepang, l’écart constaté était en général de 2 km/ h entre Honda et KTM, au profi t des Japonais. Bon, et qui est- ce que tu vois pour le titre ? L’an passé,
Masia faisait partie des outsiders mais il est beaucoup tombé. « Et s’il avait eu une Honda ? C’est ce qu’il va avoir d’ailleurs. Encore une fois, même si tu as 17 KTM/ Husky contre 14 Honda en 2020, les favoris sont chez Honda. »
Oui, effectivement, des gars comme Arbolino, Suzuki, McPhee, Ogura... Bon et toi aux côtés de Binder, cette année, tu as Max Kofl er. « Oui, c’est un jeune Autrichien qui a roulé en CEV chez Aspar, et qui n’a pas démérité ( 17e avec 34 points).
Il a fait des places intéressantes, mais en championnat du monde junior, c’est compliqué de voir le niveau. Même un mec qui s’approche du podium peut être vite. »
Tu ne vois pas se dessiner un favori pour 2020 ? « Masia paraissait très intéressant en 2019, on va voir ce qu’il donne sur une Honda. Si cette machine lui donne un tout petit avantage, il n’aura peut- être pas besoin d’être autant à la limite que ce qu’il était avec la KTM. » Un autre pilote qui m’intéresse, c’est Ai Ogura. « Oui, c’est l’un des meilleurs rookies de 2019, assurément. Il y a aussi Yamanaka qui arrive, qui a été très bon en Red Bull Rookies Cup. Citons aussi Sasaki qui va aller chez Tech3. Il s’est un peu perdu, mais il fait partie de ceux qui ont un très bon potentiel.
Ce que je peux te dire, c’est que si Binder se fait moins larguer dans les bouts droits, il n’aura peut- être pas besoin de forcer comme un dingue. Et peut- être qu’on fi nira quatre ou cinq GP de plus. Pour rappel, en 2019, il y a chuté quatre fois dans les cinq derniers tours. Et ce, alors qu’il était dans le groupe de tête. » Quid du jeune Belge
Barry Baltus ? « Sa fi n de saison a été un peu plus compliquée. Mais au début, il s’est battu contre Alcoba, qui a bien roulé lors de ses trois wild cards en Mondial. À suivre, donc. Mais comme Barry n’est pas champion CEV, il est obligé d’attendre d’avoir 16 ans pour démarrer en GP. »