GP Racing

Les enjeux 2020

Avec le duo Cluzel-Mahias, les Français ont de réelles chances de jouer le titre mondial. Mais il faudra composer avec une palanquée de pilotes qui débarquent du Moto2, mus par l’intention de se reconstrui­re une carrière.

-

Deux Français peuvent décrocher la Lune.

Respective­ment troisième et quatrième du championna­t 2019, Jules Cluzel et Lucas Mahias ont à eux deux remporté cinq courses l’an dernier. Une de plus pour

Jules mais une fi n de saison tonitruant­e pour Lucas. Cela dit, les deux Frenchies ont en commun d’avoir connu chacun une intersaiso­n 18- 19 délicate.

Jules tout d’abord. Lourdement handicapé à la cheville gauche depuis une chute à Jerez, l’Andorran d’adoption se bat depuis plusieurs années contre la douleur. L’entraîneme­nt physique devient compliqué,

plombant le moral du jeune trentenair­e. La décision est lourde à prendre mais fi nalement, Jules passe sur le billard et se fait bloquer l’articulati­on incriminée. Si le handicap est désormais irréversib­le, la douleur cesse de lui pourrir la vie. En revanche, elle implique un gros changement au niveau du pilotage : le frein arrière passe au guidon et le sélecteur de vitesse passe à droite. Si le freinage n’est pas un problème, le changement de côté du sélecteur demande un réglage mécanique mais aussi l’adaptation du pilotage. « J’avais de l’appréhensi­on avant de monter sur la moto. Et si, lors du premier jour d’essais à Jerez, je ne me suis pas senti chez moi, dès le second, j’ai retrouvé mes sensations. Dans la foulée, nous sommes allés à Portimao, et j’ai commencé à être vraiment bien. Je n’ai commis qu’une seule erreur de la saison. Le premier jour à Jerez où, en entrant dans un virage, j’ai voulu freiner et j’ai passé une vitesse. Un coup de chaud, sans plus. On a travaillé toute l’année pour améliorer le système et aujourd’hui, je n’ai jamais rien eu d’aussi agréable. J’ai passé quasiment 5 ans à galérer. À être obligé de cacher ma douleur. Ça été très compliqué. Maintenant, c’est du

bonheur. » Jules trouve donc très rapidement ses marques, au point de monter sur la deuxième marche du podium de la première course en Australie et décrocher la victoire à Buriram, deuxième rendez- vous de la saison. Le début de saison de son meilleur ennemi est beaucoup moins sable ; les deux Français n’ont pas des rapports très sereins. Écorché vif, Mahias vit mal son changement de monture. Après une saison 2018 délicate avec Yamaha, le champion du monde 2017 a décidé de quitter les Bleus pour rejoindre les Verts. Une décision qui peut paraître surprenant­e sachant que la Kawasaki, qui

« UNE DES CLÉS DU CHANGEMENT A ÉTÉ D’ARRÊTER DE PENSER À LA YAMAHA »

a connu ses heures de gloire aux mains de Kenan Sofuoglu, est aujourd’hui sur la pente descendant­e. Mais l’homme aime les défi s et décide de s’aligner avec une moto conçue en 2009, alors que la Yamaha est sortie en 2017. Ne serait- ce que par les progrès enregistré­s sur l’électroniq­ue le fossé entre les deux montures est d’importance. Au point que Lucas doit se contenter de la douzième place lors du coup d’envoi en Australie. « Je me suis dit que je ne m’en sortirai jamais tout seul et qu’il me fallait de l’aide.

J’ai demandé à Fabien Foret de venir faire du bord de piste. Mais il a tout de suite compris que le problème n’était pas là, et qu’il fallait travailler sur la gestion du stress et de l’énervement dans le box. C’est la clé du changement qui m’a fait réussir la deuxième partie de la saison. L’autre élément déterminan­t de ma progressio­n avec Fabien ? Arrêter de penser à la Yamaha... » Passé la mi- saison, à Misano, le travail porte ses fruits et le champion du monde 2017 ne descend plus du podium lors des sept dernières courses : « J’ai eu l’impression de rentrer dans une spirale positive, tout se met en place et les résultats suivent. »

« DES CHAMPIONS ÉVENTUELS, J’EN COMPTE QUINZE ! »

Mais ni l’un ni l’autre n’ont pu contrer la marche victorieus­e de Rudy Krummenach­er : « C’est un très bon pilote avec beaucoup d’expérience, il a réussi à bien gérer son coéquipier, ce qui n’était pas évident dans un team italien » , s’accordent- ils, tout en soulignant que le team a certaineme­nt trouvé le bon mode d’emploi pour la Yamaha. Et en 2020, Krummenach­er devra composer avec une nouvelle donne : la capacité de MV Agusta de lui offrir une moto capable de jouer le titre. Il faudra également prendre en compte les nouveaux venus. « En 2019, le niveau était assez relevé. Pour 2020, il n’y a, je crois, que cinq pilotes qui arrivent du Moto2. Tout le monde a un peu tendance à viser les Grands Prix, et des pilotes mettent beaucoup de pognon pour aller en Moto2 et terminer autour de la 15e place alors que les motos de Supersport sont sympas, les machines vont vite, le championna­t est relevé et c’est un milieu plus familial et chaleureux. Nombreux sont ceux qui s’en rendent compte » , assène Lucas.

Pour l’instant, les chronos des essais de Jerez et Portimao n’ont pas montré de redistribu­tion révolution­naire. Mais l’adaptation demande peut- être un peu plus de temps... À Philipp Oettl, le transfuge de Tech3 Moto 2 et nouveau coéquipier de Lucas Mahias : « Comme chaque année, je vois Jules Cluzel favori pour le titre. Il est toujours là. Mais je pense aussi que Lucas fait partie des prétendant­s.

Isaac Viñales peut également faire de grandes choses. Au fi nal, comme à chaque début de saison, les champions éventuels sont nombreux. Peut- être 15 ! »

 ??  ??
 ??  ?? Toujours en quête de son premier titre mondial, Jules Cluzel est plus que jamais en position de favori.
Toujours en quête de son premier titre mondial, Jules Cluzel est plus que jamais en position de favori.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? 1 Malgré une Kawasaki qui accuse le poids des ans, Lucas Mahias possède toujours la même combativit­é. 2 Transfuge du Moto3, Can Oncü a hâte de faire oublier sa mauvaise saison 2019. 3 Quentin Perolari sera le troisième pilote français à surveiller. 4 Phillip Oettl fait partie des pilotes venus retrouver de la motivation après des moments difficiles en Moto2. 5 Que les choses soient dites, Roberto Locatelli ne vient pas en Supersport pour faire de la figuration.
1 Malgré une Kawasaki qui accuse le poids des ans, Lucas Mahias possède toujours la même combativit­é. 2 Transfuge du Moto3, Can Oncü a hâte de faire oublier sa mauvaise saison 2019. 3 Quentin Perolari sera le troisième pilote français à surveiller. 4 Phillip Oettl fait partie des pilotes venus retrouver de la motivation après des moments difficiles en Moto2. 5 Que les choses soient dites, Roberto Locatelli ne vient pas en Supersport pour faire de la figuration.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France