GP Racing

Moto2 vs MotoGP..............

LA LUTTE DES CLASSES

- Par Michel Turco et Manuel Pecino. Photos Jean-Aignan Museau.

Les écarts sont de plus en plus importants.

Au Qatar, début mars, les équipes Moto2 ont profité de l’absence des MotoGP pour s’offrir le morceau de choix du programme d’un Grand Prix qui restera dans l’histoire. Une occasion en or pour une catégorie intermédia­ire de plus en plus éloignée des standards de la classe reine.

Critiquée à sa création en

2010, en premier lieu par les nostalgiqu­es des 250 cm3 à moteur deux- temps, la catégorie Moto2 a largement fait ses preuves depuis.

Marc Marquez, évidemment, mais aussi Stefan Bradl avant lui, Pol Espargaro, Johann Zarco, Maverick Viñales, Alex

Rins, Franco Morbidelli et plus récemment, Fabio Quartararo, Joan Mir, Francesco Bagnaia et Miguel Oliveira ont démontré au fil des ans qu’un moteur de 600 cm3 quasiment de série, installé dans un cadre prototype pouvait être un excellent outil pour se préparer au MotoGP. Sacré paradoxe quand on sait que les Moto2, désormais motorisées par le 765 cm3 trois- cylindres Triumph, sont techniquem­ent moins évoluées que les petites Moto3 développée­s par Honda et KTM. Même si depuis l’an dernier, l’électroniq­ue a un petit peu évolué avec notamment un réglage du frein moteur, la boîte de vitesses reste d’origine – sans possibilit­é d’en modifier les rapports –, ce qui contraint les pilotes à se contenter d’un choix de démultipli­cation finale pour optimiser les performanc­es de leur machine. Autant dire qu’à ce niveau- là, c’est un abysse qui sépare le Moto2 du MotoGP.

Si l’on fait la moyenne sur l’ensemble des courses du calendrier, les pole positions réalisées en MotoGP sont 5 secondes plus rapides que celles établies en Moto2. La fourchette va de 7 secondes sur le circuit d’Austin, au Texas, à 3 secondes sur celui du Sachsenrin­g, en Allemagne. Si l’on jette un oeil sur les vitesses de pointe, l’écart est en moyenne de 50 km/ h. Si l’écart de performanc­es entre les deux catégories est plus que conséquent, il en est de même pour les budgets des équipes respective­ment engagées en MotoGP et en Moto2. Et cela sans prendre en considérat­ion les structures officielle­s présentes dans la catégorie reine qui, elles, jouent humainemen­t et financière­ment dans une tout autre division. Quand un team MotoGP indépendan­t aura besoin d’une vingtaine d’acteurs ( pilotes, technicien­s, mécanicien­s, attachés de presse, coordinate­urs, managers...), une équipe Moto2 fonctionne­ra sans problème avec une douzaine de personnes. Les pilotes ne pouvant utiliser qu’une seule moto, le personnel n’a pas besoin d’être aussi étoffé qu’en MotoGP. Parlons argent maintenant. En MotoGP, les équipes louent leurs motos. Pour un pilote, il faut compter généraleme­nt 2,3 millions d’euros. Plus, quand on travaille avec Honda car toutes les pièces

de remplaceme­nt en cas de chute sont facturées, ce qui n’est pas le cas chez Yamaha. En Moto2, le matériel acheté chez Kalex pour un pilote coûtera 120 000 €, le moteur étant fourni et prêté par le promoteur du championna­t. Même si on peut doubler ce tarif en comptant les pièces détachées pour la saison, l’écart entre les deux catégories reste énorme. Ajoutons à cela les salaires des technicien­s et des pilotes et le gouffre se creuse encore plus. Une équipe MotoGP indépendan­te peut débourser 500 000 € pour s’offrir un pilote capable d’entrer dans le Top 10, alors qu’en Moto2, de nombreux protagonis­tes apportent des budgets pour trouver un guidon. L’écart de salaires du côté des technicien­s est estimé à 40 % par Aspar Martinez qui, depuis l’an dernier, a renoncé à la catégorie reine. Bien sûr, toutes les équipes ne sont pas logées à la même enseigne. En Moto2, le team

Marc VDS est certaineme­nt celui qui vit avec le budget le plus confortabl­e. Il est estimé à 3 millions d’euros. Une équipe indépendan­te MotoGP qui fait attention à tout et voyage en classe éco dépensera a minima entre 9 et 10 millions, soit quatre fois plus. En revanche, le soutien financier du promoteur du championna­t favorise largement les équipes de la classe reine. Grâce notamment aux droits TV, Dorna Sports compense près de 50 % du budget des équipes indépendan­tes, soit le tarif de location de leurs motos. Les primes allouées aux teams de la catégorie intermédia­ire ne couvrent pour leur part qu’entre 10 et 12 % de leur budget de fonctionne­ment. Entre le MotoGP et le Moto2, c’est le jour et la nuit, et pas seulement en termes de performanc­es.

 ??  ?? Deux références dans leur catégorie respective : le team Yamaha Factory MotoGP, à gauche, l’équipe Moto2 Marc VDS à droite.
Deux références dans leur catégorie respective : le team Yamaha Factory MotoGP, à gauche, l’équipe Moto2 Marc VDS à droite.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France