GP Racing

OJ : 20 ans déjà ! ..................

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Retour sur le parcours et le titre 250 d’Olivier Jacque.

Le 20 octobre 2000, sur le circuit de Phillip Island, Olivier Jacque remporte le titre de champion du monde 250 en s’imposant devant son coéquipier, Shinya Nakano, à la sortie du dernier virage du Grand Prix d’Australie.

Une saison historique pour le pilote français et le team Tech3.

Hervé Poncharal n’a rien oublié de son premier entretien avec Olivier Jacque. C’était à la fin de l’année 1994. Vice- champion d’Europe mais sans guidon pour donner suite à sa carrière, le Lorrain se pensait sans avenir. « Il est descendu à Bormes avec son père, se souvient le patron du team

Tech3. Il m’a demandé de l’aider à devenir champion du monde, m’a expliqué qu’il pouvait trouver un petit budget... Avec sa houppette à la Tintin et sa tête de chenapan, il n’a pas mis longtemps à me convaincre. »

Ainsi a démarré l’une des plus belles histoires du sport moto français. En novembre 1994, le team Tech3 vient de son côté d’achever l’année la plus difficile de sa courte carrière, Frédéric Protat et Noël Ferro n’ayant pas inscrit le moindre point en Grands Prix.

Par miracle, Hervé Poncharal va arracher un budget chez Elf et Phillip Morris pour faire rouler, la saison suivante, une 250 NSR aux mains de Jean- Philippe Ruggia. Mais où trouver le complément pour aligner Olivier Jacque aux côtés du Toulonnais ? « On a gratté les fonds de tiroir, raconte Hervé. On a convaincu Honda France de nous laisser le kit qui nous avait été alloué pour Protat, et Olivier a dormi toute la saison avec nous dans le camion. » Et surtout, Guy Coulon a fait des miracles en préparant pour l’espoir tricolore une 250 RS aux petits oignons. Colonne de direction réglable, boîte à air, monobras... Avec cette moto, l’ex- coéquipier de Régis Laconi au sein de l’Équipe de

France de vitesse va décrocher le titre de meilleur débutant de la saison 1995, terminant 10e du championna­t du monde 250 après avoir marqué des points lors de 9 des 13 Grands Prix au programme. Ajoutons qu’Olivier se sera aussi permis cette annéelà de s’intercaler plus d’une fois dans le peloton des motos d’usine. Ses débuts tonitruant­s lui valent logiquemen­t d’obtenir pour la saison suivante une Honda d’usine identique à celle de Jean- Philippe Ruggia, également reconduit chez Tech3 après sa cinquième place au classement général.

UNE 1RE SAISON IDYLLIQUE, UNE 2E CAUCHEMARD­ESQUE

La saison 1996 débute sous les meilleurs auspices pour OJ. Quatrième de la première course en Malaisie, il monte sur son premier podium en Allemagne et décroche sa première victoire au Brésil. Troisième du championna­t derrière Biaggi et Waldmann, le Français devient le favori du championna­t 1997. Malheureus­ement, autant sa première saison avec la NSR avait bien débuté, autant la deuxième va tourner au cauchemar. S’il monte sur le podium de la première course à Shah Alam, Olivier se fracture une clavicule la semaine suivante lors du warm up du Grand Prix du Japon. La suite sera du même acabit. Problème de pneu en Espagne, casse moteur sur le circuit Paul- Ricard et une nouvelle chute à Assen qui lui coûte de précieux points. Le pilote Tech3 doit finalement se contenter de la quatrième place au classement général. Avec le passage de Biaggi et de Waldmann en 500, la saison 1998 semble à nouveau promise au Français. Malheureus­ement, cette année- là, les Japonais passent à côté en voulant révolution­ner leur NSR avec un moteur porteur, un double vilebrequi­n et des radiateurs latéraux. Dominé par les

Aprilia de Capirossi, de Rossi et Harada, le pilote Tech3 finit par se blesser en refusant l’évidence. Il se retrouve également devancé par Ukawa en fin d’année. C’est durant cette saison 1998 qu’Hervé Poncharal négocie avec Yamaha le contrat liant

Tech3 au constructe­ur japonais, désireux de retrouver la catégorie 250. « Quand on a commencé à discuter, ils ne voulaient pas que Nakano fasse équipe avec Jacque, se souvient le patron de l’équipe varoise.

