NI LA PREMIÈRE, NI LA DERNIÈRE FOIS...
Ça n’est pas la première fois que le calendrier des Grands Prix est ainsi chamboulé. Que ce soit des problèmes politiques, des perturbations climatiques, des drames ou des grèves de pilotes, nombreuses sont les saisons à avoir vu leur calendrier chahuté. En voici quelques-unes...
1972, Grand Prix d’Ulster
Les vives tensions religieuses entre protestants et catholiques entraînent l’annulation du Grand Prix d’Ulster organisé sur le circuit de Belfast, en Irlande du Nord.
1973, Grand Prix des Nations
Alors que le départ de la course des 250 vient d’être donné sur le circuit de Monza, une chute collective impliquant une quinzaine de pilotes dans la « Curva Grande » cause la mort de Jarno Saarinen et Renzo Pasolini. Le paddock est sous le choc, la course des 500 annulée. La disparition de ces deux icônes du Continental Circus aidera les pilotes à prendre conscience de la nécessité d’améliorer la sécurité sur de nombreux circuits.
1974, GP de l’Allemagne de l’Ouest
Fin avril, dans la région de l’Eifel, le printemps se fait tirer l’oreille. Lorsque la caravane du Continental Circus débarque sur le circuit du Nürburgring, le thermomètre avoisine le zéro degré. Avec 22 kilomètres cernés d’arbres et de rails, le tracé allemand n’offre aucun droit à l’erreur. Les pilotes demandent des bottes de paille supplémentaires que l’organisateur n’est pas en mesure de fournir. Emmenés par Angel Nieto, Phil Read et Giacomo Agostini, une majorité de pilotes refusent de courir. Seuls les Allemands acceptent de prendre le départ. Furieux, Angel Nieto s’en prend physiquement à l’un d’eux. Il est embarqué par la police.
1979, Grand Prix de Belgique
Cette année- là, le circuit de Spa- Francorchamps est réduit de 14 à 7 km. Le travail n’est achevé que quelques jours avant le Grand Prix de Belgique. De l’huile remonte au travers de l’asphalte, transformant une partie de la piste en patinoire. Cette fois, c’est Kenny Roberts qui mène la fronde. Barry Sheene, Willy Hartog et Virginio Ferrari lui emboîtent le pas. Pour eux, pas question de courir. Un bon nombre de pilotes quittent ainsi le circuit dès le vendredi soir. Le lendemain, des spectateurs décident d’incendier des bottes de paille, ce qui nécessite l’intervention de la police. Pour essayer de calmer le mécontentement du public, l’organisateur s’emploie à convaincre les pilotes encore présents de prendre le départ. Les Néerlandais Jack Middelburg et Boet Van Dulmen sont sur le point d’accepter quand des supporters de Willy Hartog les menacent de jeter des bouteilles de bière sur la piste. La course est finalement annulée mais la FIM décide de suspendre Roberts et Ferrari en tant qu’instigateurs de la grève. Cette course sera le départ d’un véritable bras de fer entre des pilotes qui n’ont plus envie de servir de vaches à lait et une fédération internationale archaïque et sclérosée. Un bras de fer qui conduira à la modernisation des GP.
1980, Grand Prix du Venezuela
Organisé à Caracas, sur le circuit de San Carlos, le Grand Prix du Venezuela doit ouvrir la saison. Il n’aura jamais lieu. Annulée en raison de la situation politique du pays, l’épreuve ne sera ni reportée, ni déplacée sur un autre circuit. Cela aurait dû être le quatrième Grand Prix du Venezuela de l’histoire des championnats du monde de vitesse. On l’attend encore.
1980, Grand Prix d’Autriche
Suite à l’annulation du Venezuela, c’est le Grand Prix d’Autriche qui doit donner le coup d’envoi du championnat. Manque de bol, la neige recouvre le circuit de Salzburg en ce mois d’avril 1980. Ce sera finalement le Grand Prix des Nations, organisé à Misano, qui lancera la saison au mois de mai.
