Ducati revient au top
La somptueuse Panigale a aiguisé les appétits. En WSBK, mais aussi en WEC. Le team ERC s’est associé à l’usine italienne pour faire progresser la star de Ducati sur les pistes d’endurance.
Le seul objectif du team ERC : faire briller la Panigale.
Crée par Uwe Reinhardt il y a dix ans, le team ERC a longtemps été lié à BMW. Jusqu’alors, la fi délité à BMW de l’ancien pilote – devenu mécène en motocross en même temps que sa PME spécialisée dans la maintenance de canalisation prenait de l’ampleur – était sans faille. Mais, grand collectionneur de Ducati devant l’Éternel, l’Allemand a décidé de sauter le pas. De façon presque subite puisqu’après le Bol d’Or 2019, son trio de pilotes composé de Da Costa, Rossi et Gines avait été déclassé pour réservoir non conforme après être monté sur la troisième marche du podium. « La moto était excellente mais péchait par un manque de développement de l’électronique. C’est sur ce sujet que nous avons trouvé une plus grande écoute auprès de Ducati » , justifi e le tôlier, dont la dernière course comme pilote, en 1979, était au guidon d’une italienne, pour les 24 Heures de Montjuic ! « Il y a quelques années, je les avais contactés. Mais ils n’étaient pas prêts. Aujourd’hui, nous avons trouvé un accord. Et notre interlocuteur est
Paoli Ciabatti, le boss. Nous avons le plein soutien de l’usine mais nous payons le matériel » , poursuit Uwe. « Notre engagement est aujourd’hui basé sur la volonté de mieux comprendre l’endurance, discipline dont nous sommes absents depuis fort longtemps » , précise Paolo Ciabatti, patron de la compétition chez Ducati.
« LA PANIGALE EST UNE MOTO COMPLIQUÉE »
« Nous travaillons avec l’équipe allemande ERC qui est 100 % privée et dont le choix des pilotes et des stratégies leur appartient. Ils ont opté pour du matériel Ducati.
Nous avons donc mis un petit groupe d’ingénieurs sur le projet pour développer le matériel et acquérir de l’expérience. »
L’un des ingénieurs vient directement du WSBK et a pour mission de transposer les acquis enregistrés sur la Panigale vers l’endurance. « C’est bien l’endurance qui intéresse l’usine. Jusqu’ici, nous avions un programme incluant les 200 Miles de Daytona, et Pike Peaks ( qui n’accueille plus les motos à partir de cette année, ndlr), mais ils n’ont pas voulu suivre » , poursuit Uwe. La victoire n’est pas encore au programme de l’alliance italo- germanique. « La prochaine course, ce sont les 24 Heures du Mans, et nous n’avons pas l’expérience. C’est très important pour moi de pouvoir évaluer le potentiel de la marque » , martèle le boss. La décision de rouler aux 8 Heures de Sepang avec la Ducati a été prise tardivement. Les BMW que l’équipe ERC utilisait encore au Bol d’Or étaient déjà en Malaisie pour être mises à disposition d’une équipe de pilotes locaux. De quoi justifi er l’envoi d’un staff supplémentaire venant de l’usine. « La Panigale est une moto compliquée, et les mécaniciens de l’équipe n’avaient pas l’expérience pour gérer la moto, faute d’avoir fait des essais
avant. » Il y a encore du travail pour affi ner la moto dans sa confi guration endurance : « Les systèmes de démontage de roues avant et arrière sont développés par le team, et le réservoir d’essence n’a pas encore été mis à la capacité maximum autorisée par le règlement. Nous devons travailler. Et accumuler de l’expérience, poursuit Ciabatti. Dès les premiers tours de roues à Sepang, la moto a montré des capacités remarquables sur la piste. Mais, encore une fois, ce sont ses débuts en endurance et rien n’est encore parfaitement adapté. Comme le réservoir d’essence auquel il manque 2 litres pour atteindre les 24 litres de capacité maximum autorisés. Nous n’avons pas encore eu le temps, mais nous devrions être prêts pour le Mans. Pour l’instant, nous ne sommes qu’à 50 % du développement spécifi que à l’endurance. » Une partie du travail qui revient aux Allemands :
« Nous avons l’expérience de l’endurance, et mon entreprise est spécialisée dans la conception de robots. Nous allons gérer cette partie. » Actuellement chaussée en Pirelli, la monte de la Ducati n° 6 devrait évoluer.
LE CAS DU TROISIÈME PILOTE RESTE EN SUSPENS
Le contrat avec le fournisseur italien est terminé depuis fi n décembre, mais Uwe se fait silencieux sur la suite, ce qui pourrait satisfaire quelques pilotes, comme Randy de Puniet qui était au guidon de la Ducati lors des 8 Heures de Sepang et qui n’avait pas caché son peu d’enthousiasme à son sujet. Si Julien Da Costa et Louis Rossi sont d’ores et déjà confi rmés pour la suite, le cas du troisième pilote reste en suspens. De Puniet serait encore sur la liste mais sans que rien ne soit acté à ce jour. Reinhardt élude la question et veut se consacrer à ses objectifs : « Dans un premier temps, nous voulons sécuriser notre place dans le Top 10, voire dans le Top 5. C’est jouable. Le titre n’est pas la priorité. Gagner des courses est mon objectif. Les 24 Heures du Mans, le Bol d’Or. » Et pourquoi pas satisfaire le fantasme de l’usine Ducati qui serait de s’imposer aux constructeurs japonais sur leurs terres : « Mais aujourd’hui, pour gagner aux 8 Heures de Suzuka, il faut beaucoup d’argent pour se préparer. Et surtout, il faut avoir les pneus Bridgestone spécifi quement développés pour cette course... » , conclut Paolo Ciabatti.