J’ai vraiment dû insister pour que ce tandem voie le jour. » Et bien évidemment, personne chez Yamaha ne l’a regretté. Pour Olivier, les débuts avec la 250 Yamaha ne sont pourtant pas évidents. Le Français souffre toujours de son pied droit, fracturé en Italie un an et demi plus tôt, et il a du mal à retrouver ses sensations. Et voilà qu’il se blesse à nouveau à Jerez, traînant la patte durant de longues semaines. Pendant ce temps, Shinya Nakano découvre les circuits du championna­t du monde en enchaînant les performanc­es de haut vol. Olivier doit, lui, attendre la fin de la saison et le dernier Grand Prix en Argentine pour décrocher son premier

succès avec la 250 YZR. Quoi qu’il en soit, désormais remis en selle, le voilà prêt à aller conquérir le titre de champion du monde.

« IL Y A UNE RIVALITÉ

ENTRE LES DEUX ÉQUIPES »

C’est très exactement un an plus tard, sur le circuit de Phillip Island que tout va se jouer entre les deux pilotes Yamaha Tech3. Alors qu’ils ont pris l’ascendant sur les Honda de Kato et Ukawa et l’Aprilia de Melandri, Jacque et Nakano débarquent en Australie pour la finale du championna­t du monde 250 aux deux premières places du classement général en étant séparés de deux petits points seulement. Après le Grand Prix du Pacifique organisé à Motegi qui a vu Shinya reprendre sept points à son coéquipier, les deux hommes ont préparé ce dernier rendez- vous chacun à leur manière. Le Japonais est resté chez lui en famille, alors que le Français est parti en virée avec son équipe sur la côte australien­ne. À leur arrivée à Phillip Island, les deux candidats au titre mondial continuent à jouer en solo. Le Japonais s’installe à l’hôtel, le Français prend, lui, ses quartiers dans la maison louée pour les membres du team Tech3.

Une différence de traitement qui ne pose de problème à personne. « Durant la saison européenne, Shinya est plus souvent avec nous, explique alors Hervé Poncharal. Ils n’ont pas le même caractère, Shinya aime bien rester seul alors qu’Olivier a toujours besoin de compagnie. » La première journée d’essais se déroule dans des conditions difficiles. Comme souvent à Phillip Island en octobre, il y a du vent et il fait froid. Sur la grille de départ, c’est finalement Nakano

qui devance Jacque de cinq dixièmes de seconde. Quand les mécanicien­s du Japonais se congratule­nt au retour de leur pilote, la tension monte d’un cran dans le garage varois. « Il y a une rivalité entre les deux équipes, constate Hervé Poncharal. C’est inévitable. Mais j’ai demandé à tout le monde de ne pas se vanner car on allait travailler

ensemble l’an prochain. » À quelques heures du dénouement de cette incroyable saison pour l’équipe Tech3, le boss briefe ses deux

pilotes. « Je leur ai dit de faire une course propre car nous travaillon­s avant tout pour Yamaha, et il est hors de question d’offrir le titre à Katoh. » Difficile de toute façon de faire des plans. « Si Shinya part devant, Olivier aura du mal à lui barrer la route du titre, poursuit Poncharal. En revanche, s’il reste à son contact, son goût de la bagarre

risque de faire la différence. » Le patron du team Tech3 ne croit pas alors si bien dire. Calé dans la roue arrière de son coéquipier, Olivier Jacque va patiemment attendre la sortie du dernier virage pour déborder Shinya Nakano et passer la ligne

d’arrivée avec 142 millièmes d’avance. « Je savais que c’était ma seule chance de le doubler, raconte le Français. J’étais un peu plus rapide que lui à cet endroit. Lorsque j’ai vu que ma roue avant coupait la ligne avant la sienne, j’ai

explosé de joie. » De ce jour de gloire, OJ a conservé la Une de L’Équipe du 30 octobre 2000, et la 250 YZR avec laquelle il a gagné cet historique Grand Prix d’Australie. Elle trône aujourd’hui dans sa maison varoise et ressort de temps à autre pour une exposition ou quelques tours d’exhibition. Pour le reste, la moto est depuis longtemps sortie de la vie de celui qui a marqué toute une époque. Et offert au team Tech3 son seul et unique titre de champion du monde.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? 1 Un podium historique au Grand Prix d’Australie 2000. Olivier Jacque s’impose devant Shinya Nakano et Daijiro Katoh pour décrocher le titre de champion du monde 250. Les deux pilotes Tech3 auront dominé les débats de bout en bout de la saison. 2 2000, ce sera aussi le dernier titre de Yamaha dans la classe intermédia­ire. 3 Passé en 500, Olivier aura plus de mal.
1 Un podium historique au Grand Prix d’Australie 2000. Olivier Jacque s’impose devant Shinya Nakano et Daijiro Katoh pour décrocher le titre de champion du monde 250. Les deux pilotes Tech3 auront dominé les débats de bout en bout de la saison. 2 2000, ce sera aussi le dernier titre de Yamaha dans la classe intermédia­ire. 3 Passé en 500, Olivier aura plus de mal.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France