1980, Grand Prix de Suède
Troisième épreuve inscrite au calendrier, le Grand Prix de Suède est à son tour annulé. Les pilotes s’opposent aux organisateurs
au sujet du montant de leurs primes d’arrivée, ainsi qu’à celui des conditions de sécurité du circuit d’Anderstop. En 1980, le championnat du monde se limitera à huit épreuves.
1982, Grand Prix de France
Pour la première ( et dernière) fois de son histoire, le circuit de Nogaro accueille le Grand Prix de France. Dès la première séance d’essais, les têtes d’affiche montent au créneau. Les installations obsolètes, mais surtout l’état de la piste, extrêmement bosselée, alimentent leur colère. Finalement, ce sont les pilotes français qui vont casser la grève pour prendre le départ d’une épreuve aux airs de mascarade. En l’absence des ténors, Jean- Louis Tournadre remportera sa seule victoire en Grands Prix 250 – et le titre mondial en fin de saison –, tout comme le Suisse Michel Frutschi, en 500. Cette même année, le Grand Prix de Finlande est annulé après le décès du side- cariste Jock Taylor. Il faudra attendre 2020 pour revoir la Finlande au calendrier des championnats du monde de vitesse.
1991, Grand Prix du Brésil
Prévu début septembre à Goiana, le GP du Brésil doit être annulé pour des raisons de sécurité. L’épreuve est finalement déplacée dans la Sarthe, où elle prend le label de Grand Prix de vitesse du Mans. Il ne servira qu’une seule fois. Quatorzième et avant- dernier Grand Prix de la saison, mais aussi seconde épreuve organisée cette annéelà en France après celle qui s’est tenue en juillet au Castellet, elle est remportée en 500 par Kevin Schwantz. Le pilote Suzuki s’impose le 8 septembre devant Mick Doohan et Wayne Rainey, alors en route vers son deuxième titre de champion du monde. Cette même année, le Grand Prix de Yougoslavie prévu à Rijeka est remplacé, pour des raisons politiques, par un Grand Prix d’Europe à Jarama.
2009, Grand Prix du Qatar
Pour sa 2e édition en nocturne, le Grand Prix du Qatar boit la tasse. Il pleut ce dimanche soir sur le circuit de Losail. Et l’eau qui brille dans la lumière des projecteurs éblouit les pilotes. Résultat, la course est reportée de 24 heures, une première dans l’histoire des championnats du monde de vitesse. Casey Stoner et sa Ducati s’imposent ainsi un lundi soir, sans témoins ou presque, devant les Yamaha de Valentino Rossi et de Jorge Lorenzo.
2010, Grand Prix du Japon
Cette année- là, ce sont les cendres du volcan islandais Eyjafjöll qui, en perturbant le trafic aérien, entraînent le report du Grand Prix du Japon prévu à Motegi d’avril à octobre. L’année suivante, cette même épreuve sera de nouveau reportée en fin de saison à cause du tsunami ayant entraîné l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima.
2011, Grand Prix de Malaisie
Le 23 octobre 2011, quelques instants après le départ du Grand Prix de Malaisie MotoGP, Marco Simoncelli part à la faute. Valentino Rossi qui le suit de près ne peut l’éviter. La course s’arrête. Elle ne repartira pas. La mort du pilote Honda reste l’un des drames les plus marquants de l’histoire contemporaine des Grands Prix.
2018, GP de Grande-Bretagne
La pluie vient à bout du GP de Grande- Bretagne. À cause d’une piste mal drainée, l’épreuve organisée à Silverstone doit en effet être annulée. La veille, lors de la dernière séance d’essais libre, plusieurs pilotes sont partis à la faute à cause de flaques d’eau qui ont du mal à s’évacuer. Tito Rabat a ainsi été grièvement blessé par la moto de Franco Morbidelli qui l’a percuté alors qu’il venait de se relever. Pour éviter un nouveau drame, le départ de la course ne sera jamais donné.